La nuit dernière et ce matin avant l’aube, l’aviation saoudienne a poursuivi ses frappes au Yémen contre les rebelles chiites et leurs alliés, les militaires fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh.
Les raids ont visé des dépôts d’armes dans le fief des rebelles à Saada, une base militaire dans la province d’Amrane, le quartier présidentiel de la capitale, Sanaa, le campement d’une brigade de l’armée dans la province de Marib (loyale à l’ex-président), une base militaire près de Taiz et l’aéroport militaire d’Al-Anad.
Depuis le début de l’opération « Tempête décisive », le bilan provisoire est de 39 civils tués au titre des « dommages collatéraux ».
Les combattants houthistes et les militaires partisans de l’ex-président Saleh ont pris possession de ville côtière de Shoqra, dans la province d’Abyan sur la mer d’Oman, se rapprochant de la deuxième agglomération du pays, Aden, où s’est réfugié le président Adi. Les combats ont lieu autour de la ville, près de la petite localité de Lahij et dans l’enceinte de l’aéroport. Les dépôts d’armes de la ville, dépourvus de garde, ont été pillés par des membres de « Comités populaires », les forces armées présentes dans Aden s’étant débandées.
Sur le plan international, le président iranien, Hassan Rohani, a mis en garde contre une propagation du conflit et parle d’une « agression militaire ». Son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré que « toute action militaire contre un pays indépendant est condamnable. Le seul résultat est une aggravation de la crise et plus de morts parmi les innocents. »
Ajoutant à la tension régionale, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, accuse Téhéran d’expansionnisme :
« L’Iran devrait changer sa position et se retirer du Yémen. Il devrait aussi retirer ses troupes de Syrie et d’Irak et respecter l’intégrité territoriale. L’Iran est en train d’essayer de dominer la région. Peut-on tolérer cela ? Cela trouble de nombreux pays, dont la Turquie, l’Arabie Saoudite et les États du Golfe. »
En visite en Amérique latine, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères a dénoncé cette opération de la coalition sunnite :
« Il faut appeler les choses par leur nom ; ces manipulations autour de l’antagonisme entre sunnites et chiites sont très dangereuses. Il n’y a pas d’autre issue pour le Yémen que la reprise du processus de négociation, avec la médiation du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Nous insistons sur ce point et j’espère que tous les autres pays, impliqués d’une façon ou d’une autre dans la situation au Yémen, vont agir dans ce sens. »
Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Riyadh Yassine, a évalué à quelques jours plutôt que quelques semaines la durée nécessaire pour anéantir la rébellion houthiste : une affirmation bien téméraire au regard de l’histoire...