Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a annoncé samedi à l’AFP avoir saisi jeudi le Conseil supérieur de l’audiovisuel après un sketch de l’humoriste Nicolas Canteloup sur Europe 1 « tournant en dérision les victimes du génocide au Rwanda ».
Dans ce sketch diffusé en direct mercredi, Nicolas Canteloup imitant l’animateur Julien Courbet s’adressait à un certain M. Hutu qui avait un « conflit de voisinage » avec M. Tutsi, lequel était quelque peu « contrarié » : « Vous avez découpé, macheté et carpaccioté sa famille, alors qu’apparemment il n’en avait pas exprimé le désir. »
Le Cran ajoute que, « loin de s’excuser », le « pseudo-humoriste » Nicolas Canteloup « en a rajouté une couche » deux jours plus tard en adressant au Cran des excuses factices, car « c’est la nouvelle règle de l’humour en 2014 : on fait une vanne et on doit s’excuser. Une vanne, une excuse, une vanne, une excuse, une vanne, une excuse. »
Une délégation du Cran a rendez-vous le 14 février avec le président du CSA Olivier Schrameck. « La station soutient Nicolas Canteloup. C’est de l’humour, l’humour est subjectif et nous sommes à l’aise avec cela », a déclaré un porte-parole d’Europe 1, interrogé par l’AFP. « Nous sommes désolés si cela a blessé le Cran, a-t-il ajouté, Denis Olivennes (PDG de la station) a d’ailleurs proposé un rendez-vous au président du Cran ». « Nous sommes à l’aise, car par ailleurs nous avons aussi consacré du temps d’antenne pour dénoncer le génocide rwandais, notamment via un débat sur ce sujet animé par Nicolas Poincaré », a conclu le porte-parole d’Europe 1.
Le CSA avait adressé fin janvier une mise en demeure à Canal+ pour un sketch parodique sur le génocide au Rwanda datant de décembre 2013, qui, selon lui, portait atteinte à la dignité des victimes, malgré son intention humoristique. Fin décembre 2013, Canal+ avait dit « regretter » l’interprétation de ce sketch, qui avait beaucoup choqué et fait l’objet d’une pétition sur Internet.
Un des personnages de ce sketch de Canal+ chantait « Maman est en haut, coupée en morceaux, Papa est en bas, il lui manque les bras », une « référence explicite, sur le mode de la dérision, à des corps de victimes décédées et de survivants mutilés », selon le CSA.
À propos du Rwanda, sur E&R : « Témoignage clé sur le Rwanda : qui a déclenché le génocide ? »