Le fondateur du Puy du Fou s’insurge contre « l’arrêté liberticide » du ministère de la Culture qui, « sous la pression de la CGT-Spectacle », menace l’existence même du Puy du Fou.
« Il faudra des autorisations annuelles, un registre, un pointage central, etc. Il n’est pas question de remplacer les bénévoles par des professionnels. Or, le Puy du Fou est un démenti vivant à l’opposition entre amateurs et professionnels. C’est le principe même de cette idéologie mortifère qu’il faut dénoncer : c’est le principe de la gratuité dans la société qui est menacé. Une société sans gratuité est une société qui meurt de froid ! Ces gens-là sont des dinosaures du soviétisme ! »
Philippe de Villiers, vous avez visé ce matin un arrêté du ministère de la Culture encadrant davantage l’activité du bénévolat dans le spectacle vivant. Pour quelle raison avez-vous déclaré que cela programmait la mort du Puy du Fou ?
À la demande et sous la pression de la CGT spectacle, le ministère de la Culture a repris un vieux projet qui consiste à dire que ce que les bénévoles font dans le spectacle vivant est soustrait au travail des professionnels salariés, et notamment des intermittents.
Cet arrêté liberticide apporte des éléments nouveaux d’encadrement à ce que le ministère appelle « la pratique amateur », pour ne pas prononcer le mot bénévolat.
Premièrement, pour interpréter un spectacle vivant, il faudra une autorisation annuelle du ministère de la Culture. Elle prendra la forme d’une convention dont on connaît mal encore le cahier des charges. On sait déjà qu’il faudra donner l’identité et la nature du spectacle. Je crains le pire !
Ensuite, il faudra un pointage des acteurs. Pour le Puy du Fou, c’est 4 000 membres actifs ! Imaginez le pointage avec un grand registre central à la régie du Puy du Fou. C’est de la folie pure !
Et enfin, le plus grave est que le nombre de séances est contingenté par bénévole et pour l’ensemble. On ne peut pas aller au-delà de huit séances avec des bénévoles. Chaque bénévole ne peut pas participer à plus de trois spectacles dans l’année. Le Puy du Fou ne peut pas appliquer cet arrêté. C’est donc la fin du Puy du Fou !
À la suite de l’article paru dans Le Figaro, le ministère de la Culture s’est ébroué. Il semblerait que l’arrêté pourrait être aménagé pour qu’il soit praticable sans être liberticide.
Si cet arrêté est mis en place, on peut imaginer qu’un spectacle comme La Cinéscénie aura beaucoup de mal à se jouer…
Ce sera fini. Il n’est pas question de remplacer les bénévoles par des professionnels.
Le Puy du Fou n’est que la pointe-de-diamant. C’est le principe même de bénévolat culturel, voire social, qui est dans l’œil du cyclone, de même que le principe de la gratuité dans la société.
Une société sans gratuité est une société qui meurt de froid. Derrière tout cela, il y a une idéologie mortifère. Il faut la dénoncer. C’est la raison pour laquelle ce matin j’ai lancé avec d’autres un appel dans Le Figaro. Pour l’instant, beaucoup de gens naïfs ne se sentent pas concernés. Ils vont très très vite comprendre. Toutes les chorales par exemple vont disparaître.
La CGT est l’idiot utile du capitalisme. Comment le voyez-vous ?
Leur attitude est aberrante. Le Puy du Fou a 600 intermittents du spectacle. Opposer les professionnels aux bénévoles dans le spectacle vivant est une aberration. Le Puy du Fou apporte un démenti vivant à cette opposition. Ces gens-là sont des dinosaures de l’Union soviétique qui ne pensent que par l’Ancien Monde du soviétisme. Ils appellent la pratique amateur, l’ennemi du professionnalisme. À chacun son statut des cheminots.