Il s’appelle Chris Gayle, il est jamaïcain, batteur, non pas de reggae mais dans une équipe de cricket, il est interrogé par Mel, une superbe journaliste australienne (nous sommes en Australie), qu’il a la faiblesse de draguer pendant 10 secondes, entre deux questions bateau, comme toutes les questions des journalistes sportifs (un des métiers les plus cons du monde).
Voici le petit échange aux grands effets (vidéo non sous-titrée en français, seulement en anglais, mais tout passe dans les regards) :
À l’arrivée, la journaliste s’est plainte de l’attitude du joueur, le club en a été informé, qui a infligé au champion une amende de 10 000 dollars. La raison invoquée est l’invitation lancée (en public, devant les caméras de télévision) à la journaliste d’aller « boire un verre après le match ». Sans oublier le compliment réitéré sur ses « magnifiques yeux ». On comprend la vexation de la « journaliste », car cela signifie en creux qu’il lui prête plus de qualités sensuelles que professionnelles. Sans verser dans le machisme le plus éhonté, le milieu journalistique, et a fortiori télévisuel, qui plus est dans le domaine sportif, regorge de journalistes femmes choisies sur des critères physiques.
Concrètement, personne ne va mettre un thon à l’antenne ou aux interviews sur le terrain, au risque de faire peur au public. Que les lesbiennes ultra se calment, c’est le même tarif pour les hommes, chosifiés par le capitalisme médiatique : au Canal Football Club, on n’invite que des footballeurs sexy... car on sait que les femmes vont regarder avec leur mari. Pur calcul de rentabilité basé sur la séduction du téléspectateur.
Pas la peine de trouver ça injuste, ou ignoble, c’est comme ça, c’est la télé, c’est pas du machisme, seulement une technique d’attraction du public et des sportifs interrogés. Dans le domaine de l’information, le directeur de LCI Jean-Claude Dassier n’avait pas hésité, dans les années 2000, à lancer une ribambelle de bimbos présentatrices, qui, il est vrai, avaient toutes leur diplôme de journaliste... Mais le diplôme de journaliste, aujourd’hui, ne vaut plus grand-chose. Seul le terrain et l’expérience font la différence. Mais ne nous égarons pas.
La pression féministe mondiale (encore une invention de ces pu(ri)tains d’Américains) transforme une petite parenthèse de séduction innocente – sans vanne lourde du type Patrick Sébastien à Aïda Touihri pendant les Victoires de la Musique – en crime contre la Femme, contre toutes les femmes.
D’abord, sachons faire la différence entre le lourdaud qui bave devant une beauté à la limite de la provocation (l’exercice naturel du pouvoir des femmes sur les hommes, surtout pour ceux qui ne peuvent socialement y prétendre), et le mec qui drague pour s’amuser, car la drague est un jeu entre l’homme et la femme, depuis le début des Temps. Adam a bien dû draguer Ève, pour parvenir à ses fins. Et à la fin du Paradis terrestre, mais ça, c’est un autre débat.
Chacun sait que la protection de la femme dans la patrie du patriarcat (les États-Unis) a dérivé vers la criminalisation globale de l’Homme, de son instinct (désirer naturellement la Femme), changeant tout geste ou parole à légère ou lointaine connotation sexuelle en agression manifeste. Tout devient alors affaire de « parole contre parole », et dans ce cas, la parole de la victime prime celle de l’agresseur supposé. Attention, nous faisons bien la différence entre les violeurs, les agresseurs, ceux qui harcèlent les femmes, et les hommes non pathologiques qui entrent dans le jeu de la séduction, partition que les femmes jouent brillamment du matin au soir. Elles ne se réduisent pas à ça – même Nabilla doit bosser un peu – mais elles ont 20 longueurs d’avance sur les hommes en la matière. Une jeune fille de 15 ans saura par instinct – ou culture transmise – faire tourner la tête d’un mec amoureux d’elle, jusqu’à le faire ramper.
C’est le pouvoir éternel de la femme, de susciter le désir, et de transformer ce désir en pouvoir sur l’autre. Toutes ne jouent pas ce jeu, qui peut sortir du domaine du jeu (on oublie l’amour pour le pouvoir), ou qui peut basculer, la patience de l’homme humilié se changeant en colère. C’est la limite du pouvoir féminin : l’homme peut à tout moment reprendre le pouvoir en imposant sa force physique. Mais ce faisant, il risque (du moins le croit-il) de perdre son statut de prétendant, et voir un autre, plus soumis, lui passer devant. Les choses ne sont pas aussi simples, nous ne rentrerons pas dans tous les cas de figure de cette arborescence.
On peut sans trop se tromper assimiler le jeu de séduction de la femme à celui d’un dresseur de fauves. Suffisamment sûre de sa puissance (séductrice), une femme peut dominer ce fauve qu’est l’homme, et le domestiquer. Ce qui arrive la plupart du temps. Le fauve se transforme alors en gentil toutou à pantoufles, qui chasse pour sa femelle, et qui ne va pas (trop) voir ailleurs. On a beaucoup parlé, depuis 50 ans et la « libération » féministe, des femmes brimées, dominées, soumises, mais très peu des hommes réduits à leur fonction nourricière, esclavagisés dans leur quotidien par une épouse qui réclame la « sécurité » matérielle (dans le sempiternel « j’ai épousé un homme avec une bonne situation », comprendre plutôt « j’ai épousé une bonne situation avec cet homme »)). Un homme devenu, par amour, la propriété exclusive de la femme. Parce que c’est de ça qu’il s’agit ! Le problème, c’est qu’un homme soumis n’est plus vraiment un homme. Alors, évidemment, notre schéma est quelque peu caricatural, l’échelle de dominance offrant une infinité de nuances, mais ce sont choses taboues.
Au fond, il s’agit ni plus ni moins, au-delà de la séduction et de l’instinct de reproduction, que d’une lutte de pouvoir entre hommes et femmes, qui n’est plus du domaine de la séduction. D’une espèce de guerre civile entre genres. La femme (occidentale et bourgeoise, précisons) se servant de son ancien statut de victime pour arracher des droits, sur le modèle que nous connaissons tous des minorités autrefois opprimées qui aujourd’hui font la loi, ou les lois. Un jour, il y aura peut-être une loi mémorielle interdisant à tout homme d’aborder une femme sans son consentement. Une sorte de loi Gayssotte, et tout le monde sera malheureux. L’amour courtois pourra aller se rhabiller, et il restera l’amour tarifé, la rencontre industrielle sur critères techniques, le refuge de la virilité dans le porno, qui accoucheront d’une vie sociale triste comme un jour sans sourire (non calculateur) entre deux inconnus.