C’est une visite préparatoire. C’est ainsi que l’a qualifiée le chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad lequel présidait la délégation invitée à Moscou.Des démarches tangibles devraient lui succéder.
Selon le Hezbollah, ce sont les Russes qui étaient particulièrement enthousiastes pour amorcer cette relation et mettre au point un mécanisme continu qui puisse permettre un échange continu des points de vue et des idées.
Le Hezbollah pas comme les autres
A la lumière des discussions qui ont eu lieu à Moscou, les trois députés du Hezbollah, dont en plus Hassan Fadlallah et Anouar Saheli, ont été ravis d’entendre de la part des Russes des propos très flatteurs : que le Hezbollah n’est pas pour eux à l’instar des autres factions. Il est perçu comme étant l’un des piliers essentiels de la réalité libanaise : comme un parti politique qui jouit d’une situation spéciale tout en prenant en compte ses prolongements libanais, régionaux et internationaux.
Avant de donner sa vision des évènements qui se déroulent dans le monde arabe, la délégation a choisi de présenter un aperçu sur la résistance.
La résistance pour pallier aux interdits de l’armée
« On sait qu’une armée classique, quelque soit l’équipement qu’elle détient ne peut faire face à une armée doté d’un armement des plus sophistiqués... celle-ci ne peut être confrontée que via une guérilla. », a-t-elle indiqué.
Et d’ajouter : « à travers notre expérience, nous avons découvert que cette équation militaire est celle qui convient le plus à la défense de notre pays, surtout qu’il est interdit à l’armée libanaise de se doter du stricte minimum d’équipements militaires ».
Comme exemple, la délégation du Hezbollah a cité la proposition russe faite dans le passé à l’armée libanaise de lui offrir 10 avions de combat de type Mig 29.
« Cette proposition a été torpillée en raison de l’opposition des Américains. En plus cet armement est particulièrement onéreux pour le Liban raison pour laquelle il a suggéré qu’il soit remplacé par des hélicoptères et des munitions », a-t-elle précisé.
La résistance a également été présentée comme étant : « une résistance sage, et non une résistance téméraire, ni une résistance pour la résistance qui porte des armes pour les porter. Cette résistance est parvenue à libérer le sol libanais de l’occupation israélienne en mai 2000. Et de nos jours, malgré la présence de territoires libanais encore sous occupation, en particulier les hameaux de Chébaa et les collines de Kfar Chouba, elle se base sur une stratégie claire : elle est prête et en état d’alerte, mais avec sursis, car c’est une résistance raisonnable qui prend en considération les circonstances, ainsi que les intérêts de son pays et de son peuple ».
Le TSL au coeur des discussions
Les discussions ont également porté sur le tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé d’enquêter sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Là-dessus, les avis étaient partagés. Les Russes ont semblé pour le Hezbollah comme étant engagés dans la résolution du Conseil de sécurité qui l’a créé, malgré les réserves qu’ils ont émis sur les conditions de sa création, en s’abstenant de lui accorder leur vote. Mais ils refusent toutefois toute tentative de le politiser.
Alors que la délégation du Hezbollah a affiché sa position traditionnelle de rejet définitif, le taxant d’outil politique ayant pour but de faire chanter la résistance, et qui s’inscrit dans le cadre du complot tramé contre la résistance au Liban et contre la Syrie aussi.
La délégation a tenu à rappeler que le Hezbollah s’était comporté avec de bonnes intentions lors de la création du TSL, misant sur la possibilité de rectifier son faux parcours pour accéder à la vérité et réaliser la justice. Avant de s’assurer qu’il est politisé, miné par de faux témoignages et infiltrés par les services de renseignements.
Les hôtes libanais ont perçu que les Russes gardent toujours sur l’ensemble dossier libanais leur vision traditionnelle, celle du soutien à sa souveraineté, à son indépendance et sa stabilité.
La priorité russe de la Syrie
En revanche, ils lui préfèrent d’autres dossiers prioritaires à leur yeux : le dossier irakien où ils ont perdu leur rôle, le dossier yéménite qu’ils viennent d’entamer, et le dossier libyen sur lequel ils ressentent avoir été trompés.
Raison est-il, et pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs, ils ont placé la Syrie en tête de leurs priorités. Décidant de couper court à toutes les tentatives via le Conseil de sécurité d’imposer un embargo internationale ou de lui assener une action militaire.
Ils sont pleinement conscients que le veto qu’ils ont opposé dernièrement a gêné les Occidentaux et qu’ils font l’objet de pressions visant à les embarrasser en les présentant comme étant hostiles aux revendications des peuples qui veulent le changement.
La Syrie est victime d’un complot
Selon eux, la Syrie est bel et bien victime d’un complot qui vise à renverser le régime, et non à y effectuer des réformes. Ce qui explique le veto qu’ils ont dernièrement opposé. Mais ils ont exprimé leur surprise que le Liban n’ait pas fait de même.
Leur conviction sur un complot tramé contre la Syrie n’est pas fondée sur une analyse des faits mais sur des informations et des données : ils ont entendu de leurs propres oreilles les français et les Britanniques leur demander d’œuvrer pour renverser Bachar El Assad.
Les Russes ont fait part à la délégation du Hezbollah que la situation en Syrie est en train de s’améliorer et que le régime syrien se trouve dans une situation meilleure qu’auparavant. Ils se sont dit être rassurés sur son avenir surtout que les démarches qu’il a prises, dont son aptitude à entamer le dialogue avec les factions de l’opposition pacifique, sachant qu’il est parvenu à maitriser la situation sur le terrain.
Sur ce sujet, le Hezbollah s’est également a donné son avis. Affirmant soutenir les revendications de reformes dans le monde arabe, il est persuadé que la Syrie fait l’objet d’un complot. « Depuis que le président Bachar ElAssad est accédé au pouvoir, en 2000, il a promis au peuple syrien des réformes radicales. Mais dès le début, son pays était visé par l’Acte de responsabilisation de la Syrie promulgué aux Etats-Unis, puis par la résolution 1559, puis par le complot de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, et puis par la guerre 2006. »
Le délégation du Hezbollah a estimé qu’on ne lui a jamais laissé l’occasion de mettre à exécution sa vision de réformes. Et de signaler que « Bachar El Assad, à l’instar de son père, ne peut entamer de reformes qu’a la lumières des intérêts de la Syrie, et non point sous la pression des exigences occidentales ».
Sur quoi les Russes étaient tout à fait d’accord.