Françoise Nyssen, ministre de la Culture, était auditionnée le 14 mars dernier par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. On ne saurait décrire complètement la chose, il faut regarder la vidéo pour y croire. Comme à son habitude, le ministre ne finit pas ses phrases, bafouille, multiplie les lapsus, et, bien entendu, ne connait pas ses dossiers. Nous ne nous attacherons ici à relever ses erreurs que pour ce qui nous concerne, à savoir essentiellement les musées et le patrimoine. Mais aucun sujet n’a été traité de manière claire et il fallait une bonne dose d’inconscience ou d’humour (nous penchons pour la première hypothèse) à Marielle de Sarnez, la présidente de cette commission, pour conclure qu’ils avaient passé « deux heures formidables » avec le ministre.
Il serait particulièrement cruel, et surtout illisible, de reprendre le verbatim intégral de ses déclarations et de ses réponses, marquées par des hésitations incessantes et des rires niais. Nous retranscrirons cependant quelques passages, en supprimant les hésitations, les répétitions de mots ou les « euh », sauf quand ils font sens car ils démontrent l’ignorance du ministre sur certains sujets. Nous n’avons pas ajouté de « sic », car il y en aurait absolument partout.
Nous ne retiendrons donc que les meilleurs moments, mais toute son intervention mériterait de devenir culte. Ainsi, à propos de l’année européenne du patrimoine, le ministre met en avant (31’39’) « un événement très symbolique qui sera l’inauguration de la maison Voltaire à Ferney-Voltaire ». C’est un peu modeste, car évidemment la « maison Voltaire » n’existe pas. Il s’agit tout simplement du château de Ferney-Voltaire. Elle poursuit en citant un événement « fer de lance de cette année européenne du patrimoine », le célèbre « festival d’art de Fontainebleau ». Que le ministre ne soit même pas capable – alors qu’à ce moment-là, comme pour Ferney-Voltaire, elle lit un texte préparé – de savoir que Fontainebleau est un festival « d’histoire de l’art » et non « d’art », ce qui est tout de même très différent, est assez effarant, d’autant qu’il n’a rien à voir avec l’année européenne de la culture puisqu’il s’agit d’un événement annuel…
À propos des expertises demandées par d’autres pays aux musées français, elle explique ensuite :
« Ces demandes d’expertise en fait sont croissantes et il faut que nous nous organisions pour y répondre et nous travaillons à la mise en place d’un pôle centralisé qui jouerait le rôle de point d’entrée de référence pour nos partenaires internationaux culturels et financiers et d’agrégateur pour les offres d’expertise de nos établissements publics et de notre administration. C’est un travail décisif pour répondre à davantage d’appels d’offre et investir pleinement ce terrain de la diplomatie culturelle qui est un terrain d’avenir ».
On ne peut que féliciter le ministre d’inventer et de vouloir créer quelque chose qui existe déjà : l’agence France Muséums !
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L’impressionnant discours de Nyssen (à ne pas confondre avec Ryssen) commence à 26’18 et se termine à 48’49, soit 22 minutes 30 qui feront le plus grand bonheur des amateurs de boulettes :