L’école de Chicago est un ensemble d’universités qui symbolise la pensée américaine en matière économique. Think tank des Rockefeller, elle est l’instrument des politiques impérialistes des États-Unis de par les démonstrations de la supériorité du libre-échange et de la dérégulation financière.
Milton Friedman, conseiller de Reagan et de Pinochet, fut l’un de ses meilleurs protagonistes. En matière de libéralisme, ces deux écoles se distinguent par l’appréhension de la monnaie et de sa création.
Pour les Autrichiens, la cause des dérèglements économiques (inflation, chômage, endettement) ne trouve sa source que dans la création artificielle de monnaie. La monnaie ne peut être créée artificiellement, comme aujourd’hui, sans étalon-or ou par la méthode des réserves fractionnaires. C’est une épargne qui n’existe pas. Cela entraîne forcément de l’inflation puisque ce n’est pas un simple transfert d’épargne.
Les monétaristes (Friedman) postulent que tout accroissement de la production doit être suivi d’un accroissement de la production de monnaie. Ils accordent alors des crédits et prétendent que cette monnaie sera détruite lors du remboursement, mais elle a été utilisée pour l’achat de machines et le paiement de salaires alors que le projet n’est pas forcément rentable. Si c’est le cas, c’est de l’inflation pure, si le projet s’avère rentable, c’est alors une croissance inflationniste.
Pour les Autrichiens, la banque centrale est un fléau monétaire, et une concurrence entre les monnaies sur un même territoire s’avère tout à fait normale pour garantir la qualité de la monnaie. Les citoyens utiliseront la monnaie la plus sûre comme une monnaie métallique en or à grand pouvoir d’achat. Ils ne remettent pas en cause le libre-échange, qui est une vertu pour le bien-être de la société, mais l’escroquerie de la banque et en particulier de la banque centrale. Aucun citoyen ne peut contrôler l’émission de monnaie fiduciaire (billet de banque).
La différence entre ces deux écoles se situe ici ; elle est fondamentale. L’inflation engendrée organise un endettement plus important, car l’épargne accumulée n’est pas suffisante pour suivre l’augmentation des prix, ce qui oblige un citoyen à contracter un crédit pour l’achat d’un appartement par exemple. Cela limite l’entrepreneuriat, donc la création d’emplois, car les coûts d’acquisition du capital sont plus importants.
Ce think tank qu’est l’école de Chicago possède une grande hégémonie dans la sphère universitaire, politique et médiatique. Il permet la coercition des acteurs si les sophismes ne suffisent pas. La sur-représentation de cette école dans l’attribution des prix Nobel d’économie en est un symbole. Si les États n’adoptent pas cette logique économique, refusant ainsi le dollar, l’armée américaine est là pour faire la différence.
Le keynésianisme n’a pas été, contrairement à ce que l’on peut croire, l’outil majeur des Trente Glorieuses. La logique de déficit et donc d’endettement à l’échelle nationale puis à l’échelle internationale par le biais de banquiers internationaux n’a pas été le cœur de la politique gaullienne. L’équilibre des comptes publics restait un objectif et l’endettement une perte d’indépendance nationale au profit à terme de l’étranger. Keynes ne s’attaquait pas à la banque centrale par sa politique monétaire et budgétaire, faisant le bonheur des créanciers internationaux.