L’UMP a annoncé mercredi, par la voix de son secrétaire général Jean-François Copé, qu’elle allait exclure le député du Nord Christian Vanneste pour ses "propos profondément choquants et intolérables" remettant en question la déportation d’homosexuels français pendant la Seconde Guerre mondiale.
Précisant que ces déclarations, faites sur une vidéo diffusée le 10 février sur le site Liberté Politique, ont été condamnées "à l’unanimité" par le bureau politique de l’UMP, M. Copé a indiqué lors d’un point de presse que l’exclusion du député serait à l’ordre du jour de la prochaine réunion de l’instance dirigeante du parti présidentiel, le 22 février.
A cette occasion, M. Vanneste, qui est membre de la Droite populaire, courant de l’aile droite de l’UMP, devrait également se voir privé de son investiture pour les élections législatives, un autre candidat héritant de sa circonscription.
Invité mercredi soir de TF1, Nicolas Sarkozy a lui aussi condamné "ce type de propos", en marge de sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle. "J’aimerais tellement que dans la vie politique, à gauche comme à droite, on arrête avec ces propos blessants", a dit le chef de l’Etat, ajoutant que "tout ce qui de près ou de loin peut paraître comme de l’homophobie, je l’ai en horreur".
Porte-parole du gouvernement, la ministre du Budget Valérie Pécresse s’est, elle, félicitée, lors de son compte-rendu du conseil des ministres, de la rapidité de réaction de l’UMP et a qualifié d’"exemplaires" les sanctions prises à l’encontre de M. Vanneste.
Interrogé sur Europe-1, ce dernier a dit faire l’objet de pressions du "lobby gay" et a assuré qu’il condamnait "évidemment fermement la déportation des homosexuels".
Quant à la décision de ses pairs de l’UMP, il a dit "en avoir assez de leurs manières de parler d’exclusion à tout propos, sans jamais engager de dialogue pour essayer de comprendre ce que j’ai dit".
Dans la vidéo au coeur de la polémique, M. Vanneste réagit aux sondages montrant qu’une majorité de Français sont favorables au mariage homosexuel en y voyant une manipulation. "L’homosexualité (...) est au coeur du pouvoir", affirme-t-il. "Les homosexuels sont surreprésentés dans le monde médiatique, ce qui leur permet de faire progresser leurs idées avec un art consommé de la déformation systématique des faits."
Qualifiant l’homosexualité de "refus de l’autre", il cite à titre d’exemple "la fameuse légende de la déportation des homosexuels".
"En Allemagne, il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30.000 déportés. Il n’y en a pas eu ailleurs", poursuit-il, assurant qu’"en dehors des trois départements annexés, il n’y a pas eu de déportation homosexuelle en France".
GayLib, association de défense des homosexuels associée à l’UMP, a immédiatement dénoncé le "dérapage" du "multirécidiviste" Christian Vanneste, qui avait déjà été poursuivi en 2006 et 2007 pour des propos homophobes avant de voir sa condamnation annulée par la Cour de cassation.
"Vanneste est allé beaucoup trop loin (...) ses propos vont bien au-delà de la négation de la déportation", a réagi Emmanuel Blanc, le président de GayLib, sur Europe-1. "Il parle des homosexuels comme on parlait des juifs dans les années 30, il parle d’une espèce de lobby qui infiltrerait les médias (...) cela n’a pas de place à l’UMP, ce ne sont pas nos valeurs."
Parmi les autres personnalités de l’UMP ayant condamné les propos de Christian Vanneste, le secrétaire d’Etat au Logement Benoist Apparu a estimé, au sortir du bureau politique de l’UMP, que le député du Nord avait "franchi une ligne qui est clairement rouge". A ses yeux, "ce n’est plus de l’homophobie à ce moment-là, c’est une forme de négationnisme".
Son collègue des Transports Thierry Mariani, chef de file de la Droite populaire, s’est clairement désolidarisé de l’élu du Nord, affirmant dans un communiqué ne pouvoir se "résoudre à le laisser continuer à s’engager, s’agissant de la question de l’homosexualité et des homosexuels, sur le terrain de la provocation permanente et, désormais, sur celui du négationnisme".
Même prise de distance des autres députés de la Droite populaire, qui, dans une déclaration, estiment que les propos de M. Vanneste "n’engagent que lui et en aucun cas le collectif".
Louis Aliot, vice-président du Front national, a lui-même jugé excessifs les propos du député UMP, l’invitant sur France-2 à relire "un peu ses livres d’histoire".
A gauche, la condamnation est évidemment unanime. Pour Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste, "ce sont une fois de plus des affirmations abjectes, marquées par une homophobie insupportable, qui excluent définitivement M. Vanneste du cercle des élus républicains".
Le Parti communiste français dénonce quant à lui des "propos inqualifiables et indignes d’un élu de la République", tandis qu’Eva Joly, candidate d’Europe Ecologie-Les Verts à l’élection présidentielle, y voit "un nouvel outrage inacceptable fait à l’histoire" de la part d’un élu "coutumier des dérapages homophobes".
Evoquant une "nouvelle étape dans la surenchère extrémiste", Yann Wehrling, porte-parole du candidat centriste François Bayrou, juge pour sa part que "la responsabilité de ce climat délétère est à rechercher dans les propos du président de la République lui-même, dans son interview du Figaro Magazine". En effet, écrit-il dans un communiqué, "sa mise à l’index des homosexuels libère les paroles et ceci a de quoi inquiéter tous les démocrates et humanistes de ce pays".
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