Le procès d’un ex-magistrat, accusé d’avoir proposé à des internautes des relations sexuelles imposées avec sa fille de 13 ans, sans être passé à l’acte, s’est ouvert vendredi matin au Tribunal correctionnel de Besançon en l’absence du prévenu.
Le magistrat et père de trois enfants est poursuivi pour « instigation non suivie d’effet » à « commettre un viol sur mineur » et une « agression sexuelle sur mineur », ainsi que pour « instigation à la corruption de mineur non suivie d’effet ».
Les faits se sont déroulés entre octobre 2019 et juin 2020, moment de son placement en garde à vue, et concernent sa fille née en 2007. Les deux premiers délits sont passibles de sept et trois ans d’emprisonnement. (Le Matin)
Décidément, la tentation malsaine de la pédocriminalité ne connaît pas de frontières, ni géographiques ni sociales. Il s’agit, selon Riposte laïque, du juge Olivier Bailly, et de son épouse magistrate Sophie Véjux.
Enquête sur le juge pédophile : comment nous avons démasqué Olivier Bailly.https://t.co/wYOcUBdXzF pic.twitter.com/ns2W95wrfC
— LYDIE-FRANCE (@LYDIE_FRANCE) September 13, 2020
À l’audience devant le CSM, sa défense avait évoqué un « traumatisme » lié à l’affaire Pierre Bodein, le multirécidiviste surnommé « Pierrot le fou » et condamné définitivement à la perpétuité incompressible pour trois meurtres sauvages et deux viols commis en 2004. Il était avocat général lors du procès d’assises en 2007.
Ce traumatisé datant de 15 ans est une chance pour Olivier Bailly, qui n’affrontera pas ses juges. Une sacrée mansuétude ! La justice traite quand même bien ses ouailles. Quant à son épouse, Sophie Véjux, elle a été mise hors de cause, selon Le Matin.
S’il s’agit bien de Sophie Bailly-Véjux, c’est quand même la présidente du tribunal d’instance de Dijon. Elle a participé, les 30 et 31 janvier 2019, à un colloque organisé par le ministère de la Justice) et ayant pour titre : « Parole non sexiste, équilibre des temps de vie, mixité »... On y a parlé, entre autres, de la « prévention et de lutte contre les violences conjugales ».
Sophie Bailly, présidente du tribunal d’instance et madame Gauthier, directrice des services du greffe, ont fait partager la réflexion approfondie qu’elles mènent sur la question de l’égalité femmes/hommes, en expliquant de manière très concrète les dispositifs qu’elles ont mis en place, afin de faciliter la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale. Elles ont pointé la difficulté que soulignent également très souvent d’autres magistrats et fonctionnaires : celle de l’absence de compensation du temps partiel.
Dans un esprit constructif, elles ont proposé à la haute fonctionnaire de réfléchir au développement d’un partenariat avec des réseaux d’associations de garde d’enfants à domicile, à la création d’’un espace dédié aux femmes sur intranet , à la désignation de référentes femmes dans les juridictions…
À cette époque, février 2019, l’affaire de la proposition pédocriminelle de son mari n’avait pas encore été dévoilée. Depuis que cette affaire est sortie, et que les deux noms ont été avancés, aussitôt, la planète antipédo s’est lancée dans une chasse au réseau. Pourquoi ?
Parce que la justice a maintes fois montré sa coupable faiblesse dans de terribles et célèbres affaires auxquelles elle était mêlée, comme celle d’Émile Louis à Auxerre. Le parquet du chef-lieu de l’Yonne n’avait pas brillé par sa lucidité et son empressement à coffrer le pédocriminel, violeur et assassin de jeunes filles. Piqûre de rappel avec cet article de L’Express datant de 2001.
