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Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

Christophe Colomb n’a jamais eu à démontrer que la Terre était ronde. Car tout le monde le savait déjà. Et depuis longtemps ! C’est ce que confirme l’ouvrage d’un historien américain, Jeffrey B. Russel, qui met à mal bon nombre d’idées reçues sur les géographes du Moyen Âge et de l’Antiquité. Il commence par constater que les auteurs médiévaux affirment la rotondité de la Terre, comme le faisait Platon. Il examine ensuite l’apparition du mythe moderne selon lequel le Moyen-Age croyait la Terre plate. En fait ce sont des évolutionnistes libéraux américains qui ont créé de toutes pièces ce mythe aujourd’hui repris dans la presse et dans les manuels scolaires.

En cette année anniversaire de la découverte du Nouveau Monde [1], c’est un véritable déluge de publications qui s’abat sur nous ; à cette occasion, nombre d’idées reçues sont remises en question. L’une d’elles, selon laquelle les contemporains de Christophe Colomb croyaient que la Terre était plate, a trouvé son historien, Jeffrey B. Russel, dans un petit ouvrage décapant qui vient d’être publié aux États-Unis [2].

Considérons le cas de Christophe Colomb : les historiens ont depuis longtemps dénoncé la fable selon laquelle il aurait dû affronter les foudres des docteurs de Salamanque pour avoir osé prétendre que la Terre était ronde – sans quoi le passage des Indes par l’ouest était inconcevable. Certes, le découvreur a eu ses détracteurs et ses opposants, mais leurs arguments tenaient aux probabilités d’échec de l’entreprise.

Et ils avaient raison, puisque la distance qui sépare les îles Canaries du Japon est de deux cents degrés de longitude, là où Colomb, pour avancer son projet, voulait n’en voir que soixante. Mais nulle part dans ces discussions il ne fut question d’une sphéricité que le navigateur aurait dû démontrer.

Déjà au XVème siècle, l’affaire était entendue. La Géographie du Grec Ptolémée (90-168) est traduite en latin en 1410. Or cet ouvrage ne laisse subsister aucun doute sur la rotondité de la Terre : il est tout entier fondé sur le quadrillage de la sphère en degrés de latitude et méridiens de longitude.

Et le cardinal Pierre d’Ailly en a bien retenu toutes les leçons dans son Image du monde écrite en latin dès 1410. Mais avant ? Là où les médiévistes ont souvent été plus évasifs, Jeffrey Russell nous invite à voir partout et toujours la même représentation, les mêmes comparaisons. Pour les uns, la Terre est un œuf ou une balle, pour d’autres, une pomme ou une pelote.

 

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Sur cet exemplaire de la Géographie de Ptolémée, imprimé à Ulm en 1482, on voit l’auteur tenant le globe terrestre (Bucarest, Musée national d’histoire)

 

Pour les philosophes John Holywood ou Thomas d’Aquin au XIIIème siècle, Jean Buridan ou Nicolas Oresme au XIVème, nul doute n’est possible. Ces deux derniers évoquent même la rotation de la Terre sur elle-même !

Faut-il remonter plus avant vers les « siècles obscurs », pour reprendre une expression chère aux Anglo-Saxons ? Là où un Isidore de Séville (mort en 636) semble entretenir certaines réserves, Bède le Vénérable au VIIIème siècle et Scot Erigène au IXème sont catégoriques : la Terre est ronde. Ils ne font d’ailleurs pas preuve d’originalité, puisqu’ils reprennent la tradition scientifique des compilateurs de l’Antiquité tardive, notamment Martianus Capella dont les Noces de Mercure et Philologie, écrites vers 420, connaissent une très large diffusion au Moyen Âge. Or Martianus affirme lui aussi sans ambages : « Elle [la Terre] n’est pas plate, elle est ronde. »

Il semble donc y avoir durant tout le Moyen Âge occidental unanimité sur la question.

Non sans quelques problèmes pour les philosophes et les cartographes. Ceux-ci veulent en effet représenter un œkoumène (l’ensemble des terres habitées) conforme aux connaissances de la période et, d’autant que possible, à la tradition biblique et évangélique. Dès lors, que Jérusalem soit au centre du monde ou le paradis à l’est, c’est une simple convention cartographique. Le géographe arabe Al Idrisi ne place-t-il pas, au XIIème siècle, La Mecque au centre de sa carte ? Et, au XXème siècle, ne discute-t-on pas encore de la « juste » représentation de l’hémisphère sud sur nos modernes mappemondes ? Plus délicat est le problème de la conformité aux enseignements de l’Église selon lesquels les Apôtres ont apporté la Parole « aux quatre coins du monde ». Car il faudrait que le Terre soit plate pour posséder quatre coins.

