Au lieu d’une enquête non-politisée et d’analyses de laboratoire, l’enquête de l’ONU sur les prétendues attaques au gaz innervant à l’intérieur de la Syrie a été dirigée par le professeur Ake Sellstrom, un homme secret qui entoure d’un voile de mystère ses recherches et ses relations politico-militaires.
Le rapport Sellstrom pour l’ONU concernant la Syrie et le résultat de ses inspections précédentes en Irak sont douteux, c’est le moins qu’on puisse dire. Pour l’homme du commun, son apparente objectivité et neutralité sont basées sur le mythe de la neutralité de la Suède. L’opinion publique pense – à tort – que la Suède ne prend jamais parti dans les guerres ou les conflits géopolitiques.
Une neutralité frauduleuse
Ce vernis cosmétique de la neutralité suédoise a été habilement exploité par Israël et l’OTAN pour perpétuer des faux dans toutes les missions de Sellstrom pour l’ONU, incluant la négation comme cause du « syndrome de la guerre du Golfe » de l’utilisation d’armes chimiques et biologiques et l’envoi par bateau d’armes chimiques des États-Unis au régime de Saddam Hussein.
Les équipes d’inspection Hans Blix-Ake Sellstrom en Irak n’ont pas enquêté sur les bombardements aériens américains de bunkers contenant des armes spéciales lors de l’invasion US.
Sellstrom n’a jamais non plus tenté d’enquêter sur les cannettes de 20 pieds de long de gaz innervant VX produits par les États-Unis découvertes sur la base aérienne de Balad par les Gardes Nationaux américains. Sa mission n’était pas de prouver la culpabilité irakienne mais de couvrir celle de Washington pour avoir fourni des tonnes de gaz innervant à Bagdad. Sauver des responsables politiques tels Donald Rumsfeld de la disgrâce et d’accusations de trahison est beaucoup plus important pour le pouvoir impérial que de révéler les faits du théâtre de la guerre.
La critique pointue des inspections de l’ONU en Irak a été faite par l’inspecteur américain Scott Ritter, qui a accusé l’équipe d’espionner pour le compte de Washington et de l’OTAN. La même question se pose sur le rapport de Sellstrom sur la Syrie. Sellstrom agit-il pour le compte de Washington et Tel Aviv ?
Sellstrom au service de l’OTAN
Ce qui est connu publiquement de Sellstrom, c’est que le biochimiste dirige le Centre européen CBRNE [1], à l’Université d’Umea dans le nord de la Suède, qui est sponsorisée par le ministre de la Défense suédois (FOI). Bien que n’étant pas un membre de l’OTAN, l’armée suédoise et la police ont des rôles importants dans les affaires de sécurité de l’Europe comme concepteurs du plan d’action répressif de l’UE de 2009 basé sur le programme de contre-terrorisme de Stockholm.
Les projets de recherche multidisciplinaires du CBRNE sont principalement financés par le budget de l’UE pour la guerre contre le terrorisme. Ces projets comprennent : stratégie de défense contre des attaques terroristes de grande ampleur (noter le terme « relativement de grande ampleur » dans son rapport qui vient juste d’être publié sur la Syrie ) ; recommandations pour des réponses médicales d’urgence de l’UE, et formation spéciale à Umea pour des experts, dont des officiers militaires rattachés à l’OTAN.
Le complexe militaro-industriel de la Suède, qui inclut Saab et Bofors, est tout sauf pacifique et neutre. La prétendue neutralité du royaume bénéficie le plus aux intérêts israéliens, qui ont exploité l’image propre de la Suède pour biaiser la politique internationale contre les Palestiniens et les États arabes comme démontré dans les accords d’Oslo à moitié manipulés.
Infiltration israélienne de la Scandinavie
L’université d’Umea est profondément impliquée dans la recherche conjointe avec le Technion (Israel Institute of Technology), l’université basée à Haïfa qui fournit à l’armée israélienne et à ses services secrets sa technologie de pointe. Plusieurs départements impliqués dans des recherches conjointes avec Israël participent à des études multidisciplinaires au centre CBRNE de Sellstrom. Cela inclut le département informatique, qui a coopéré avec le Technion sur des systèmes de contrôle depuis 2004, la faculté de médecine et de chimie, son propre domaine de recherche.
