Réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, destruction de la Libye de Kadhafi, tentative d’entrée en guerre contre la Syrie de Bachar al-Assad, mise à disposition du commandement étasunien du porte-avion Charles De Gaulle : l’allégeance française aux États-Unis « impressionne au Pentagone », à en croire la très officielle Agence France-Presse, qui se réjouissait le 19 mars dernier dans son édition anglophone que « la France remplace le Royaume-Uni comme allié militaire principal des États-Unis »...
Extrait :
« La France a joué des coude pour devenir le partenaire clef européen de l’armée américaine à la place de la Grande-Bretagne. Les liens croissants entre les deux armées ont été mis en évidence ce mois-ci lorsque le plus haut gradé français, le général Pierre de Villiers, a accueilli son homologue américain, le général Martin Dempsey, à bord du porte-avions de la France, le Charles de Gaulle. Le fleuron français, qui est arrivé dans le Golfe en février pour participer à des frappes aériennes sous commandement américain sur le groupe État islamique, opère sous commandement américain – une première pour les forces navales françaises. Au cours de la mission du transporteur, des avions de combat US F-18 ont atterri sur le pont du De Gaulle et les Rafale français ont visité les navires américains. Sur le pont du bâtiment, l’aigreur qui a affecté les relations américano-françaises il y a 12 ans lors de l’invasion américaine de l’Irak ne semblait plus qu’un lointain souvenir. »
Comment en est-on arrivé là ? Le véritable tournant a été la décision prise en 2009 par Nicolas Sarkozy de rejoindre la structure de commandement intégré de l’OTAN. Dès 2011, la France a joué le premier rôle dans l’agression otanienne de la Libye, puis s’est ensuite engagée de plus en plus en Afrique (Serval au Mali, Sangaris en République centrafricaine). Si elle a agi en son nom, la France, par ces opérations, a « fait impression au Pentagone » selon l’AFP, qui souligne que les OPEX françaises coïncident « avec la prise de conscience par l’administration Obama que les États-Unis ne peuvent pas toujours être en tête et veulent des alliés pour l’aider à partager le fardeau ». L’Agence France-Presse note également que sur le dossier du nucléaire iranien, l’hostilité de la position française vis-à-vis de la République islamique va même au-delà de celle de Washington...
Interrogé par l’AFP, Chris Chivvis, un des principaux analystes de la RAND Corporation et ancien haut fonctionnaire du Pentagone, déclare :
« Dans les deux dernières années et demie, voire plus, il y a eu une tendance croissante vers la recherche d’une coopération avec les États-Unis. »
Ce niveau d’intégration, continue Chris Chivvis, « a atteint aujourd’hui son apogée ». Et l’ancien du Pentagone de considérer même comme relativement « belliciste » la ligne suivie sous Nicolas Sarkozy et François Hollande confondus.
Si la « relation spéciale » que le Royaume-Uni entretient avec les États-Unis ne s’est nullement érodée, il est apparu qu’en 2013 seule la France a soutenu, aux côtés de Washington, une action militaire contre la République arabe syrienne. Surtout, la Grande-Bretagne semble épuisée de l’effort fourni tout au long des années 2000 pour son soutien aux États-Unis en Irak et en Afghanistan.