Dernier agriculteur à cultiver des terres sur le territoire de la ville de Lyon, dont il vend la production sur les marchés du 9e arrondissement et Saint-Cyr au Monts d’Or, Louis-Pierre Perraud va pouvoir partir à la retraite à 61 ans et quitter la ferme qui l’a vu naître.
Les habitants du 9e arrondissement de Lyon continueront de croiser le célèbre tracteur rouge de Saint Rambert sur le pont Schumann. La ferme Perraud a trouvé un repreneur et Louis-Pierre, quatrième génération à exploiter les lieux en fermage, va pouvoir partir à la retraite le cœur léger, autant que les vertèbres usées. Celui qui est aujourd’hui le dernier paysan à travailler la terre dans la capitale de la gastronomie n’a finalement pas eu à chercher bien loin. L’heureux élu est un jeune ingénieur agronome qui a travaillé sur la ferme et ses 5 hectares de terres lyonnaises, pour une quinzaine exploitée au total. Mais le sexagénaire reste prudent. De son bureau où il épingle les tickets de caisse, il a vu plusieurs plans de reprise échouer depuis deux ans qu’il pense à la passer la main.
« J’ai 61 ans mais je pouvais partir l’an dernier déjà, car je suis en carrière longue », raconte celui qui a commencé en alternance agricole à 14 ans, mais aidait déjà ses parents depuis l’âge de 12 ans et le grave accident de son oncle. « C’était comme ça dans les fermes on donnait un coup de main, se souvient-il. Ensuite j’ai passé mon brevet d’études professionnelles agricoles à Anse ». Louis-Pierre alterne alors les périodes de théorie et de pratique, rentrant régulièrement sur un plateau de Saint-Rambert encore largement agricole, où étaient implantées une dizaine de fermes. « La nôtre aurait dû disparaître en 1980, avec les autres, raconte celui dont l’arrière-grand-père louait déjà les lieux en 1896. Nous étions dans le projet de ZAC au-dessus, mais mon père s’est battu, on est même allé manifester et on a réussi à garder la ferme ».
125 ans de Perraud à Saint-Rambert
Et c’est peu dire que le béton a poussé autour de la ferme Perraud depuis qu’il a pris la succession de son père en 1984. Il y a notamment eu du changement paysager, avec la cité Édouard Herriot qui a poussé en surplomb dans les années 80. Administratif aussi lorsque la commune de Saint Rambert a été rattachée à la ville de Lyon un an après sa naissance en 1962. « L’autre jour, un gars des impôts m’a demandé ma commune de naissance, il ne la trouvait pas dans le registre informatique », sourit l’intéressé. Il n’aurait pas non plus trouvé l’établissement de naissance de Louis-Pierre. « Ma mère m’a mis au monde là-haut, raconte-t-il en indiquant l’étage qui surplombe la sombre coursive où ses deux bergers allemands se lovent sur la fraîche pierre polie par les ans. En 62, il y avait des maternités, elle aurait pu, mais elle a dit à la sage-femme : “puisque les deux autres sont nés là lui aussi” ».
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