Les temps changent… À une époque, avec les engagements en Irak et en Afghanistan, l’US Army craignait de ne pas atteindre ses objectifs en matière de recrutement. Désormais, il lui faudra gérer une déflation massive de ses effectifs, selon l’orientation qui lui sera donnée par l’admnistration Obama, plus précisément par Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense.
Ainsi, le patron du Pentagone doit annoncer, ce 24 février, un plan d’économies drastiques pour les forces armées américaines. Et, à ce titre, l’US Army s’attendrait à perdre 10% de ses effectifs et ne compterait plus que 450 000 voire 440 000 hommes, selon les informations du New York Times. Elle retrouverait le format qui était le sien à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale… À condition que le Congrès approuve ce plan, ce qui est loin d’être gagné… (moins d’effectifs veut dire moins de bases…)
En janvier dernier, le lieutenant-général James O. Barclay III, responsable du bureau G-8 de l’US Army, c’est à dire un organisme chargé de faire correspondre les ressources disponibles avec la stratégie et les plans des forces terrestres américaines, avait parlé d’un seuil de 420 000 hommes à l’horizon 2019.
"Nous sommes sur une trajectoire descendante et les fonds dont on est disposé à nous donner permettraient de financer une armée de 420 000 personnels d’ici 2019", avait-il affirmé, lors d’un colloque. Ce qui ne veut pas dire que ce format sera forcément atteint, avait-il dit. Car "même à 450 000 hommes, il y a un risque élevé pour que nous puissions mener l’ensemble des missions et des tâches qui nous sont données", avait-il aussi fait valoir.
L’idée de l’administration Obama est de "pousser énergiquement les militaires hors de la logique de guerre adoptée après les attentats terroristes de 2001". Mais avec un tel niveau d’effectifs, l’US Army ne serait plus en mesure de mener deux engagements de front, comme elle était supposée le faire au cours de la guerre froide, c’est à dire en Europe et en Asie.
Quant à l’US Navy, elle devrait garder ses 11 porte-avions (elle n’en a que 10 actuellement) et serait autoriseé à acquérir 2 destroyers et 2 sous-marins d’attaque chaque année mais devra réduire le nombre de ses croiseurs. Enfin, l’aviation américaine aura à se passer de l’avion d’attaque au sol A-10 (c’est ce qu’elle souhaite depuis longemps de toute façon) mais se verra imposer le drone Global Hawk, dont elle ne veut pas, aux dépens du légendaire U2 Dragon Lady.
Cette orientation est cependant conforme à ce qu’avait annoncé le président Obama en janvier 2012, même si elle va encore plus loin dans la déflation des effectifs des forces terrestres. Il ne sera ainsi plus question, pour les États-Unis, d’effectuer des opérations de contre-insurrection, coûteuses financièrement et humainement, l’objectif étant désormais de pouvoir mener une guerre à un endroit et contenir un adversaire dans une autre.
Seulement, on ne choisit pas toujours ses guerres… Selon les responsables militaires interrogés anonymement par le New York Times, ces coupes budgétaires "vont créer un plus grand risque pour les forces armées si elles sont de nouveau condamnées à effectuer deux opérations militaires de grande envergure simultanément. Le succès (si succès il y a) prendrait plus de temps à venir et il y aurait un plus grand nombre de victimes." En outre, une armée plus petite "pourrait exciter l’aventurisme d’adversaires potentiels".
Quoi qu’il en soit, avec un budget annuel de 496 milliards de dollars pour les 5 prochaines années, les forces américaines resteront bien dotées. "Nous allons encore avoir une armée très importante", a commenté un responsable. "Elle sera agile, capable, moderne et ses personnels seront bien formés", a-t-il ajouté. Et, comme en France, où l’on entend le même discours depuis 2008, "l’argent économisé par la réduction des effectifs" sera réinvesti dans la formation et l’équipement.
La Cyberdéfense sera épargnée par les coupes, de même que les forces spéciales. Encore que, pour ces dernières, leur budget sera gelé. En 2013, le montant de ce dernier est d’environ 10,5 milliards de dollars, soit un niveau 5 fois plus élevé qu’avant le 11 septembre 2001, pour un effectif de 63 000 hommes, selon les chiffres donnés par le Center for Strategic and Budgetary Assessment.