Aussi charismatique qu’intraitable sur l’orthodoxie religieuse, l’ancien grand rabbin de France Joseph Sitruk, guide spirituel de la première communauté juive d’Europe pendant plus de vingt ans, est mort dimanche à Paris à l’âge de 71 ans.
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« Que sa mémoire soit bénie », a réagi le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dans un tweet faisant part de sa « tristesse », tout comme l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, qui se souvient « de longues discussions tout au long de ces années » et des « souvenirs de Tunisie » partagés.
Côté politiques, l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy a estimé dans un tweet qu’« avec la mort du grand rabbin de France Sitruk, la République perd une grande figure, ayant marqué durablement le judaïsme français ».
Pour le candidat à la primaire de la droite Alain Juppé « la France perd un grand homme de dialogue ».
Le chef de file des députés PS Bruno Le Roux a, lui, salué un homme « avec qui c’était toujours avec plaisir et joie que se menait l’échange ».
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Se disant favorable à « une société ouverte, contre toute forme de ghetto », il a défendu l’intégration des juifs mais pourfendu leur assimilation, voulant « rejudaïser les juifs » en les ramenant dans les synagogues.
Ce rabbin marié et père de neuf enfants a prôné une stricte observance de la loi juive, la halakha, se montrant intransigeant sur les conversions, les mariages mixtes, le repos du shabbat ou dans la condamnation de l’homosexualité.
Il a également été critique d’une « laïcité intolérante » au risque de se heurter aux usages républicains, comme en 1994 lorsqu’il a appelé les juifs pratiquants à ne pas participer au second tour des élections cantonales, au motif qu’il coïncidait avec le premier soir de Pessah, la pâque juive.
Il avait à nouveau provoqué la polémique en juin à propos de la Gay Pride de Tel Aviv, qu’il considérait comme une « tentative d’extermination morale du peuple d’Israël ».
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Revoir le passage de Joseph Sitruk dans l’émission Tout le monde en parle de Thierry Ardisson le 17 juin 2006 :
L’homophobie du rabbin Sitruk sur Radio J
Chaque vendredi matin sur Radio J, l’ex-Grand rabbin de France Joseph Sitruk propose une chronique de quelques minutes. Le 3 juin 2016, jour de la Gay Pride de Tel-Aviv, c’est un torrent d’homophobie qu’il a déversé en toute impunité à l’antenne de la fréquence juive, Radio J se métamorphosant alors en Radio CourtoiJ.
Une bonne chronique radio, tout comme le sermon d’un rabbin, se doit de démarrer par une accroche forte. Joseph Sitruk, malgré sa santé fragile après plusieurs AVC et la maladie qui le frappe, a conservé ses réflexes en la matière. Avec une introduction ne laissant nul doute sur la teneur à venir de ses propos, toute en empathie et compréhension pour les juifs homosexuels. L’esprit apaisant du shabbat s’annonce sur les ondes de la radio juive : « La Torah considère l’homosexualité comme une abomination et un échec de l’Humanité ».
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La suite de son intervention est à l’avenant, axée sur la Gay Pride de Tel-Aviv, qui « rabaisse au rang le plus vil » Israël, « initiative de tentative d’extermination morale » de son peuple. Et concluant en beauté sur le mode djihad : « J’espère que les auditeurs écouteront mon appel au secours et réagiront de façon radicale à une telle abomination ».
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On passera sur la « mise en onde » surréaliste de cette chronique, offrant en spectacle aux auditeurs la voix d’un homme affaibli par la maladie, entre extrait sonore d’un épisode de Star Wars et parodie d’un discours de Bouteflika.
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Quant à la question sioniste pour Joseph Sitruk, Emmanuel Ratier rapporte dans son Encyclopédie politique française, Tome II, page 800 :
Pour lui, le soutien à Israël est naturel. Au cours d’un voyage en Israël, il confiait au Premier ministre Yitzhak Shamir le 8 juillet 1990 : « Chaque Juif français est un représentant d’Israël [...] Soyez assuré que chaque Juif en France est un défenseur de ce que vous défendez ». Par la suite, il participera aux voyages organisés par le Likoud de Jacques Kupfer (extrême droite ultra sioniste), notamment en mai 1998. Il trouve, en effet, dans les écrits religieux la justification des prétentions de l’État hébreu, notamment sur Jérusalem : « Israël n’a pas de leçon à recevoir de personne. Le nom de Jérusalem revient 718 fois dans la Bible. [...] Jérusalem est juive, point final (Tribune Juive, 26 mars 1997) ».