« Les parents ont mangé des raisins verts, mais ce sont les enfants qui ont mal aux dents. »
Pourquoi parler ici de généalogie en ces temps de Toussaint ?
Tout d’abord, oublions les raisons habituelles, non qu’elles soient mauvaises, mais dans le but de nous concentrer sur ce que cela peut particulièrement apporter à des lecteurs de ce site. Passons donc sur le resserrement des liens familiaux, les passionnantes fouilles de grenier, les encore plus passionnantes cousinades et autres distrayantes tortures de pépé et mémé pour savoir ce qu’ils ont fait pendant la guerre...
En préambule, rappelons que l’enracinement, intrinsèquement lié au questionnement sur ses origines, ne plaît pas à BHL pour qui, en France, origine = racines = racisme = fascisme... De notre point de vue, c’est plutôt : « L’enracinement dérange le projet mondialiste. » Et, pour faire court, ce qui déplaît à BHL mérite d’être regardé de près.
Pour creuser le sujet, on pourra se reporter au livre L’Enracinement de Simone Weil (1943), qui explique l’impossibilité de penser sa participation au monde sans attachement à ses racines, sa terre, son quartier... Et pour « penser » ses rapports aux autres, Gustave Flaubert avait ces mots : « Bien des choses s’éclaireraient si nous connaissions notre généalogie [1] », car étudier son histoire familiale, c’est d’abord se réconcilier avec soi-même et l’histoire de sa famille. Nous devons pour cela accepter que nous sommes l’héritage de nos aînés, quels qu’ils aient été, avec leurs parcours, leurs choix, de droite, de gauche, des bourreaux, des bourrés, d’en haut ou d’en bas.
Une fois réglé le problème de notre situation par rapport à notre famille, nous pouvons nous projeter dans la société et penser politique et histoire. Pas la peine de développer longuement, ici tout le monde a compris : on achète tout, y compris les mémoires, par l’intermédiaire de bonne campagnes de propagande. « La France d’en bas » gobe cette Histoire qui n’est pas la sienne et nous nous soumettons, faute de munition, pauvres êtres déracinés que nous sommes.
Mais à bien y regarder, parallèlement à la grande Histoire, la multitude des petites histoires de la masse a bien été écrite. Elle est malheureusement couchée sur le papier dans une prose bien indigeste. Mais tout y est ou presque. Nos prédécesseurs ont tous plus ou moins été les acteurs de ces petites histoires notées scrupuleusement par les si pénibles agents administratifs. Ils ont rempli à la plume puis tapé à la machine à écrire de quoi remplir des kilomètres d’étagères poussiéreuses dans les archives des états civils. Il tient à chacun de nous de décortiquer les parties des registres qui nous concernent et de les synthétiser pour composer nos histoires. Aujourd’hui, ces archives sont très largement disponibles sur l’Internet : pour ce qui concerne la France, se plonger dans nos histoires est très simple. Pour les autres pays c’est souvent plus compliqué et nous ne connaissons pas bien le sujet (si vous avez des informations, vous pouvez en faire profiter tout le monde dans les commentaires).
Donc, pour la France en tout cas, presque plus besoin de ce déplacer. Plus d’excuse. Il doit bien vous rester deux ou trois heures disponibles par semaine (l’équivalent d’une lourdinguerie hollywoodienne de propagande en moins) pour vous plonger dans votre histoire et devenir le/la Marion Sigaut familiale. Ce travail sur la base du peuple est d’ailleurs dans la logique de ce que réalise notre historienne préférée. Et pour se convaincre de l’utilité de ce travail, nous pouvons rappeler et étendre le propos d’Édouard Berth sur l’action politique à l’histoire « l’action doit être entreprise à partir de la base ».
Si ce travail est entrepris à large échelle par des esprits conscients et mis en commun, la généalogie peut réécrire l’histoire et devenir un formidable outil antipropagande !
À condition d’en prendre conscience donc, la généalogie est un outil très personnel d’émancipation ; un outil d’analyse de l’histoire incomparable, capable de s’attaquer à un bon nombre de situations sociales, historiques et d’événements de tous ordres grâce à la puissance de sa base de données, dont le volume et la structure est pour chacun d’une grande valeur :
quantitativement, car nous somme issus d’un très grand nombre de familles ; les histoires que nous touchons sont donc diverses et variées, et ce travail a une vraie valeur sociologique, anthropologique, presque statistique et, à tous les coups, historique ;
qualitativement, car chacun de vos ancêtres est à la fois différent mais baigné de son temps ; tout ça s’articule de manière très complexe et vous êtes le point commun de l’arborescence de ces innombrables personnages, la clé de lecture, le mot de passe.
Une fois réalisé, votre généalogie est à ce point unique et complexe qu’elle est difficilement analysable par des tiers. Personne à part vous ne peut connaître cette arborescence dans ses détails, ses ramifications, imbrications et ses rouages. C’est plus compliqué qu’une carte au trésor, plus indéchiffrable qu’un langage codé d’agent secret...
Si les manipulateurs d’opinion et autres politicards propagandistes arrivent à nous catégoriser pour nous refourguer leurs merdes via la pub et ses dérivés, c’est que nos vies sont formatées, calibrées, trop simplistes... donc trop connues et analysables. Nos vies oui, mais pas nos morts ! C’est un raccourci un peu simpliste qui sent bon le slogan à pas cher : « Nos morts à la rescousse ! »… Mais il y a de ça. Puisque nos vies et donc nos connaissances sont trop faciles à manipuler, aidons-nous des vies de nos ancêtres pour nous « complexifier ».
Augmentée de celles de nos ancêtres, notre expérience – notre réalité – n’est pas manipulable, et pour chaque histoire que l’on vous raconte, vous pouvez interroger cette base de donnée qu’est votre généalogie pour vérifier l’adéquation avec ce que vous savez de la vie de vos ancêtres.
Alors, avant que les archives disparaissent comme dans 1984 d’Orwell, prenez vite votre histoire en main !