La coopération israélo-suédoise en matière de recherche est sous tutelle de l’Académie royale des sciences suédoises, qui fournit des bourses et des prix afin de lier ensemble les industries et universités des deux pays. Cette année, l’État d’Israël sponsorise le programme « Start Tel Aviv » pour étendre les liens culturels dans sa campagne incessante pour subvertir la Scandinavie. L’agenda politique et les liens militaires derrière la coopération bilatérale ont suscité un boycott anti-Israël chez des universitaires de conscience suédois.
Aucune crédibilité sur la Syrie
Le terme « attaque avec des armes chimiques » de « relativement grande ampleur » utilisée dans l’introduction du rapport de l’ONU sur la Syrie est une hyperbole, car toute attaque importante au gaz sarin aurait provoqué des dizaines de milliers de morts surtout si il avait été dispersé par des roquettes. Les premières vidéos de Ghouta montrent des habitants sortant précipitamment de leurs maisons dans la rue pour tenter de respirer de l’air frais. Si effectivement des roquettes de haut niveau d’efficacité avaient été employées, chacun d’eux aurait été tué instantanément. Le gazage par conséquent a du être causé par une émanation accidentelle à l’intérieur probablement d’un arsenal dissimulé des rebelles.
Les résidus chimiques des prétendues roquettes auraient été oxydés par la chaleur de l’impact et des traces intactes d’organo-phosphates ne seraient certainement pas détectables, car le sarin est conçu pour se décomposer après vingt minutes. Les roquettes sont conçues de sorte qu’elles utilisent un système binaire de façon à ce que deux précurseurs chimiques soient mélangés lors de la dispersion aérienne. Par conséquent il n’y a pas besoin de stabilisant ou de dispersant, donc une absence de tout identifiant chimique. Les inspecteurs de l’ONU sont arrivés bien après la période d’expiration pour les prélèvements d’échantillons. Il est aussi possible que les sites et les morceaux de roquettes aient pus être manipulés avec des fausses preuves par les rebelles et leurs conseillers militaires étrangers.
Les chiffres des victimes sont invérifiables et les vidéos publiées ne montrent à l’évidence pas plus d’une douzaine de corps. Les scènes d’enfants emmaillotés sont typiques de la propagande de guerre, certainement pas convaincantes alors qu’on ne voit que quelques visages. L’effet total de ces images est plus proche du théâtre que d’un reportage crédible.
La stratégie de Sellstrom est de monter du doigt pour l’accuser le régime syrien tout en évitant toute possibilité d’alternative et de scénarios plus probables.
Agenda caché
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Samentha Power a dit clairement que « le gaz innervant utilisé en Syrie était plus concentré que le gaz innervant en Irak ». Sa déclaration devrait être retranscrite comme suit : « Saddam Hussein a transféré du gaz innervant fourni par les US en Syrie mais ce n’est pas notre gaz innervant qui a été utilisé contre des civils syriens. »
C’est le point essentiel du rapport Sellstrom : écarter toute responsabilité de Washington comme principal fournisseur de composants du gaz innervant, de systèmes de stockage et d’épandage au Moyen-Orient, incluant Israël, l’Égypte, la Libye, l’Irak et très probablement la Syrie (lors de l’époque Clinton comme geste de bonne volonté).
Le rapport de l’ONU sur les armes chimiques en Syrie manque d’un minimum de crédibilité à cause des antécédents douteux de son inspecteur en chef, Ake Sellstrom, qui est politiquement et financièrement compromis à tous les niveaux. Une mission impartiale pour découvrir la vérité d’experts internationaux crédibles est nécessaire mais elle n’aura aucune chance de mener une enquête juste tant que Washington fournit des armes et un soutien politique à l’insurrection, dont Al Qaeda.
L’objectif géopolitique sous-jacent des gesticulations de la Maison Blanche concernant la Syrie est d’enlever à Damas sa capacité limitée de dissuasion contre les armes nucléaires israéliennes. Le gaz innervant n’est peut être pas une contre-attaque de poids face à des têtes nucléaires, mais il semble que le but d’Israël est la suprématie stratégique absolue contre les États arabes et l’Iran. Avec le nouveau rapport de l’ONU sur la Syrie, Tel Aviv se rapproche d’un pas de géant de son rêve de désarmer ses voisins et les diviser.
Yoichi Shimatsu
Source : Global Research, 18/09/2013
Traduction : Mireille Delamarre