Le Kosovo est de nouveau en ébullition et les récentes manœuvres de l’OTAN à proximité des zones serbes et les rumeurs de prise de force de la centrale hydroélectrique serbe de Gazivoda n’ont fait que rajouter de l’huile sur le feu.
Depuis 2013, Serbes et Albanais ont signé un accord en vue de régler certains sujets pratiques. Cinq ans plus tard, la situation stagne et les Albanais n’ont toujours pas remis leur proposition d’organisation des municipalités serbes, point crucial de l’accord. Du coup, Washington s’impatiente, Bruxelles trépigne et les Albanais laissent la tension monter.
Pour les Serbes, la situation est difficile à tenir. Officiellement, le président serbe Aleksandar Vučić déclame que la Serbie n’abandonnera jamais le Kosovo mais les Occidentaux lui répondent que si la Serbie n’abandonne pas le Kosovo, elle ne rentrera jamais dans l’Union européenne. Vučić essaye de trouver une solution pour plaire aux atlantistes et au peuple serbe en même temps. C’est quasiment une mission impossible. Dernièrement, il a esquissé l’éventualité d’un partage de terres : Belgrade récupérerait la pointe nord du Kosovo, majoritairement peuplée de Serbes, et, en échange, les Albanais récupéreraient tout le reste du Kosovo et de la Métochie, et le sud-est de la Serbie, la vallée de Preševo, majoritairement peuplée d’Albanais. C’est, évidemment, une très mauvaise idée curieusement soutenue par le « Président » du Kosovo, l’ex-terroriste de l’UÇK Hashim Thaçi, comme si le projet avait été conclu en coulisse et qu’ils le testaient ensemble auprès de leurs populations respectives.
L’église orthodoxe serbe a aussitôt dénoncé cette idée folle et rappelé que si Belgrade abandonne le sud du Kosovo, cela équivaudrait à un nouvel exode de 70 000 Serbes qui fuiront la politique d’albanisation et d’islamisation forcée. Cela serait aussi l’abandon de 140 églises, 10 monastères toujours en activité avec plus d’une centaine de religieux, 4 monuments serbes inscrits au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO, sans parler des terres et des valeurs mobilières. Bref, la Serbie perdrait son cœur. Côté albanais, les nationalistes ne voient pas cela d’un bon œil non plus et, après avoir dû céder du territoire au Monténégro en début d’année, ils refusent de perdre le nord, d’autant que leur projet réel est d’englober, dans une grande Albanie, tout le Kosovo, une partie de la Macédoine, de la Serbie, de la Grèce et du Monténégro.
Il est trop tôt pour savoir qui tire les ficelles, mais il est certain qu’il se trame quelque chose et que Vučić va bientôt abattre ses cartes. Il a annoncé l’organisation d’un référendum et, en même temps, il va bientôt rencontrer Poutine, Trump et Macron, se rendre en Chine et de nouveau au Kosovo. En attendant, la tension continue de monter. Quelle que soit la prévision météorologique il est certain que la fin de l’été sera très chaude au Kosovo.