Même si sa popularité est très élevée, avec 78 % de bonnes opinions – très au-dessus de tous les leaders politiques – le pape François connaît une érosion significative d’image depuis son élection en 2015, avec neuf points en moins dans l’opinion des Français. Et, surtout, 12 points perdus chez les catholiques pratiquants réguliers, et même 17 points chez les sympathisants du parti politique Les Républicains. Ce désenchantement, quoique très relatif, est le principal enseignement du sondage BVA-Le Figaro, lancé à l’occasion du cinquième anniversaire, ce mardi, de l’élection du pape François.
Une tendance qui n’est pas seulement française. Un sondage américain, publié le 6 mars 2018 à Washington par le Pew Research Center, confirme la même déception chez les catholiques d’outre-Atlantique : 24 % des catholiques pratiquants (contre seulement 15 % en 2015) le trouvent « trop naïf » quand 34 % le jugent « trop libéral », contre 19 % il y a cinq ans.
Philippe Portier, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et titulaire de la chaire « Histoire et sociologie des laïcités » – l’une des principales références sociologiques du fait religieux en France – explique :
« La baisse est significative dans des catégories très intégrées au catholicisme et ordinairement les plus légitimistes (pratiquants réguliers, ruraux, les catégories supérieures, les plus âgés, Les Républicains). Tout en étant encore très favorables au Pape argentin, ces catégories témoignent là d’une certaine inquiétude, que révèlent aussi les enquêtes par entretiens ».
Ce sociologue met en évidence deux motifs d’interrogation :
« le discours du Pape semble en opposition avec la compréhension souvent traditionnelle de la morale familiale. Dans ces milieux, on comprend mal l’ouverture pastorale aux situations d’homosexualité ou au remariage ».
Philippe Portier relève un second lieu de questionnement : « On trouve dans ces catégories une vision volontiers identitaire de la nation, que le discours papal sur les migrants, et souvent sur les musulmans, vient troubler ». Il pense aussi que « la dénonciation du libéralisme économique par le pape François peut susciter la critique dans toute une fraction du catholicisme français, qui n’a jamais accepté totalement la doctrine sociale de l’Église. »
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