Le gouvernement islandais envisage de retirer des banques la création monétaire pour la confier à la seule banque centrale de l’île. Dans un rapport de 113 pages commandé par le Premier ministre islandais, intitulé « A better monetary system for Iceland » (« Un meilleur système monétaire pour l’Islande » – voir ci-dessous), Frosti Sigurjonsson recommande au Framsóknarflokkurinn (Parti progressiste) au pouvoir de confier entièrement la création de l’argent à la banque centrale, avant de remettre cette prérogative au Parlement.
L’Islande veut ainsi mettre fin à un système qui s’est caractérisé par une série de crises, y compris la crise financière de 2008, qui a mis le pays en quasi-faillite.
Si ce plan est approuvé par le parlement islandais, il changera totalement la donne et apportera un changement radical dans l’histoire de la finance moderne.
On peut donc supposer que les banques commerciales du monde occidental doivent suivre cette initiative beaucoup d’attention, et d’inquiétude, dans la mesure où il vise à les déposséder d’un certain pouvoir.
Selon l’étude, à laquelle ont participé quatre banquiers centraux, l’île a connu plus de 20 crises financières de divers types depuis 1875, avec six crises graves qui se produisent environ tous les 15 ans. Sigurjonsson précise que ces passages de crise surviennent à des moments bien déterminés : « Le problème survient à chaque fois à partir d’une bulle de crédit pendant un cycle économique fort. »
Selon Sigurjonsson, les banques centrales n’ont pas le pouvoir de restreindre cet emballement du crédit, ce qui fait grimper l’inflation, favorise les prises de risque excessives et la spéculation, fragilise les banques et mène à des interventions coûteuses de l’État.
En Islande, comme dans les autres pays développés, la banque centrale contrôle l’émission des pièces et des billets, mais ce n’est pas elle qui est à l’origine de la création de la plus grande partie de la masse monétaire (« M1 »). Celle-ci provient des lignes de crédit que les banques octroient à leurs clients. La seule possibilité de la banque centrale, c’est de tenter d’influencer le rythme de cette création monétaire au travers de sa politique monétaire.
Le rapport indique ainsi que les banques commerciales en Islande ont créé environ 91 % de l’argent en circulation, comparativement à 9 % pour la banque centrale islandaise.
En vertu de la proposition nommée « Sovereign Money » (« Argent souverain »), la banque centrale islandaise deviendrait la seule instance ayant le pouvoir de créer de l’argent.
« De façon essentielle, le pouvoir de création de la monnaie est isolé du pouvoir de décider comment cet argent sera utilisé », a écrit Sigurjonsson dans sa proposition. « Comme pour le budget de l’État, le Parlement débattra sur la proposition du gouvernement concernant la répartition de la monnaie nouvellement créée. »
Les banques poursuivraient leurs activités de gestionnaires des comptes et des transferts bancaires et elles agiraient comme des intermédiaires entre les prêteurs et les emprunteurs en matière de crédit.
Frosti Sigurjonsson est un homme d’affaires et économiste, et il est l’un des cerveaux à l’origine du programme d’allégement de la dette pour les nombreux ménages islandais qui se sont retrouvés en 2014 en situation de surendettement à la suite de la crise de 2008.
La réforme monétaire de l’Islande :