Le débat sur la directive sur les droits d’auteur s’est ouvert mardi 26 mars dans un Parlement européen que l’on ne pourrait pas vraiment qualifié de rempli… Il s’est finalement soldé par un vote en faveur de la directive.
Un texte jugé déséquilibré
La directive européenne sur les droits d’auteur est un texte controversé. Certains articles en particulier, les articles 11 et 13, concentrent la majorité des critiques. Ils portent respectivement sur les liens hypertexte et sur la modération des plateformes comme YouTube. Beaucoup craignent que ces dispositions soient très difficiles, voire impossibles à appliquer, sans que cela ne limite la liberté d’expression ou la créativité.
Le débat a commencé dans la matinée. Plusieurs députés, parmi les 751 que compte le Parlement au total, ont pris la parole. Beaucoup se sont élevés contre la directive. Tiemo Wölken (Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates) a été clair. Selon lui, « on doit supprimer l’article 13 ».
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Des voix en faveur de la directive
D’autres députés ont en revanche défendu le texte tel qu’il a été rédigé jusqu’à présent. José Blanco Lòpez, un député espagnol (Partido Socialista Obrero Español) a par exemple expliqué que pour lui, il n’y a « pas de création sans rémunération juste ». Le texte et notamment l’article 13 permettront une « redistribution des richesses des grandes plateformes », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que personne ne limiterait la liberté d’expression, au contraire.
Cet avis a été partagé par Andrus Ansip, le vice-président de la Commission européenne qui n’a jamais caché son soutien au texte. « Le vote est un message aux créateurs : nous leur disons que nous faisons attention à eux et que nous voulons les protéger pour [leur] travail de grande valeur », a-t-il dit au micro. Selon lui, les « bénéficiaires ultimes » de la réforme seront les citoyens. Il estime ainsi que la directive peut améliorer l’accès à l’art et à la culture.
Le rapporteur allemand Axel Voss (Parti populaire européen), a conclu le débat en réaffirmant qu’il n’y aurait pas de censure ou de limitation de la liberté d’expression. Pour lui, des groupes de population, « notamment les jeunes », ont été influencés par les géants tels que Google, Facebook et YouTube pour se positionner contre la directive. Il est vrai que YouTube a mené une vaste campagne de lobbying contre l’article 13, allant jusqu’à appeler des vidéastes pour les convaincre de s’engager dans ce combat. Cependant, ces vidéastes ne sont pas les seuls à critiquer la directive.
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Directive sur le droit d’auteur : Internet va-t-il mourir ce mardi ?
Des défenseurs des libertés se mobilisent contre le vote définitif au Parlement européen de la « directive droits d’auteur ». Celle-ci représente pourtant un espoir pour une information des citoyens de qualité.
Ce mardi 26 mars, le Parlement européen doit voter définitivement la directive sur le droit d’auteur. Un texte très technique, préparé de longue date, et qui en temps normal n’aurait guère dû faire de vagues. Il a pourtant été accompagné d’un déchaînement de passions et de controverses, tant l’enjeu est important : ce sont la liberté d’expression et la liberté d’information qui sont en jeu.
Les adversaires de la directive, très actifs en Allemagne et en Europe du Nord, dénoncent une « censure » massive, voire la fin de la liberté qui règne sur le réseau. Samedi, plusieurs milliers de personnes ont défilé à Berlin.
Un vrai dysfonctionnement
La directive s’attaque pourtant à un vrai dysfonctionnement, une dérive que personne ne conteste vraiment. Des groupes comme Google ou Facebook captent actuellement la quasi-totalité du marché publicitaire en ligne, en s’appuyant sur des « contenus » (vidéos, textes...) produits par d’autres, à commencer par la presse. Pour stopper cette injustice, la directive crée donc un « droit voisin » (« voisin » du droit d’auteur, ce dernier ne s’appliquant qu’aux créateurs).
Actuellement, lorsque des journaux, souvent économiquement fragiles, envoient des journalistes un peu partout sur la planète pour rapporter des informations, ces géants profitent de leur travail sans rien débourser : ils captent leurs vidéos et leurs textes, reprennent les titres et quelques extraits de ces reportages, et les « monétisent » selon l’affreuse formule consacrée par le jargon.
Une situation abruptement résumée par le reporter chevronné de l’AFP Sammy Ketz, spécialiste du Proche-Orient, qui a lancé un appel pour que cette situation cesse :
« C’est comme si vous travailliez mais qu’une tierce personne récoltait sans vergogne et à l’œil le fruit de votre travail. Si du point de vue moral c’est injustifiable, du point de vue de la démocratie, ça l’est encore plus. »
Les Gafa alliés aux libertaires
Pour faire cesser cette situation, la directive propose de verser des « droits » aux créateurs des œuvres qu’ils exploitent, ce qui permettra de préserver l’avenir de bien des médias ou artistes. Les grandes plateformes devront souscrire à des licences d’exploitation des œuvres et des articles ainsi protégés. Les droits versés seront répartis entre les éditeurs, en fonction des « contenus » diffusés par celles-ci.
Les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) concernés sont parties en guerre contre ce projet, dépensant beaucoup d’argent en actions de lobbying. À les écouter, on menacerait l’équilibre financier des acteurs d’Internet, un argument assez peu convaincant de la part de ces géants ultrariches. Mais ils ont pour alliés les défenseurs d’un web totalement libre, dont les arguments sont plus sérieux : selon ces derniers, la directive va miner la créativité, le partage, l’égalité des acteurs, la neutralité des outils numériques... Des acteurs risquent, disent-ils, de disparaître. Une pétition sur change.org contre la directive a réuni près de 5 millions de signatures.
La seule façon de faire respecter cette directive sera, disent-ils encore, d’imposer des algorithmes coûteux de « filtrage », permettant de détecter quels sont les contenus protégés. En effet, les plateformes en ligne auront désormais le devoir de veiller à ce qu’aucun de leurs utilisateurs ne viole le droit d’auteur. Jusque-là, c’était aux auteurs de demander le retrait de contenus « volés ».
Google et consorts ont les moyens de s’offrir ces outils, mais pas les petits acteurs d’Internet, arguent les adversaires de la directive. Elle va donc « favoriser les leaders du marché au détriment des plateformes alternatives », estime ainsi Pierre-Yves Beaudouin, élu au conseil d’administration de l’association Wikimédia.
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Certes, les craintes des adversaires de la directive ne sont pas à rejeter d’un revers de la main, et il faudra rester vigilant. Mais il est étonnant de constater que ces défenseurs des libertés se satisfont du système de pillage actuel, qui mine ces mêmes libertés. L’affaiblissement de l’information dans les démocraties est, lui, un poison bien réel. Il érode l’indépendance économique des acteurs qui délivrent cette information. Il réduit leurs moyens, la qualité de leur travail. Et il permet à l’industrie des fake news de prospérer...
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Pour se faire une idée :
Tatiana Ventôse est contre :
Mais tout le monde ne panique pas :