Quand les insurgés ont mis en fuite les occupants étrangers le 7 aout 1819 à Boyaca, cela marqua la date culminante de la Colombie. Le 3 Novembre 1903, quand les troupes des Etats-Unis ont envahi le Panama, et le 30 Octobre 2009, quand Uribe a signé la convention en vertu de laquelle les Etats-Unis envahissent le reste de la Colombie, cela dénote ses pires abimes. Sondons leur profondeur. Un envahisseur narcotraficant lutte contre le narcotrafic Le paragraphe 1 de l’article III de cette convention, qui prétend que l’installation de bases se fait « conformément aux accords bilatéraux et multilatéraux auxquels la Colombie et les Etats-Unis sont sujets, en particulier ceux qui sont en rapport à la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme et sujets à l’ordre juridique de chacune des deux parties » est ridicule. C’est pour cela que des troupes des Etats-Unis occupent la Colombie, mais pas même un soldat colombien n’occupe les Etats-Unis, la plus grande puissance terroriste, trafiquante et consommatrice de drogues de la planète.
L’envahisseur en termine avec l’égalité souveraine, l’intégralité territoriale et la non-intervention Le paragraphe 4 de l’article III de cette convention, qui dispose qu’il devra s’accomplir « de façon à ce que soient respectés les principes d’égalité de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires internes des autres Etats » est insolent. Tout ces principes sont violés quand un Etat en occupe un autre, déclarant ses troupes immunisés face aux lois du pays envahi, créant dans ce pays un réseau de communications autonomes, assujettissant le territoire de ce pays à un contrôle militaire, et menant à bien tout type d’opérations belliqueuses dans ce pays et contre les Etats limitrophes.
Des envahisseurs dotés de l’immunité diplomatique Le paragraphe 1 de l’article VIII précise que « la Colombie donnera au personnel des Etats-Unis et aux personnes en charge, les privilèges, exemptions et immunités qui sont données au personnel administratif et technique d’une mission diplomatique, comme indiqué dans la Convention de Vienne. » Mais, la Convention de Vienne se réfère spécifiquement au personnel administratif et technique de missions diplomatiques, et c’est une violation que de prétendre donner ces privilèges, exemptions et immunités à du personnel qui n’exerce pas de fonctions diplomatiques, mais militaires, et qui, selon l’article XV de la convention, porte des uniformes militaires et des armes.
Des envahisseurs suspectés d’activité criminelle Au cas où il y avait encore des doutes, le paragraphe 3 de l’article VIII précise que « la Colombie garantie que ses autorités vérifieront, dans les plus brefs délais, le statut d’immunité du personnel des Etats-Unis et de leurs personnes à charge qui seraient suspectés d’activité criminelle en Colombie, et qu’elles les rendront aux autorités appropriées, diplomatiques ou militaires, des Etats-Unis, le plus rapidement possible ». Cette norme confirme que l’on cherche à garantir l’impunité pour les militaires étasuniens « suspectés d’une activité criminelle en Colombie ». Ce privilège viole l’égalité face à la Loi présente dans l’article 13 de la Constitution de ce pays, ainsi que la souveraineté de juridiction de ses tribunaux en les empêchant de pouvoir décider d’ « une activité criminelle en Colombie » et elle est à l’origine des délits commis par les envahisseurs. Mais il ne confère pas d’impunité similaire pour les militaires colombiens qui commettraient des délits aux Etats-Unis.
L’envahisseur emploie les envahis comme gestionnaires Selon l’article XIII, la Colombie assume le coût des services publiques requis par les envahisseurs, et selon l’article XIV « les Etats-Unis, le personnel des Etats-Unis, les sous-traitants des Etats-Unis et les employés des sous-traitants des Etats-Unis qui réalisent des activités dans le cadre du présent accord, recevront toute la collaboration nécessaire des autorités colombiennes pour les démarches, sans retard, et les processus administratifs ». Nous avons donc l’Etat de notre République Sœur qui est converti en gestionnaire des démarches administratives des forces d’occupation. De plus, dans l’article XX, il donne le droit aux Etats-Unis de créer un nouveau système de communication par radio et télévision « sans démarche ni concession de licence et sans aucun coût. » L’envahisseur s’pproprie l’appareil de communication Selon l’article XX, les Etats Unis peuvent créer leur propre système de communication en Colombie « sans démarche ni concession de licence et sans aucun coût. » Ainsi, « ils pourront mettre en place des stations satellitaires réceptrices pour la diffusion de radio et de télévision ». Donc, la Colombie cède son droit sur le spectre radioélectrique et les télécommunications, sur son territoire, et autorise les envahisseurs à créer un système de communication parallèle.
L’envahisseur ne paie pas d’impots Selon le paragraphe 1 de l’article X, « la Colombie exonère les Etats Unis, et les sous-traitants des Etats-Unis, sauf les citoyens colombiens et les étrangers ayant une résidence permanente en Colombie, de tout les droits de douane, taxes, impôts et autres contributions qu’ils devraient payer en Colombie, pour l’importation, acquisition et utilisation de biens en Colombie, et sur les fonds qui sont utilisés en Colombie pour les activités effectuées en conformité avec le présent Accord. » Cette clause annihile la souveraineté tributaire de la Colombie, qui consiste en le droit inaliénable d’établir et de recevoir des impôts pour les activités économiques réalisées sur son propre territoire. Il faut signaler, honteusement, que l’infâme Traité contre la Double Imposition entre les Etats-Unis et le Venezuela dispose d‘ une clause similaire, d’abdication du pouvoir du Venezuela de recevoir des impôts des entreprises et citoyens étasuniens qui réalisent une activité économique dans notre pays. Sommes-nous donc un pays occupé ? Ou les Etats-Unis nous imposent-ils leur volonté sans avoir besoin de nous envahir ?
L’envahisseur n’est pas soumis aux tribunaux
Selon l’article XXIV, s’il y a des désaccords sur l’application de la convention « les controverses ne seront soumises à aucune cour ou tribunal national ou international, ni à aucun organisme similaire, ni à des tierces parties, pour leur résolution, sauf en cas d’accord mutuel entre les parties. » A travers cet article, la Colombie renonce à son droit souverain de résoudre avec ses propres tribunaux les controverses sur les contrats d’intérêt public. Rappelons qu’une sentence du Tribunal Suprême du Venezuela annule la souveraineté juridictionnelle de notre pays en soutenant que les controverses sur nos contrats d’intérêt public peuvent être décidés par des tribunaux ou des organismes d’arbitrage étrangers, comme cela se passe dans le cas de EXXON. Sommes-nous donc un pays occupé ?
Ou certaines autorités nous considèrent comme un pays occupé ? Décidons-le.