Le Conseil constitutionnel a amputé le pacte de compétitivité mais presque validé la réforme de Christiane Taubira. Apparemment, il se montre plus regardant pour le social que pour le pénal !
Au sujet de ce dernier, on n’a pas assez dénoncé la promotion-sanction du général Soubelet appelé à diriger la gendarmerie d’outre-mer. On lui a fait scandaleusement payer sa lucide intervention - alors qu’il était le numéro trois dans la hiérarchie de la gendarmerie - devant une commission parlementaire de l’Assemblée nationale : il avait notamment souligné "le décalage entre la progression des interpellations de délinquants (+ 4%) et la diminution du nombre des incarcérations (-33%)". Ce constat accablant pour le garde des Sceaux n’a pas plu au ministre de l’Intérieur Valls qui désirait qu’elle fût ménagée (Le Figaro Magazine, Valeurs actuelles).
Comment ne pas approuver ce général surnommé "général courage", tant aujourd’hui il convient de féliciter celui qui ose proférer les vérités même les plus criantes, les plus évidentes ?
Deux tragédies criminelles récentes, chacune avec sa spécificité de lieu et d’action, ont montré à quel point la France endure le hiatus entre une réalité trop souvent terrifiante et un humanisme conseilleur mais des victimes pour payeurs.
À Dolomieu (Isère), après le braquage d’un tabac-presse le 29 juillet commis par deux malfaiteurs, Hugo Villerez, courageux client, était abattu parce qu’il tentait d’intervenir à l’extérieur pour permettre l’interpellation de l’un d’eux.
Mukaël Erdem, qui s’est vu reprocher cet acte, a été mis en examen, notamment pour vol accompagné de violences ayant entraîné la mort, puis incarcéré. De même que Morgan Vert qui l’accompagnait et s’est malheureusement suicidé en se pendant.
Une troisième personne qui aurait fourni l’arme a été mise en examen du chef de complicité et placée sous contrôle judiciaire.
Un immense émoi après ce désastre humain : près de 700 personnes aux obsèques de la victime.
À l’Alma, dans un quartier de Roubaix déshérité dont les habitants se sentent abandonnés par les pouvoirs publics, un père de famille de 27 ans unanimement apprécié, courageux - il avait sauvé quelqu’un d’une noyade - a été tué par deux jeunes gens qui faisaient des rodéos en pleine nuit avec une voiture volée et qu’il avait interpellés de sa fenêtre pour les faire cesser.
Ulcérés, ils l’ont cherché puis trouvé dans cet immeuble délabré et au moins un coup de couteau dans la gorge lui a été porté avec un effet mortel.
Rapidement, l’un des protagonistes a été interpellé puis l’autre s’est livré plus tard : petit délinquant pour le premier, selon le procureur adjoint de Lille, et jeune majeur au casier chargé pour le second.