Le CRIF étant le gardien de la morale en politique, la sortie sur les « lobbies » du candidat PCD (Parti chrétien démocrate) à la primaire de la droite a été changé en « dérapage », d’un coup de baguette sioniste magique. Aussitôt, après la lettre du CRIF, qui tient lieu de jugement définitif sans appel ni cassation ni Cour européenne, la presse aux ordres a embrayé. Une automaticité qui montre, si besoin était, à quel point elle n’a jamais été indépendante. Morceaux choisis.
Commençons par Le Monde, qui ne fait pas dans la demi-mesure en titre et sous-titre :
Primaire de la droite : vers une exclusion de Jean-Frédéric Poisson ?
Les autres candidats à la primaire de la droite sont montés au créneau après les propos du président du Parti chrétien démocrate sur la « soumission » d’Hillary Clinton aux « lobbies sionistes ».
Le cas Poisson n’est pourtant pas unique. Aujourd’hui, dans un paysage médiatico-politique contrôlé par le CRIF et ses sbires, obligés et autres relais, il suffit de faire une sortie non conforme comprenant les mots « lobby », « Hitler », « Shoah » ou « sioniste » pour déclencher les alarmes du Système, mais aussi crever l’écran, faire le zapping et le buzz, et économiser ainsi toute une onéreuse campagne de communication.
Cela rappelle la montre déposée dans un cahier de l’exposition de bijoux de la Villa Borghése, à Rome... qui déclenchera l’arrivée d’une cohorte de policiers dans un concert de sonneries.
- Le Clan des Siciliens dans la Villa Borghèse
On appréciera la première question du Monde, déjà en forme de jugement :
« À peine apparu dans la vitrine médiatique de la primaire à droite, Jean-Frédéric Poisson va-t-il être exclu de ce scrutin ? À quatre semaines du premier tour, prévu le 20 novembre, la question se pose après les propos polémiques du président du Parti chrétien démocrate (PCD). Dans un entretien à Nice Matin paru mercredi 19 octobre, le candidat proche de Christine Boutin a déclaré que “la proximité de [la candidate à la présidence américaine Hillary] Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France ” . Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a aussitôt demandé à la Haute Autorité de la primaire une “condamnation ferme des propos” du député des Yvelines. »
Après la lettre d’excuse de Poisson, Le Monde note qu’il ne s’est malgré tout pas excusé pour les termes choisis, et en plus, on apprend qu’il est proche du FN, ce qui vaut double condamnation (Shoah + nationalisme) :
« Dans un entretien à Valeurs actuelles publié le 13 octobre, il estime aussi qu’il faut “en finir avec le cordon sanitaire autour du FN”. Enfin l’annonce récente d’un meeting qu’il doit tenir, le 12 décembre, avec Robert Ménard, maire de Béziers (Hérault) élu avec le soutien du FN, n’a fait qu’aggraver son cas. »
On passe au huffingtonpost.fr, avec un titre et une intro encore plus anxiogènes :
La semaine où le grand public a découvert la face sombre de Jean-Frédéric Poisson
Entre ses déclarations polémiques sur un lobby sioniste et l’annonce d’un meeting avec Robert Ménard, le candidat à la primaire est critiqué par tous ses rivaux.
Le Huffpost, par rapport au Monde, a trouvé un argument supplémentaire pour fusiller médiatiquement l’impudent :
« Le grand public découvre alors d’autres facettes du président du Parti chrétien démocrate que celle du défenseur des syndicats, de l’opposant à l’état d’urgence qu’il avait montrée lors du débat face à ses six rivaux. Jusqu’à présent, le principal reproche que l’on faisait au député des Yvelines était son déplacement à Damas en 2015 pour rencontrer Bachar el-Assad. "On a autre chose à faire que de déboulonner le président syrien", a-t-il répété le 17 octobre sur i>Télé. »
On dispose désormais de trois chefs d’inculpation pour le pauvre Poisson : Shoah, nationalisme, et Assad. Normalement, c’est le TPI direct, ou la Haute Cour. La plus remontée contre les phrases somme toute banales du député démocrate chrétien sur les lobbies américains – il n’y a que chez nous que c’est un crime, de le dénoncer, pas d’en être –, c’est NKM, la gauchiste de la droite libérale, ce qui n’est pas contradictoire. Cependant, toute la droite, du piètre Estrosi au prudent Le Maire, appuie la condamnation. Le pire c’est que l’accusé, au lieu de « s’excuser », mettre un genou à terre, et faire le voyage en Israël, comme tout le paysage politique le lui demande en tremblant, « explique » ses propos. Le Huffpost déterre alors un quatrième chef d’inculpation : « catholique ». Et sort une carte majeure, une photo de Poisson souriant avec Karim Ouchikh, du SIEL, l’aile identitaire du FN.
Troisième et dernier exemple de soumission médiatique à l’ordre dominant, l’hebdomadaire Marianne, qui place le curseur très loin à droite :
Meeting avec Ménard, "lobbies sionistes" : Jean-Frédéric Poisson se place à l’extrême-droite de la primaire
Le soir du premier débat de la primaire de la droite, Jean-Frédéric était apparu comme un candidat modéré. Las, ses liens avec l’extrême-droite et ses positions radicales viennent de ressurgir.
Toujours, ces guillemets tremblants autour des mots interdits, qu’il faut utiliser avec parcimonie, après trois relectures d’avocats. Pour aller vite, Marianne prédit la fin rapide de l’aventure Poisson, qui avait pourtant atteint les 29% d’opinons favorables après une étude de la Sofres sur le débat de la primaire de droite. On vous passe la litanie habituelle des « thèses conspirationnistes mâtinées d’antisémitisme », une expression nouvelle de Thierry Solère, le président de la commission d’organisation de la primaire, qui a fait signer à tous les candidats la charte des primaires, à travers laquelle les candidats s’engagent à respecter les « valeurs » [valeurs ou voleurs ? NDLR] de la droite, qu’on peut résumer en : entuber les pauvres et respecter le lobby. Mais surtout pas l’inverse !
Le reste de l’article de Marianne est de la même eau que ceux du Huffpost et du Monde, à croire que les éléments de langage ont été distribués par la même agence de presse. Ce qui est peut-être le cas. La France retrouvera-t-elle un jour sa liberté de parole ? La vérité pourra-t-elle être dite aux Français pour qu’ils comprennent enfin dans quel merdier l’oligarchie les a foutus ? Vous le saurez en vivant suffisamment longtemps, on l’espère.