L’on se doutait déjà que Téhéran avait l’intention de bloquer le stratégique détroit d’Ormuz au cas où des frappes aériennes viseraient les installations de son programme nucléaire controversé. Mais pas seulement.
En effet, le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi, a menacé d’avoir recours à cette option si jamais les exportations pétrolières iraniennes font l’objet de sanctions de la part de la communauté internationale, lesquelles pourraient prises afin de forcer Téhéran à coopérer sur ses activités nucléaires.
« Si on devait adopter des sanctions contre (les exportations) de pétrole iranien, aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d’Ormuz », a ainsi déclaré, le 27 décembre, Mohammad Reza Rahimi. « Nous n’avons aucune envie d’hostilités ou de violence (mais) les ennemis renonceront à leurs complots seulement le jour où nous les remettrons à leur place », a-t-il ajouté.
La possibilité de sanctionner l’Iran via un embargo sur ses exportations de pétrole est notamment défendue par la France et l’Allemagne. Seulement, cette idée ne fait pas consensus parmi les Etats membres de l’Union européenne, dont certains sont d’importants clients de Téhéran, comme l’Italie, qui consomme 180.000 barils de brut iranien par jour, ou encore l’Espagne (160.000 barils) et la Grèce (100.000 barils).
Quoi qu’il en soit, la menace brandie par Mohammad Reza Rahimi ne semble pas dissuader Catherine Ashton, la responsable de la diplomatie de l’UE. Cette dernière a fait savoir qu’il n’est pas question de renoncer à de nouvelles sanctions contre l’Iran, lesquelles pourraient être décidées le 30 janvier prochain, à l’issue d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères.
De leur côté, les Iraniens affirment qui leur serait « très facile » de bloquer le détroit d’Ormuz. « C’est comme boire un verre d’eau » a déclaré l’amiral Habibollah Sayyari, le commandant de la marine iranienne. « Tout le monde sait combien le détroit est important et stratégique, et il est complètement sous le contrôle de la République islamique d’Iran » a-t-il ajouté, ce 28 décembre. « Aujourd’hui nous n’avons pas besoin de (fermer, ndlr) le détroit car nous contrôlons la mer d’Oman et nous pouvons contrôler le transit », a-t-il conclu.
Long de 63 km pour 40 km de large, le détroit d’Ormuz voit passer quotidiennement 17,4 millions de barils de brut, soit 33,1 du commerce mondial de pétrole. Sa fermeture causerait un choc pétrolier dont l’économie des pays occidentaux se passerait bien. Les monarchies du golfe Persique seraient également affectées étant donné qu’elles auraient des difficultés pour exporter leur production d’or noir.