Quand on lit ou écoute Jacques Attali, on est toujours surpris par les libertés qu’il s’autorise, les hauteurs qu’il prend avec ses mots par rapport à ses propres actes.
En fustigeant la droite et la gauche depuis 30 ans, dont il a été le conseiller – exception faire de la parenthèse Chirac –, Attali s’extrait de toute responsabilité dans le désastreux bilan des dirigeants politiques à la tête du pays.
Aujourd’hui, après la victoire (provisoire) du FN aux Régionales, il prophétise tranquillement que la France sera ruinée au cas où Marine Le Pen sortirait vainqueur du second tour des présidentielles 2017. D’autres, en d’autres temps, promettaient le même enfer à la France en cas de victoire de François Mitterrand. On a vu le résultat : trois ans après la victoire socialiste, l’économie française basculait dans le marché. Et Attali n’y était pas pour rien.
Le conseiller des princes, roi des solutions à deux balles, propose donc une union des démocrates, sorte d’UMPS qui fait rêver, pour appliquer... les réformes Attali qui dorment dans un tiroir. Même Sarkozy n’a pas osé les mettre en oeuvre, histoire de ne pas se retrouver avec des émeutes sous ses fenêtres...
Dire que ce clown est sorti major de Polytechnique... On comprendra qu’il y a bien plusieurs formes d’intelligence.
L’année 2015 se termine aussi mal qu’elle a commencé. Elle s’est ouverte sur des attentats terroristes. Elle s’achève par des guerres et des catastrophes écologiques. Elle se termine, partout dans le monde, par de nouveaux attentats et la montée du populisme.
À cela se sont ajoutés d’autres malheurs, moins visibles, plus pernicieux, qui expliquent les premiers : la montée du chômage, le dérèglement du climat, la désarticulation des sociétés.
En France, en particulier, sur tous ces plans, l’année se finit aussi mal qu’elle a commencé. Et chaque nouveau malheur semble être comme la réponse au malheur précédent.
Il ne faut pourtant pas désespérer. Car ces malheurs s’expliquent tous, en fait, par une unique cause : la faiblesse des dirigeants politiques. Et ils pourraient aisément être écartés en agissant : 2016 peut ne pas être aussi terrible que 2015.
Depuis 30 ans, en effet, ni la droite ni la gauche n’ont accompli aucune réforme sérieuse. Aucun de leur dirigeant n’a engagé la moindre action réellement courageuse, dans l’intérêt des générations futures. De peur de mécontenter leurs électeurs d’aujourd’hui, ils ont tous, imperturbablement laissé se dégrader notre école, notre armée, notre police, nos ponts, nos trains, nos métros, nos hôpitaux, nos prisons. De peur de perdre des voix, ils ont laissé survivre les petits privilèges, les minuscules rentes, les dérisoires prébendes. En les faisant financer à crédit, par les prochaines générations.
Pendant ce temps-là, les extrêmes ont pu, sans vergogne, prétendre qu’on avait tout essayé, sauf eux.
Alors que, le malheur de la France est , justement, qu’on n’a rien essayé du tout.