Ainsi s’explique l’hésitation d’Isidore de Séville ; pourtant saint Augustin lui-même (354-430) avait mis en garde contre le danger d’utiliser le sens littéral de l’Écriture. Lorsque les cartographes médiévaux nous présentent une Terre d’apparence plate et circulaire, c’est donc certainement une convention cartographique, parfois l’illustration d’une certaine tradition biblique, mais jamais la représentation d’un soi-disant dogme de la « Terre plate ».

D’où vient alors ce mythe, puisque mythe il y a ? De l’exploitation qu’on a faite, au XIXème siècle, de certains textes de l’Antiquité tardive. Cette époque avait bel et bien connu deux « théoriciens » de la Terre plate : Lactance (vers 265-345) d’abord, polémiste crédule, qui s’oppose ouvertement à la pensée scientifique (et païenne) de son époque, au moyen d’arguments simples mais combien efficaces : « Y a-t-il quelqu’un d’assez extravagant pour se persuader qu’il y a des hommes qui aient les pieds en haut et la tête en bas […] et que la pluie et la grêle puissent tomber en montant ? »

Darwin contre l’Église

Puis, deux siècles plus tard, en Égypte, Cosmas dit « Indicopleustès » (« le voyageur des Indes »), retiré dans un monastère du Sinaï, rédige sous le titre de Topographie chrétienne une vaste compilation géographique où la Terre plate occupe une place importante. Il faut cependant savoir que cet ouvrage volumineux, rédigé en grec et aux marges orientales de la Chrétienté, ne nous est connu aujourd’hui qu’à travers trois manuscrits médiévaux complets. Critiqué à Byzance dès le IXème siècle par le patriarche Photius, il est totalement ignoré de l’Occident médiéval. La première traduction latine de Cosmas date de 1705 ! Et c’est cet auteur, tout à fait marginal dans le monde grec et inconnu du monde latin, qui deviendra au XIXème siècle le symbole de l’obscurantisme médiéval !

Car ces visions farfelues du monde seraient restées aussi chimériques que les descriptions contemporaines de cynocéphales (hommes à tête de chien), si elles n’avaient été reprises par les positivistes et « progressistes » du XIXème siècle. La démonstration de Jeffrey Russell est ici tout à fait originale et convaincante.

S’il n’y a jamais eu de mythe médiéval de la « Terre plate », il y a bel et bien eu une légende moderne du « dogme médiéval de la Terre plate ». Russell traque son apparition puis sa diffusion, en France et aux États-Unis, tout au long du XIXème siècle ; il démasque à l’occasion quelques « coupables ».

Coupable, le premier, le romancier américain Washington Irving (1783-1859), dans un pastiche historique sur la vie de Christophe Colomb, publié pour la première fois en 1828.

 

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Washington Irving

 

Irving invente de toutes pièces une scène qui deviendra célèbre, dans laquelle le navigateur doit se défendre contre l’obscurantisme des docteurs de Salamanque incapables d’admettre que le Terre fût ronde [3].

Le roman connaît un immense succès et contribue à accréditer, outre-Atlantique, la vision d’une Église catholique dogmatique et intolérante. Coupable encore, en France, à la même époque, le très respecté Antoine-Jean Letronne (1787-1848), directeur de l’École des Chartes et professeur au Collège de France, qui dans la Revue des deux mondes, avance l’idée d’un dogme de la Terre plate chez les Pères de l’Église et d’une interprétation littérale de la Bible au long du Moyen Âge.