Des relations. Le mot qui fait peur. Le venin qui continue d’empoisonner toute cette affaire, trois mois après les aveux bien tardifs d’un grand-père aux humeurs imprévisibles. Des relations. Le soupçon mine chaque ligne du rapport accablant de l’Inspection des services judiciaires (ISJ) commandé par la garde des Sceaux, Marylise Lebranchu, au lendemain de cet embarrassant coup de théâtre. En 24 pages, les enquêteurs pointent la « succession de négligences », le « manque de rigueur » et la « passivité surprenante du parquet d’Auxerre » qui ont émaillé ce feuilleton judiciaire.
Deux procureurs de la République sont directement incriminés. Le premier, René Meyer, en poste de 1979 à 1986, est désigné comme le magistrat qui a relégué aux oubliettes le travail d’orfèvre du gendarme Jambert. Au second, Jacques Cazals, en poste de 1992 à 1999, l’ISJ reproche d’avoir mis beaucoup de mauvaise volonté à ouvrir une information judiciaire lors du dépôt de plainte avec constitution de partie civile de l’Association de défense des handicapés de l’Yonne (Adhy), en 1996. Une question reste sans réponse : pourquoi, le 14 décembre 2000, après avoir tenu pendant vingt ans, Émile Louis a-t-il craqué, contre toute attente ? « On l’entend une dernière fois et on arrête cette comédie », avait même ordonné un magistrat peu enthousiaste – encore un – au juge Lewandowski à la veille de cette ultime garde à vue.
Certes, depuis la réouverture du dossier, sur décision de la cour d’appel de Paris, en 1997, les gendarmes n’ont pas chômé. Près de 1 300 procès-verbaux ont été rédigés, plusieurs dizaines de témoins retrouvés : un travail de titan, comme un hommage posthume à leur collègue désavoué. Mais pas de quoi déstabiliser ce grognard de 67 ans vers qui tous les soupçons convergeaient mais qui, deux jours avant son interpellation, fanfaronnait encore dans Le Parisien : « Ils n’ont aucune preuve contre moi. Pas de cadavre : pas de coupable ! »
Pourquoi cette étrange confession – « J’étais possédé par le démon, la pleine lune, la bestiole qui était en moi » – un torrent d’incantations mystiques dépourvu du moindre détail sur le mode opératoire des sept meurtres ? Et pourquoi, le mois dernier, alors que deux cadavres en voie d’identification avaient été retrouvés, sur ses indications, dans la campagne auxerroise, Émile Louis est-il partiellement revenu sur ses aveux ? Il a multiplié les sous-entendus, pour le moins encombrants dans une région qu’une vieille rumeur veut friande en « ballets bleus », sur de mystérieux réseaux de prostitution et argué d’une chaîne de complicités qui impliquerait « beaucoup de monde ».
Croyait-il, comme beaucoup, que les assassinats des sept jeunes filles étaient couverts par la prescription (la question reste toujours en suspens) ? Est-il un pervers solitaire, un serial killer à la française, ou son premier métier de fossoyeur en avait-il fait l’exécuteur des basses œuvres au sein d’un monde d’ombre, de sexe et de sang ? En 1996, alors que l’Adhy tentait, dans l’émission Perdu de vue, sur TF1, de redonner un nom et une histoire aux disparues de la Ddass, le frère de l’une d’elles, Jean-Pierre Weiss, reçoit un coup de fil de l’ex-épouse d’Émile Louis. « Vous savez, lui dit-elle, Émile est venu me voir récemment. Il connaissait bien votre soeur. On a parlé de toute cette histoire. Quand je lui ai demandé s’il y était pour quelque chose, il a fondu en larmes et m’a répondu qu’il ne pouvait rien dire. Parce qu’on le menaçait... »
S’il n’y a évidemment pas de rapport entre l’affaire d’Auxerre et l’affaire de Besançon, le lien corporatiste pose question : quand des membres influents de la justice sont concernés par un soupçon de pédocriminalité, la vérité a énormément de mal à sortir. Quand elle sort. Et quand elle sort, c’est souvent en mauvais état. Comme les victimes des pédocriminels.