Hier, l’agence de notation Standard and Poors (S&P) a menacé de dégrader les notes de plusieurs pays européens, et en particulier de faire perdre leur note AAA à la France, mais aussi à l’Allemagne.
Les dégradations seraient d’un cran pour la Belgique, l’Autriche, la Finlande, l’Allemagne, les Pays Bas et le Luxembourg, et de deux crans pour l’Estonie, la France, l’Irlande, l’Italie, Malte, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie et l’Espagne.
Chypre serait maintenue en perspective négative ; quant à la Grèce, l’agence a affirmé que son cas n’avait pas été examiné. Une baisse de la note des agences de notation conduit souvent à un surenchérissement des taux d’intérêt que les Etats doivent payer aux investisseurs pour leurs emprunts.
La dégradation de la note de l’Allemagne et de la France, les deux plus grosses économies de la zone euro, constituerait également une possible remise en question de leur capacité à porter secours aux autres. Ces deux pays sont en effet les garants du fonctionnement du FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière).
S’ils perdent leur note triple A, cela signifie que le FESF ne pourrait lui-même obtenir cette note, et que ses emprunts sur le marché financier ne pourraient pas être faits à aussi bon compte, ce qui compromettrait grandement son intérêt.
La Chancelière Angela Merkel, et le président français Nicolas Sarkozy, qui se sont rencontrés hier, ont adressé un communiqué pour indiquer qu’ils avaient pris note de la décision de S&P, mais que les deux pays étaient de plus en plus convaincus que c’était l’amélioration de la coordination fiscale au sein de l’UE qui allait permettre de "renforcer la coordination du budget et de la politique économique, tout en favorisant la stabilité et la croissance".
Les deux dirigeants ont convenu de la nécessité de signer un « nouveau traité » au sein de l’Union Européenne, qui prévoirait l’application de sanctions automatique en cas de dépassement du déficit de la limite de 3% du PIB. L’adoption par chaque pays d’une « règle d’or » de l’équilibre budgétaire pour chaque pays serait également incluse dans ce traité, avec la possibilité pour la Cour de justice européenne d’en vérifier la « conformité ».
En outre, les deux dirigeants se sont mis d’accord pour le lancement du FESF pour 2012, au lieu de 2013. Ils ont prévu que les décisions prises pour la gestion du FESF le seraient à la majorité qualifiée, plutôt qu’à l’unanimité.
Ils ont également rejeté la possibilité de l’émission d’euro-obligations, mais sans préciser s’ils estimaient que la BCE devait intervenir dans la crise actuelle. Pour les analystes, cependant, écarter les euro-obligations, c’est transférer la responsabilité de résoudre la crise de la zone euro sur les épaules de la BCE.