La dénonciation de l’instauration de la laïcité en France, suite à la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, s’incarnait dans des critiques bien antérieures à celles qui secouent la société française aujourd’hui. Au début du XXème siècle, il n’est pas encore question de voile, de burqa ou de burkini. Le débat entre les partisans et les ennemis de la laïcité se déroulait sur un tout autre terrain : celui de la monopolisation de l’enseignement par l’État franc-maçon.
Osons affirmer que c’est effectivement là que se déroule le vrai combat sur la question de la laïcité, de ses motivations et ses conséquences. Ramener le problème de la laïcité au port du voile à l’université ou du burkini sur la plage, c’est faire le jeu de l’État, c’est cristalliser les esprits sur une incompatibilité entre islam et république française alors qu’il y a plutôt incompatibilité entre laïcité judéo-maçonne et France helléno-chrétienne.
Voici ce qu’écrivait l’association ouvrière du Chardon bleu de Marseille en 1912 [1] :
« Aux Travailleurs,
Aux pères de famille !
Le monopole de l’enseignement, la tyrannie de l’État, c’est-à-dire la tyrannie maçonnique substituée à la liberté de l’enseignement, voilà vers quel but nous acheminent patiemment les louches conspirateurs des Loges.
La loi de 1882 obligeait les pères de famille à donner à leurs enfants un minimum d’instruction, mais ils restaient libres de le faire donner avec les maîtres et les livres qui leur convenaient. De par la loi, nous allons être obligés d’accepter les dogmes décrétés par les maîtres du jour. Ces maîtres sont, aujourd’hui, Dessoye, Bouffandeau et Steeg ; ils pourront être demain Gustave Hervé et Jaurès.
Suppression de la responsabilité paternelle ou maternelle ; l’âme de l’enfant définitivement volée à la famille par les salariés de l’État ; défense à un père de se préoccuper de savoir quelle est l’éducation qui est donnée à son fils, et si elle est mauvaise, dangereuse, démoralisatrice, contraire à tout ce qu’il croit et respecte, obligation pour lui de se taire, s’il ne veut point se voir traîner devant des juges forcés d’obéir.
Désormais il faut, ainsi qu’en a décidé la franc-maçonnerie, que l’enfant n’appartienne plus à ses parents, il faut qu’il devienne la chose de l’État. Les francs-maçons ont conquis le pouvoir ; ils sont nos maîtres ; cela ne leur suffit pas encore. Ils veulent devenir aussi les maîtres des générations à venir, et c’est pour cela qu’ils forgent dans leurs Loges des projets de loi liberticides.
Ils croient être suffisamment les maîtres du pays pour pouvoir employer impunément la violence. Le régime de la force va être inauguré contre les pères de famille qui se permettraient de blâmer les violations de la neutralité scolaire commises par des instituteurs sectaires ou avides d’avancement. Cet odieux projet de loi contre les pères de famille est la première étape vers le complet asservissement intellectuel de la France au profit de la contre-église occulte qu’est la franc-maçonnerie, qui prétend instaurer sa tyrannie sur les ruines de toutes nos libertés.
Nous ne le souffrirons pas ; nous ne nous soumettrons jamais à une loi qui nous priverait d’un de nos droits les plus sacrés. Nos enfants sont à nous et non à la franc-maçonnerie. Nous avons sur nos enfants des droits naturels, donc sacrés, et, par conséquent inaliénables et imprescriptibles, parce qu’ils sont “antérieurs et supérieurs” à la formation de la collectivité dont nous faisons partie. Dans tous les temps et sous toutes les latitudes, les hommes et même les animaux nourrissent, protègent et enseignent leurs petits jusqu’au moment où ceux-ci ont grandi en force physique et en sagesse pour se défendre contre les ennemis innombrables qui les guettent.
L’œuvre de protection et d’éducation des enfants par les parents est un devoir naturel. De l’accomplissement de ce devoir par le père et la mère découle l’étroite dépendance de l’enfant vis-à-vis d’eux. L’enfant dépend des parents et leur appartient comme l’arbre appartient à ses racines et en dépend. La liberté d’instruire nos enfants de la manière qui nous convient est un droit que nous ne tenons pas de tel ou tel gouvernement, c’est un droit antérieur à toute constitution politique, c’est un droit naturel, un droit sacré.
Et si la société nous refuse le droit de soustraire des enfants à un enseignement que nous jugeons néfaste, nous sommes autorisés à user de cet autre droit : la résistance à l’oppression. Jamais les pères de famille ne livreront l’âme de leurs enfants à la franc-maçonnerie, qui est l’auteur véritable du projet de loi contre les consciences. Ils sauront défendre jusqu’au bout leurs droits et la liberté de leurs enfants.
Travailleur ! Père de famille ! Quand donc cesseras-tu d’être dupe des hypocrites enfants de la Veuve ? Jamais ils n’ont rien fait pour améliorer ton sort, pour te soulager dans tes souffrances, pour te rendre heureux : tout ce qu’ils ont fait a tourné contre toi pour te rendre plus malheureux à tous les points de vue. En prétendant éteindre les lumières du ciel, ne font-ils pas l’impossible pour l’enlever, pour détruire en toi, jusqu’à la suprême et consolante espérance en un monde meilleur ?
Que les francs-maçons et leurs amis y prennent garde. Dans les combats entre la tyrannie et la liberté, c’est toujours celle-ci qui a triomphé. La force matérielle ne primera jamais les droits intangibles de la conscience. Ne laissons pas cambrioler la conscience de nos enfants. Travailleurs, pères de famille, sachons faire respecter la liberté qui nous est la plus chère, celle de l’enseignement.
À bas le monopole de l’enseignement par l’État. »
104 ans ont passé, et rien n’a changé. Le prolétariat catholique avait pourtant ouvert la voie et désigné clairement l’ennemi.
Le ministre actuel de l’Éducation s’inscrit dans la droite ligne de tous ses prédécesseurs : parents, veuillez laisser à l’État le soin d’instruire votre enfant. L’État saura en faire un citoyen modèle et intégré dans la République. Faites-lui confiance.
Il lui apprendra la Théorie du genre, lui donnera des cours d’éducation sexuelle dès l’école primaire et formera des générations incapables d’écrire correctement ou de poser une division. Il instaurera l’apprentissage de l’arabe pour « mieux vivre ensemble », et renforcera la surveillance des écoles hors contrat qui, en échappant au monopole de l’État, sont susceptibles de former de futurs terroristes en graine.
Et les écoles juives qui dispensent un enseignement talmudique parfaitement en accord avec les valeurs françaises, dites-nous, Mme Vallaud-Belkacem, grand ministre décoré par la franc-maçonnerie [2] : seront-elles aussi concernées par le flicage étatique ?