« Le nombre et la gravité des blessures occasionnées par les lanceurs de balles de défense (LBD) employés lors des manifestations des Gilets jaunes imposent que la France en suspende immédiatement l’usage, a estimé aujourd’hui la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic.
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“Les blessures occasionnées par des tirs de LBD révèlent un usage disproportionné de la force, ainsi que l’inadaptation de ce type d’arme au contexte d’opérations de maintien de l’ordre”, écrit la commissaire dans ce mémorandum de dix pages. » (Source : Le Figaro)
Autant dire qu’on est tout sauf d’accord avec l’analyse du « spécialiste » du Conseil d’État qui justifie la décision incroyable de l’institution en avançant avec candeur que ces armes peuvent être utilisées dans un contexte de violences et que leur utilisation est sous surveillance interne (les forces de l’ordre) et externe (le juge).
Il est évident que le CE qui valide la violence de la répression de l’exécutif est totalement dépendant du pouvoir, ce qu’on avait pu voir lors de l’interdiction du spectacle de Dieudonné près de Nantes en 2014. À chaque fois que le pouvoir – visible ou profond – en a besoin, la justice va à toute vitesse. Et elle se couche.
Voici un extrait de la décision du Conseil d’État du 1er février 2019 à propos de l’usage des LBD :
« Il [le Conseil d’État] a également relevé que les très nombreuses manifestations qui se sont répétées semaine après semaine depuis le mois de novembre 2018 sur l’ensemble du territoire national, sans que leurs parcours soient toujours clairement déclarés ou respectés, ont été très fréquemment l’occasion d’actes de violence et de destruction. L’impossibilité d’exclure la reproduction de tels incidents au cours des prochaines manifestations rend nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir à ces armes, qui demeurent particulièrement appropriées pour faire face à ce type de situations, sous réserve du strict respect des conditions d’usage s’imposant à leur utilisation, qu’il appartient tant aux autorités nationales qu’aux responsables d’unités de rappeler. »
On y croit !
Le Conseil d'Etat valide en droit l'utilisation du #LBD. Nous rappelons que les forces de l'ordre disposent d'armes prévues par la réglementation et validées par les lois de la République.#LBD40 #GiletJaune #GiletsJaunesParis #Acte12 #ActeXII @CCastaner @NunezLaurent https://t.co/DyiCpCOmx9
— Commissaires Police Nationale SCPN (@ScpnCommissaire) 1 février 2019
Rien de mieux pour diminuer encore dans l’esprit de la population le crédit de cette institution (la justice, pas le CE). Valider la violence du pouvoir, valider les blessures chez les manifestants au motif qu’ils sont violents eux-mêmes, alors que la véritable violence est introduite par le pouvoir via les antifas et autres black blocs – ces auxiliaires de police politique –, résume la dramatique dépendance de la justice française à l’égard du pouvoir politique. La séparation des pouvoirs, elle repassera.
« Elle [Dunja Mijatovic] s’inquiète du “nombre élevé” de tirs d’armes dites de force intermédiaire “alors même que leur cadre d’emploi est restrictif et qu’ils peuvent provoquer de graves blessures” : 12.122 tirs de LBD, 1.428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées et 4.942 tirs de grenades de désencerclement avaient été comptabilisés par le ministère de l’Intérieur à la date du 4 février. Notant que Christophe Castaner lui-même juge nécessaire une révision de la doctrine d’emploi de ces armes, elle recommande à la France de s’en préoccuper “au plus vite” et, en attendant, “de suspendre l’usage du LBD dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre”. »
Pour info, le pseudo-spécialiste du CE Bertrand Périer, qui trouve tout naturel de mutiler le peuple manifestant, est un avocat spécialiste de l’art oratoire. Il s’est fait connaître par son art de l’esbroufe. On ne peut mieux dire.
Du côté du pouvoir, complètement dépassé par les événements, le problème est cornélien : la violence est sa dernière carte. Sans elle, il serait balayé. Et en général, quand un pouvoir tabasse son peuple, les relations entre le haut et le bas ne s’améliorent pas.
L’usage des LBD vu des deux côtés de la barrière
« Ce n’est pas la rue qui commande, contrairement à ce qu’elle croit. »
Samedi lors de l’#ActeXII des gilets jaunes à Paris, on a rencontré un commandant d’escadron de CRS qui assume l’utilisation des LBD.@salhiabrakhlia #Quotidien pic.twitter.com/dgW11IW862
— Quotidien (@Qofficiel) 4 février 2019
"On aura tous peur, encore", une gilet jaune blessée lors d'une manifestation réagit au maintien du LBD pic.twitter.com/kH5nmxTt4U
— BFMTV (@BFMTV) 1 février 2019