Les autorités géorgiennes préparent une requête pour accélérer l’adhésion du pays à l’Otan. Les autorités sont préoccupées par le scénario qui se déroule aujourd’hui dans la région ukrainienne de Crimée et tente de minimiser les risques, écrit jeudi 20 mars le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Tbilissi peut compter sur le soutien traditionnel des États-Unis, de la Pologne et des pays baltes mais rien n’indique encore que les principaux opposants à cette adhésion - la France et l’Allemagne – vont changer d’avis.
La Géorgie peut espérer obtenir un plan d’action pour l’adhésion à l’Otan (MAP) au sommet des Etats membres de l’Alliance début septembre au Pays de Galles – la dernière étape avant l’adhésion du pays candidat. Mais Tbilissi est extrêmement préoccupé par les événements en Ukraine et cherche à persuader ses partenaires occidentaux de la nécessité d’adhérer à l’Otan dès maintenant.
Le ministre pour l’Intégration européenne et euro-atlantique Alexi Petriachvili pense que la direction de l’Alliance, qui apprécie réellement le niveau accru des risques, devrait aller dans le sens de la Géorgie.
Cependant, ces espoirs entrent en dissonance avec l’appréciation de la situation par l’ambassadeur des États-Unis en Géorgie Richard Norland. "Je sais que la Géorgie craint que l’histoire se répète. Il est important de travailler ensemble afin de l’éviter… La communauté internationale travaille conjointement à ce sujet. La Géorgie fait partie de la communauté internationale et nous avons des objectifs communs", a-t-il déclaré aux journalistes géorgiens.
Sans garanties occidentales de sécurité en cas d’actions de forces de la Russie, la partie pro-occidentale de la population géorgienne est vraiment préoccupée. L’ex-ministre des Affaires étrangères Grigol Vachadze a même écrit sur sa page Facebook un commentaire sarcastique :
"Je présente à l’Occident mes condoléances suite au décès du droit international. Il nous manquera énormément ! Il était faible… très souvent il n’obtenait de réponses, mais il était tout de même nécessaire et apportait par sa présence l’apaisement dans ce monde de folie".
En même temps, Vachadze a "félicité" les autorités géorgiennes pour la nouvelle doctrine de politique étrangère de la Russie qui s’intitule "sur la souveraineté limitée des pays postsoviétiques". Sur un autre ton, il affirme également qu’il "faut tout faire pour l’adhésion immédiate à l’Otan et ne pas se réjouir d’une éventuelle obtention d’un MAP".
Les avis et les commentaires des personnalités publiques sur Facebook semblent plus radicaux. On y exige des autorités de mettre des points sur les i dans les relations avec l’Otan : la question de savoir ce que la Russie peut faire avec la Géorgie, après avoir reconnu la souveraineté de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, suite aux événements en Ukraine a perdu son sens : la Russie, dont l’armée n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de Tbilissi, fera tout ce qu’elle souhaitera.
Et si en présence de la menace actuelle les partenaires occidentaux n’ont pas l’intention d’assurer la protection de la Géorgie et de l’accepter au sein de l’Otan, qu’ils cessent de faire des promesses inutiles – la Géorgie devra chercher elle-même une solution et les soldats géorgiens cesseront de mourir pour des idéaux occidentaux en Afghanistan.
Une telle perception de la réalité semble commencer à prévaloir au sein de la société géorgienne.
À voir, également sur E&R : L’adhésion de la Géorgie à l’OTAN : une perspective incertaine