Une nouvelle attaque contre Damas se prépare activement. Des forces anti-gouvernementales, dont Jabhat al-Nusra affilié à Al-Qaeda, ont été entraînées et équipées en Jordanie et progressent maintenant vers leurs positions dans le gouvernorat de Quneitra au sud-est de la Syrie. (Un plan similaire a été partiellement exécuté au printemps 2013 avant d’être abandonné).
Le gouvernorat de Quneitra est une bande de terre, qui longe le plateau du Golan occupé par Israël et qui a une frontière au nord-ouest avec le Liban et une au sud avec la Jordanie.
Les forces anti-gouvernementales qui coopèrent [1] à cette opération sont le Front révolutionnaire syrien (FRS), soutenu par les États-Unis, assisté du Front islamique, soutenu par l’Arabie saoudite, et Jabhat al-Nusrah d’al-Qaeda, qui vient de recevoir 20 millions de dollars [2] du Qatar. Ces forces se sont infiltrées en passant par Daara en Jordanie, puis en remontant vers le nord-ouest, le long de la frontière avec Israël. Ce mouvement, au cours duquel ces forces ont kidnappé des observateurs de l’ONU, a été soutenu par des frappes de l’artillerie israélienne [3] contre les unités syriennes, qui tentaient de l’empêcher. Le seul poste frontière entre Israël et la Syrie est désormais entre les mains des forces anti-gouvernementales. L’armée israélienne fournit aussi un soutien médical [4] à ces forces anti-gouvernementales. L’Onu a déplacé [5] tous les soldats de la paix qui se trouvaient du côté syrien de la frontière avec le plateau du Golan.
Les forces anti-gouvernementales contrôlent maintenant une bande de 70 km de long sur 5 km de large, le long de la frontière du Golan, entre la Jordanie et le Liban. Cette bande permet de s’infiltrer éventuellement dans le territoire du Hizbullah, au sud du Liban, mais son principal objet est d’attaquer Damas par le sud. L’armée syrienne aurait beaucoup de mal à déloger de cette bande les forces anti-gouvernementales couvertes par le feu de l’artillerie de l’armée israélienne et ses frappes anti-aériennes.
Selon la rumeur, Jabhat al-Nusra est en train de quitter ses positions dans le gouvernorat de Hama au nord de la Syrie. Ses troupes repassent en Turquie, d’où elles seront transférées en Jordanie, pour être envoyées en renforcement à Quneitra.
Il n’y a pas grand intérêt à conquérir le territoire plutôt désert de Quneitra, si ce n’est pour lancer une attaque sur Damas par le sud. Ce territoire se situe à seulement 60 km de la capitale. Une attaque aérienne coordonnée contre les deux divisions syriennes stationnées entre le gouvernorat de Quneitra et Damas leur ouvrirait le chemin de la capitale. C’est probablement ce plan d’attaque qui sous-tend les accords de trêve récemment conclus [6] entre les États-Unis et le Front révolutionnaire syrien et ISIS au sud de Damas.
L’armée étasunienne, qui orchestre les opérations américano-arabes du soulèvement syrien depuis Amman en Jordanie, pourrait bien projeter d’utiliser la nouvelle guerre douteuse contre ISIS comme prétexte à des attaques contre les divisions de l’armée syrienne qui protègent Damas au sud. Une attaque au sol de Jabhat al-Nusra, coordonnée avec des attaques aériennes depuis Quneitra, causerait beaucoup de dommages à l’armée syrienne et permettrait un assaut destructeur sur Damas.
(Mise à jour) Obama a déjà annoncé [7] une escalade des attaques aériennes :
Il a souligné la complexité de la situation, toutefois, en évoquant la possibilité que M. Assad ordonne à son armée de tirer sur les avions étasuniens qui entreraient dans l’espace aérien syrien. Si Assad osait le faire, M. Obama a dit qu’il ordonnerait aux forces étasuniennes de détruire le système de défense aérienne de la Syrie, ce qui, d’après lui, serait plus facile que de frapper Isis, parce que sa location est mieux connue. Il a ajouté qu’une telle action de la part d’Assad entraînerait son renversement, selon une source.
La frénétique décision d’attaquer l’ISIS [8] pourrait n’être qu’une simple maskirovka (art russe de la désinformation militaire, NdT), destinée à cacher le projet agressif de changement de régime en Syrie sous le masque d’une opération « anti-terroriste ». Un projet rendu possible par la collaboration et le soutien actif de Jabhat al-Nusra, affilié à Al-Qaeda en Syrie, et par les accords de trêve avec ISIS.
Traduit par Dominique Muselet pour vineyardsaker.fr