Coupables surtout, aux États-Unis à nouveau et principalement pendant la seconde moitié du XIXème siècle, nombre d’esprits libéraux qui souhaitent réfuter les arguments anti-évolutionnistes de l’époque. Nous sommes en effet en plein débat autour des thèses de Darwin sur l’évolution des espèces, que l’Église se refuse à admettre. Quoi de mieux, dès lors, pour combattre son étroitesse de vues, que de stigmatiser un obscurantisme plus général, dont le pseudo-dogme médiéval de la Terre plate deviendrait une sorte de cas exemplaire ? C’est la voie que suivent sans hésiter certains auteurs américains dans des ouvrages dont les titres à eux seuls sont tout un programme : Histoire du conflit entre religion et science de John Draper (New York, 1874) ou Histoire du combat entre la science et la théologie dans le Christianisme d’Andrew White (New York, 1896)…

L’idée d’un dogme médiéval de la Terre plate se diffuse dès lors dans les ouvrages de vulgarisation et les manuels scolaires. Elle correspond si bien à l’image que l’on se fait du Moyen Âge au temps de Victor Hugo ou de Jules Michelet qu’on la reçoit sans discussion.

Tant et si bien que malgré toutes les réfutations modernes, un auteur à succès pourtant bien informé comme Daniel Boorstin perpétue encore aujourd’hui ce mythe [4].

Preuve, s’il en était besoin qu’un petit essai comme celui de Jeffrey Russell est d’actualité et mériterait d’être traduit en français sans délai.

Michel Hébert, L’Histoire n°159, octobre 1992

Sur l’évolutionnisme, chez Kontre Kulture :

Notes

[1] Article publié pour la première fois dans la revue L’Histoire en 1992, ndlr

[2] Jeffrey B. Russel, Inventing the Flat Earth. Colombus and Modern Historians, New York – Wesport – Londres, Praeger, 1991.

[3] Washington Irving, The Life and Voyages of Christopher Columbus, rééd. Boston, J.H. Mc Elroy, 1981.

[4] Daniel Boorstin, The Discoverers, New York, 1983, trad. française, R. Laffont, 1988.

 






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  • #463337
    Le 14 juillet 2013 à 23:59 par Iskandaar
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    Le calendriers Maya est le plus précis au monde, les pyramides d’Egypte ou de meso-amérique sont alignées de manière extrêmement précises sur les cycles astraux... Et j’en passe... Si j’étais un de ces scientifiques je trouverais ça miraculeux de la part "d’ignares" sensés croire que les planètes sont plates.

    Mais chut, il ne faut pas déranger la catéchèse positiviste...

     

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    • #466381
      Le Juillet 2013 à 07:46 par MagnaVeritas
      Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

      Je confirme. Je suis un scientifique, je suis persuadé que les anciennes civilisations détenaient des connaissances bien plus profondes que ce que la doxa prétend aujourd’hui (il est évident que l’existence des pyramides, des moai, ou même de stonhenge, pour ne citer que ces constructions-là, balaie ces inepties d’un revers du petit doigt) , et je suis bien seul à penser cela.
      Les mythes progressisto-positivistes sont légion dans les milieux scientifiques, sauf chez certains originaux.

       
  • #464051
    Le 15 juillet 2013 à 21:51 par Heureux qui, comme Ulysse...
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    C’est toute l’histoire de l’humanité qu’il faut repenser à l’aune d’une culture scientifique profonde. Le Moyen Age est probablement la période récente la plus faste en matière scientifique !
    Il est grand temps de devenir adulte et de cesser de croire les "historiens du Temple", si la masse continue à voir des tombeaux et des chandeliers, aucun espoir n’est permis.
    Il faut envisager tout ce qui nous est donné (vendu) à voir par le prisme de la fonction technique des choses, pas au travers des interprétations qui en sont faites. Les textes sacrés renferment des vérités scientifiques qui feraient passer les plus érudits pour des crétins... pour peu que l’on ait appris à lire entre les lignes ! Qui, à part les plus spirituels d’entre-nous (la véritable élite) peut le comprendre ?
    C’est tellement simple, la technologie rend rend idiot et provoque la désolation et la mort partout, la science, qui s’appuie sur une économie du peu, rend meilleur et fait grandir.
    Quel choix de société pour demain ? La balle est dans notre camp, saurons-nous la saisir ?

     

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  • #464926
    Le 16 juillet 2013 à 19:26 par Michou
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    Je pense pas que ce soit une "grande" nouvelle. Les grecs avaient déjà démontré que la Terre était ronde grâce au fait qu’ils voyaient disparaitre les bateaux à l’horizon

     

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  • #465039
    Le 16 juillet 2013 à 21:06 par maxback
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    Imaginez quand même qu’une blonde américaine sur un plateau de télévision du style qui veut gagner des millions ne savait pas que la France était un pays alors inutile de dire que le connard de base tu lui fait manger n’importe quoi à ce niveau de lobotomie.

