L’armée allemande doit pouvoir intervenir à l’étranger même si la sécurité nationale n’est pas en jeu, pour préserver l’influence allemande, a déclaré jeudi le ministre de la Défense, Thomas de Maizière.
Nous voulons garder notre influence dans le monde et pour cela nous devons, quand c’est nécessaire, quand nous le jugeons juste, pas par contrainte, mais parce que nous le voulons, prendre des responsabilités internationales, a déclaré le ministre sur la radio publique Deutschlandfunk.
Nous devons aussi nous poser la question (de participer à des opérations internationales) même si les intérêts allemands ne sont pas immédiatement en jeu, a-t-il ajouté.
M. de Maizière a présenté mercredi un projet de réforme de l’armée allemande, qui vise à réduire le nombre de soldats de 220.000 à 185.000 et qui réorganise la chaîne de commandement.
Dans le cadre de cette réforme, le gouvernement prévoit d’accroître à 10.000 le nombre de soldats prêts à assumer des missions à l’étranger, contre 7.000 actuellement, en Afghanistan, au Kosovo, etc.
Cette redéfinition des missions de l’armée allemande a toutefois suscité une grande méfiance, dans un pays pacifiste et majoritairement hostile à l’intervention en Afghanistan, par exemple.
Le Parlement va devoir en débattre, pour voir si cette proposition est conforme à la Constitution, a ainsi déclaré à la radio publique bavaroise Ulrich Kirsch, président du Syndicat des forces armées.
La Loi fondamentale (Constitution) allemande stipule dans son article 87 que les forces armées sont constituées pour défendre l’Allemagne.
Le chef des députés Verts, Jürgen Trittin, a averti qu’il ne faudrait pas en arriver (à une situation où) les militaires protègeraient des intérêts économiques, dans un entretien au journal Berliner Zeitung.
Toutefois, dans la pratique, la Bundeswehr est présente au Liban, en Afghanistan, en Bosnie et au Kosovo dans le cadre de mandats internationaux. De Maizière ne fait que mettre noir sur blanc ce qui est déjà la réalité quotidienne des soldats allemands, a ajouté M. Trittin.
Le 31 mai 2010, le Président de la république Horst Köhler avait démissionné à la suite d’une vive polémique née de ses propos qui semblaient lier intervention militaire en Afghanistan et défense des intérêts économiques.