La République en Marche ! a pondu son texte. C’est le ministre de la Culture qui s’en est chargé. Françoise Nyssen, la femme de gauche qui a réussi dans l’édition (l’édition de droite est quasi interdite) a dû se plier à l’injonction de qui vous savez. L’ordre venait d’en haut, de très très haut. Il fallait couper le micro de ceux qui disent autre chose que la parole officielle. Libération, dans son édition du 12 février 2018, nous annonce que « la loi contre les fake news est prête ». En y accolant une photo de Nyssen qui sent l’irrespect à plein nez. Jugez plutôt :
Les amateurs de culture auront noté que c’est à la gentille gauchiste qu’échoit le dur labeur de répression de la liberté d’expression. Une méthode subtile et vicieuse qui fait endosser aux ministrions le sale boulot, la salissure culturelle. En d’autres temps, le ministre Gayssot avait endossé une loi contre la liberté de recherche historique. Le pouvoir profond a l’habitude de refiler à un ministre-écran les directives impopulaires. Le ministre en est sali à vie, les Français attachés à la liberté crachent sur son nom mais c’est pas grave : le mal est fait, la loi est passée.
Libé nous apprend donc que la « loi de fiabilité et de confiance de l’information » (on pourrait dire exactement le contraire) est prête. Elle vise au premier chef les sites internet et les médias étrangers. Traduction en bon français : E&R et RT France !
« Le texte créera une nouvelle législation. Il ne consistera pas en une simple modification de la grande loi de juillet 1881 qui encadre le droit de la presse et qui reconnaît déjà le délit de “fausse nouvelle”. “Notre sujet n’est pas de définir ce qu’est une fausse nouvelle. Le vrai sujet est l’univers, les tuyaux, les canaux de diffusion des fausses nouvelles aujourd’hui”, explique-t-on au ministère de la Culture. Deux “vecteurs” sont ciblés : “le numérique au sens large”, notamment les réseaux sociaux (Facebook) et les sites de partage de vidéo (Youtube), ainsi que “les médias sous influence d’un État étranger”. Une formule qui vise par exemple les médias financés par la Russie (comme RT ou Sputnik). »
Ne nous méprenons pas : derrière l’accusation directe contre Facebook et YouTube, qui ont déjà nettoyé leurs tuyaux des éléments dérangeants, sont visés les sites véritablement anti-pouvoir profond. Nous ne sommes pas les seuls, mais nous sommes le premier site politique de France. Et à ce titre, nous sommes dans le viseur.
Que les optimistes ne se méprennent pas non plus sur « les médias sous influence d’un État étranger » en se disant que, peut-être, BFM TV de l’Israélien Patrick Montagne de Dettes Drahi passera à la trappe. Drahi a participé avec toute la force de son groupe média à l’élection de Macron. Il est donc hors cible pour la répression et reste du bon côté du manche. Seuls RT et Sputnik vont morfler, mais on ne sait pas encore comment. Puisque la nouvelle loi contre le pluralisme et la liberté d’expression – notre définition – ne concerne théoriquement que la période (pré-)électorale. Cependant, on le rappelait dans ONLI#15, la France est toujours en période électorale.
Bref, tout ce qui ne sert pas la soupe de l’oligarchie aux Français dégoûtés par les mensonges de la propagande sera éradiqué. Au moins les choses sont claires. Les hypocrites ne pourront pas dire on ne savait pas.
Une loi négationniste de la liberté d’expression
« Enfin, la troisième disposition vise à armer le droit d’un outil législatif permettant d’agir rapidement contre la désinformation. Elle donnera aux citoyens la possibilité de saisir un juge des référés “pour faire cesser la diffusion massive et artificielle d’une fausse nouvelle”, explique le cabinet de Françoise Nyssen, où l’on a conscience d’être là en présence d’un “chiffon rouge”. Car c’est à ce juge qu’il reviendra de qualifier qu’une nouvelle est fausse. Une lourde responsabilité pour l’autorité judiciaire, qui promet de nourrir les débats parlementaires. »
Et là, vu qu’on a un peu l’expérience de la rouerie des oligarques, on imagine aisément que les citoyens qui ont « la possibilité de saisir un juge des référés “pour faire cesser la diffusion massive et artificielle d’une fausse nouvelle” » ressembleront étrangement à ces officines du pouvoir profond déguisées en associations à but humaniste mais en réalité centrées sur les seuls intérêts d’un groupe très puissant. On parie ?
Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, voici deux exemples de fake news avec deux grands fakeurs, Emmanuel Macron et Jérôme Cahuzac (2 mai 2017) :
Dans les livres d’histoire et les manuels scolaires, les générations futures se taperont sur les cuisses en se remémorant ceux qui ont voté – à 66% ! – contre leur propre liberté d’expression. Les dominés veulent bien être dominés mais faut juste pas qu’on le leur dise...