    Seul les gens cultivés et intéressés possèdent le minimum requis en astronomie (ne serais-ce que citer les planètes dans l’ordre de distance au soleil ... rien que ça ... sans google ça va de soit), est-ce que des gens savent encore reconnaître des constellations même les plus évidentes (grande ourse, orion ...) ? J’en doutes.

    Partant de là, il est plus simple de comprendre comment on enfume les masses. Sachant que la majorité est censé détenir le vrai, celui qui doute passe pour un allumé de la cafetière et généralement il se range et éviter de la ramener. Surtout si on lui indique qu’il pourrait éventuellement se faire cramer vivant pour hérésie voir écartelé par quatre chevaux en pleine forme physique.

     

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    • #466375
      Le Juillet 2013 à 07:35 par MagnaVeritas
      Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

      Citer le nom des planètes dans l’ordre n’a strictement aucun intérêt sinon celui de montrer ta pédanterie de complotiste typique, comme je l’ai déjà analysé ailleurs.

       
  • #465213
    Le 16 juillet 2013 à 23:08 par cyber
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    oui pas étonnant, de toute manière notre planète a connue des civilisations avancées, faut pas croire que les centaines de pyramides et autres structures dans le monde ont été construites par une bande d’ignares qui ne savaient rien sur rien, ils savaient parfaitement que la Terre était ronde xd

     

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  • #465703
    Le 17 juillet 2013 à 16:18 par torquefada
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    Réponse à la Passant : je dois avouer que j’ai trouvé cette citation dans le traité d’Athéologie d’Onfray, et je doute tout de meme qu’il ait pu faire une fausse citation . Pendant le millénaire du Moyen Age l’Eglise a interdit la dissection des cadavres qui aurait empèché la ...Résurrection ! D’ou la stagnation de la médecine au Moyen Age . Ce n’est qu’à la fin du Moyen Age que les médecins ont pu commencer à disséquer et que la médecine a pu progresser . C’est un exemple de l’obscurantisme créé par une croyance .

     

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    • #466374
      Le Juillet 2013 à 07:33 par MagnaVeritas
      Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

      C’est faux, de toute façon le confray n’a pas le niveau. Il est intellectuellement extrêmement limité et je l’ai déjà tué dans l’un de mes textes. Inutile de citer des morts-vivants.

      Déjà, à cette époque, la médecine n’était pas le monopole des médecins. Les "médecines alternatives" existaient bien avant la médecine allopathique qui n’a jamais cessé de tenter de ridiculiser les guérisseurs, herboristes, etc. pour de simples questions de concurrence de marché.

      Voir mon autre message qui démonte en trois lignes le myhte de la vie plus longue dans la modernité.

      En bonus, je défie le confray de prouver que la dissection n’empêche pas la résurrection.
      De toute façon, t’as cru que les anatomistes de la renaissance effectuaient leur boucherie sur des nobles ?

       
  • #466141
    Le 17 juillet 2013 à 23:18 par Pseudo
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    Quel rapport avec Darwin, qui n’a jamais pris position pour ou contre la religion et qui s’est contenté de poser les bases de la biologie moderne, telle qu’elle est appliquée et vérifiée tous les jours dans tous les laboratoires de recherche du monde ?

     

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  • #466371
    Le 18 juillet 2013 à 07:27 par MagnaVeritas
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    Ah bon, certains en sont encore là ?
    Quand on dégagera l’immonde manuel de fernand satan, on se rendra peut-être compte de tout ça, et aussi du fait que cléopâtre était une pute de luxe qui se tapait sa garde personnelle à longueur de journée, et autres faits du genre.

     

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  • #467253
    Le 19 juillet 2013 à 00:33 par GrosChat
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    Il existe aussi l’ouvrage de Gavin Menzies : 1421, l’année où la Chine a découvert l’Amérique, qui explique très bien comment les chinois et leurs jonques ont exécutés une circum-navigation, établis des colonies, avec des cartes dont les portugais et les espagnols se sont procurés des copies. Colomb savait où il mettait les rames...
    GrosChat.

     

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  • #468103
    Le 20 juillet 2013 à 00:54 par bangbang
    Le Moyen Âge n’a jamais cru que la Terre était plate !

    "et pourtant, elle est ronde !"

     

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