Le 3 septembre 2017, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé à son sixième essai nucléaire : le Maréchal Kim Jong-un cité par la télévision nord-coréenne, qui le montre diriger cet essai, en a revendiqué la « réussite totale ». Selon les autorités de la RPDC, « les scientifiques du domaine nucléaire de la République populaire démocratique de Corée ont conduit avec succès l’essai d’une bombe H » dans la partie nord du pays à 12 h heure locale (3h30 heure GMT). Les Américains et leurs alliés n’avaient pas encore confirmé s’il s’agissait selon eux d’une bombe à hydrogène, alors qu’a été détectée une secousse tellurique environ dix fois plus puissante que lors des précédents essais nucléaires nord-coréens.
L’essai nucléaire a été effectué par le site de Punggye-ri, au nord-est du pays. Il a généré un séisme d’une puissance correspondant à une magnitude estimée entre 6,1 (selon les autorités géologiques chinoises) et 6,3 (selon leurs homologues américains) sur l’échelle de Richter.
Quelques heures après l’essai, la télévision centrale nord-coréenne a déclaré qu’il s’agissait d’une bombe thermonucléaire à deux étages pouvant être installée sur un missile intercontinental – comme ceux de type Hwasong-14, testés les 4 et 28 juillet 2017. Des images ont montré le Maréchal Kim Jong-un inspecter un composant nucléaire de type nouveau, ressemblant à une bombe thermonucléaire de type Teller-Ulam présentant deux protubérances pouvant correspondre à deux étages (l’un pour la fission, en partie haute ou primaire, l’autre pour la fusion, en partie basse ou secondaire : l’explosion de la bombe à fission entraîne le déclenchement de la fusion).
Selon le dirigeant nord-coréen cité par l’agence nationale KCNA, « tous les composants de cette bombe H ont été fabriqués à 100 % nationalement » : il s’agit d’« une bombe thermonucléaire d’une très grande puissance fabriquée par nos efforts et notre technologie ».
Les experts militaires occidentaux avaient contesté les déclarations nord-coréennes selon lesquelles le quatrième essai nucléaire nord-coréen, et le premier revendiqué comme étant celui d’une bombe H, effectué le 6 janvier 2016, était celui d’une bombe thermonucléaire. Des analyses indépendantes de celles effectuées par la RPDC avaient cependant montré l’utilisation de matériaux, comme le lithium 6, pouvant être utilisés dans une bombe H, après les quatrième et cinquième essais nucléaires de la RPDC, les 6 janvier et 9 septembre 2016. Les recherches avaient été effectuées à partir de prélèvements de radionucléides libérés dans l’atmosphère par l’explosion, mais comme l’observe Ankit Panda pour The Diplomat « la Corée du Nord jusqu’à ce jour a connu des succès remarquables pour réduire le vent » généré par ses essais nucléaires pour opérer de tels prélèvements.
En tout état de cause, la bombe montrée ce 3 septembre 2017 a une apparence très différente de celle dévoilée par les Nord-Coréens en février 2016, après l’essai nucléaire du mois précédent, et son explosion a entraîné un séisme d’une puissance nettement accrue. Selon Lassina Zerbo, secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires cité par Le Monde, « si cet événement venait à se confirmer comme étant un test nucléaire, cela voudrait indiquer que le programme nucléaire nord-coréen progresse très rapidement ».
La stratégie américaine de l’administration Obama, poursuivie et amplifiée par l’administration Trump à l’origine du plus sévère régime de sanctions jamais imposé, le 5 août 2017, à la RPD de Corée, consiste à empêcher la poursuite des programmes nucléaire et balistique nord-coréens et à contraindre la RPDC à revenir à la table des négociations pour acter l’abandon de ces programmes. Cette politique a clairement échoué en refusant de prendre en compte les attentes nord-coréennes en termes de sécurité nationale, au regard des progrès accomplis par la RPDC. L’approche américaine est ainsi de plus en plus ouvertement remise en cause par la Chine – qui a « fermement condamné » l’essai nucléaire de la Corée du Nord, en l’appelant à se conformer à ses obligations résultant des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies – et la Russie. Dans un mouvement de surenchère par rapport à l’administration Trump, l’administration du Sud-Coréen Moon Jae-in, par la voie de son conseiller Chung Eui-yong, a déclaré qu’il fallait renforcer les sanctions contre la Corée du Nord afin de « l’isoler complètement » – rompant ainsi avec ses précédentes déclarations appelant à la relance du dialogue intercoréen, auxquelles Pyongyang n’avait pas donné suite en estimant qu’elles manquaient de sincérité.
L’annonce de l’essai par la télévision nord-coréenne :