Le chef du Quai d’Orsay, Jean-Marc Ayrault, entame aujourd’hui une visite officielle de 48 heures à Beyrouth, la première d’un ministre français des Affaires étrangères au Liban depuis environ quatre ans. Un programme chargé attend M. Ayrault, qui aura une série d’entretiens avec les responsables officiels, ainsi qu’avec le patriarche maronite, Béchara Raï, et les principaux chefs de file politiques du pays.
À la veille de son départ pour Beyrouth, le chef de la diplomatie française a reçu à son bureau du Quai d’Orsay notre correspondant à Paris, Élie Masboungi, pour une interview qui a porté principalement sur l’impasse institutionnelle libanaise et les conséquences sur le pays du Cèdre de la guerre en Syrie.
Soulignant que les questions vitales qui se posent au Liban ainsi que les divers aspects de la crise libanaise intéressent au plus haut point la France, M. Ayrault a notamment mis l’accent sur la double dimension, interne et externe, de la crise politique et institutionnelle actuelle. Il a indiqué dans ce cadre qu’au plan interne, il appartient aux Libanais de trouver un terrain d’entente, précisant que la France n’a pas à s’immiscer dans les choix qui doivent être faits. Son rôle est de faciliter le dialogue à partir des choix exprimés par les Libanais eux-mêmes. La France, a déclaré M. Ayrault, souhaite œuvrer avec tous les Libanais en vue du règlement de la crise afin que le Liban retrouve un fonctionnement normal de ses institutions, car il n’existe pas de fatalité à tous ces blocages.
Daech et le régime syrien
Réaffirmant le soutien ferme et constant de la France au Liban au niveau des instances internationales, le ministre a souligné que ce soutien se concrétisera incessamment sur les plans politique, économique, humanitaire et militaire. Sur ce dernier volet, et en réponse à une question sur le gel du « Donas » (le don saoudien de trois milliards de dollars destiné à équiper l’armée libanaise), M. Ayrault a déclaré : « Nous espérons qu’une fois la crise politique résolue et les conditions réunies, les livraisons de matériels du Donas à destination du Liban pourront reprendre. »
Au plan régional, M. Ayrault a souligné que la France n’a pas de relation avec le régime de Damas, ce dernier multipliant « les violations de la trêve, les entraves à l’accès humanitaire et ne montrant aucune ouverture dans le cadre de négociations politiques à Genève ». Le ministre français tient à relever dans ce cadre que, sur le terrain, les opérations du régime syrien continuent de cibler pour l’essentiel l’opposition modérée et les civils, au lieu de se concentrer sur Daech ou le Front al-Nosra. « Nous considérons que le régime syrien et Daech sont, dans cette crise dramatique, des alliés objectifs », a déclaré M. Ayrault.