Le 7 septembre 2021, Émilie Aubry, en charge de la case géopolitique de la chaîne Arte, invite pour la soirée 11 Septembre le spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain Gilles Kepel, que nos lecteurs connaissent bien (voir en bas).
Avant toute chose, d’où tu parles, Émilie ? À Wikipédia l’honneur des présentations :
Fille de Francois-Xavier Aubry et Martine Ferrand, éditrice chez Grasset, son beau-père est le documentariste et ancien dirigeant d’Arte Pierre-André Boutang. Elle a deux sœurs : la romancière Gwenaëlle Aubry et Adrienne Boutang, spécialiste du cinéma américain et fille de Pierre-André Boutang. (Wikipédia)
Ainsi, on va mieux comprendre son positionnement à la fois intellectuel et géopolitique. C’est important, car ce n’est pas dit sur Arte, qui fait comme si Émilie était neutre. Déjà, elle ne l’est pas, et ensuite, quand on voit le niveau de ses interventions face à ses invités, qui parfois débitent des salades de la taille de la canopée...
L’opération de com’ islamiste
Voici le morceau intéressant, non coupé, de l’entretien avec Gilles. Chez nous, les verbatims sont précis, relus, et non circoncis.
« Ce qui s’est passé le 11 Septembre, les images qu’on voit à l’écran, sont quelque chose de complètement bouleversant, parce que ça introduit le temps du djihad dans le temps universel.
L’inspiration du 11 Septembre a galvanisé un grand nombre de jeunes à travers le monde, y compris des jeunes Européens, des jeunes convertis, ou musulmans d’origine immigrée en France, et leur a donné le sentiment que l’apocalypse de l’Occident était désormais proche et qu’il fallait passer à l’attaque.
La décision du 11 Septembre a été prise quelques années avant, et on en trouve l’origine dans le livre qu’a écrit l’actuel chef d’Al-Qaïda, mais c’est plutôt une organisation squelettique aujourd’hui, désormais le vieux Ayman al-Zawahiri, un médecin égyptien, qui est à l’époque le bras droit de ben Laden, dans un petit livre qu’il a mis en ligne en 98 qui en arabe s’appelle (…) Cavaliers sous la bannière du Prophète.
Il explique que l’échec des djihad en Égypte, en Bosnie, en Algérie dans les années 90 est dû au fait que les masses n’ont pas voulu se mobiliser derrière l’avant-garde, qu’elles avaient peur de l’Occident. Et que donc pour ça, changer cela, il faut faire une opération absolument spectaculaire pour montrer aux masses que l’Occident est un colosse aux pieds d’argile, et c’est, ça l’opération du 11 septembre.
C’est quelque chose qui précipite le vocabulaire, la grammaire de Hollywood au cœur du journal de 20 heures. »
Le mystère de l’avion magique
On ne sait toujours pas comment une bande de va-nu-pieds vivant dans des grottes a pu détourner tous ces gros avions dans le pays le plus fliqué du monde et viser parfaitement, à grande vitesse, trois tours et le Pentagone, sans laisser aucune trace dans le dernier cas...
On appellera ça l’explication islamiste, ou islamophobe, au choix. La version de Kepel a le mérite d’être intrinsèque au monde musulman, mais elle oublie toute la dimension des services de renseignement. Qu’est-ce qu’ils foutaient pendant les préparatifs ? Ah, c’est pour ça qu’on a inventé l’expression les failles du renseignement... Des failles sionistes, diront les mal-pensants.
Conclusion : les Arabes ont tout fait tout seuls, et ensuite, ils se sont pris la foudre américaine sur la gueule pendant 20 ans. L’Amérique n’a fait que se venger en assassinant 500 000 Irakiens et des dizaines de milliers d’Afghans, sans oublier les 388 000 morts sur les champs syriens. Ils l’ont payé cher, cet attentat, les vilains Arabes et autres musulmans.
En termes de rapport, ça ne leur a pas rapporté grand-chose. Le djihad de Kepel a fini dans la poussière. Les leaders islamistes du jihad ont-ils fait le bon choix ? On dirait presque qu’ils ont fait ça pour détruire les pays arabes, avec le recul. En revanche, pour Israël, le grand absent de l’explication képelienne... Mais ne compliquons pas les choses, on est sur Arte, la chaîne de BHL.