Sans rejeter formellement la politique de neutralité, Belgrade développe activement une coopération avec l’OTAN. Le 19 février, le président serbe Tomislav Nikolić a signé l’accord IPAP (Individual Partnership Action Plans – Plans d’action de partenariat individuel) avec l’Alliance, qui stipule que la Serbie est obligée d’accorder un droit de libre circulation aux troupes de l’OTAN sur son territoire et leur garantir l’immunité.
Le personnel de l’OTAN bénéficie désormais de l’immunité en cas de mauvaise conduite et d’actes criminels. Les militaires ne paieront ni taxes, ni péages, ni frais de douane, ni loyer, ni taxes d’aéroport et autres charges. L’OTAN a accès à toutes les installations publiques et privées en Serbie. Selon l’accord, un pays partenaire expose ses objectifs de réforme et indique les lieux où l’OTAN peut apporter son assistance pour atteindre ces buts. Autrement dit, c’est l’OTAN, et non le gouvernement et le parlement nationaux, qui émettra les directives pour la réforme de l’armée serbe et les missions auxquelles elle sera formée. C’est un grand pas sur la voie de la perte de sa souveraineté pour la Serbie. Une fois l’accord en vigueur, elle ne sera plus le pays indépendant que le monde a connu.
Le 20 février, des militants patriotiques de la République de Serbie se sont rassemblés devant l’ambassade de Russie à Belgrade pour manifester pacifiquement leur opposition à la coopération de leur pays avec l’OTAN. Plus de 2000 personnes portant des drapeaux serbes et russes se sont rassemblées devant la mission russe. Beaucoup ont exprimé leur indignation à propos de la mort de deux diplomates serbes enlevés en novembre dernier, et tués lors de frappes aériennes sur la Libye le 19 février.
Regarder de plus près la relation de la Serbie avec l’Alliance montre que le rapprochement a commencé il y a longtemps et a progressé sans beaucoup attirer l’attention de la population.