Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a demandé jeudi à ses troupes de "tirer pour tuer" tout soldat russe n’ayant pas l’autorisation de se trouver sur le territoire de la petite république du Caucase russe.
"J’annonce officiellement que si, sans autorisation, (un soldat) se trouve sur votre territoire, peu importe s’il vient de Moscou ou de Stravropol : tirez pour tuer. Il faut qu’ils nous prennent en compte", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par la télévision locale, Grozny TV.
Surveillance
M. Kadyrov semblait s’exprimer lors d’une réunion avec les représentants des forces spéciales de Tchétchénie, qui a lutté pour son indépendance contre la Russie au cours d’une première guerre de 1994 à 1996, puis fin 1999 lors d’une deuxième guerre.
"Nous, nous n’avons pas le droit de quitter notre territoire pour mener des opérations antiterroristes contre les extrémistes en Ingouchie (république voisine du Caucase russe, ndlr). Si vous êtes le maître de votre territoire, alors vous devez le surveiller", a-t-il continué.
No comment
Jeudi soir, le Kremlin refusait toujours de commenter ses propos : "Nous avons vu. Nous avons écouté. Nous avons lu. Je ne ferai pas de commentaires", a scandé le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, cité par l’agence de presse RIA Novosti. Le ministère de l’Intérieur a qualifié lui d’inacceptable les propos du dirigeant tchétchène. Celui-ci assurait jeudi à des journalistes locaux qu’il était prêt à démissionner si le président lui en donnait l’ordre. "S’il faut que je quitte (mon poste), je le quitte, et je suis aussi prêt à mourir", a-t-il affirmé, selon RIA Novosti.
Autorité
Placé à la tête de la Tchétchénie par Vladimir Poutine, Ramzan Kadyrov a plusieurs fois défié son autorité au cours des derniers mois plus ou moins frontalement. Il avait ainsi décidé de mener des représailles contre les familles de combattants islamistes après des violences à Grozny, une décision que le président russe avait désavouée. "Il n’avait pas le droit de faire cela", avait déclaré en décembre M. Poutine. "Tout le monde en Russie doit respecter la loi en vigueur".
Poigne de fer
Âgé de 38 ans, Ramzan Kadyrov maintient l’ordre d’une poigne de fer depuis février 2007, prenant la place de feu son père Akhmad sur décision du président russe de l’époque, Vladimir Poutine. Les organisations et militants pour les droits de l’Homme l’accusent régulièrement d’exactions et de semer la terreur en Tchétchénie, ainsi que d’avoir instauré le culte de sa personnalité et de celle de son père.