À partir de ce lundi, les employés travaillant dans les restaurants, les bars, les lieux culturels ou encore certains centres commerciaux devront présenter une preuve de vaccination, de rétablissement ou de test négatif. Dans le cas contraire, ils risquent une suspension.
Ils ont déjà appris à scanner les QR codes de leurs clients. Désormais, ils vont devoir eux-mêmes être contrôlés. À compter du lundi 30 août, le pass sanitaire devient obligatoire pour le personnel des restaurants et bars, des lieux de culture et de loisirs, des compagnies de transport pour les longs trajets, ou encore de certains centres commerciaux.
Les travailleurs sans pass devront être suspendus sans salaire, au moins jusqu’à fin novembre, ou transférés sur un autre poste où le sésame n’est pas exigé. Si elle ferme les yeux, l’entreprise s’exposera à de lourdes sanctions. Pour autant, un mois et demi après les annonces d’Emmanuel Macron à la mi-juillet, certains des 1,8 million de salariés concernés par cette mesure sanitaire n’entendent pas s’y plier, suscitant quelques cas de conscience pour leurs employeurs.
« On n’a plus qu’une salariée au lieu de deux »
Combien de salariés présenteront un pass sanitaire lundi matin ? Pour Karine Pidancet, « ça va être la grande surprise ». La nouvelle règle coïncide avec la réouverture des deux écoles de musique et de danse qu’elle dirige dans le Doubs, à Frasne et à Levier. « Je ne sais pas si quatre de mes enseignants sont vaccinés ou pas. » En revanche, elle est déjà fixée au sujet de sa professeure de solfège et de violoncelle, une travailleuse frontalière qui vit en Suisse : « Elle me dit que la vaccination n’est pas obligatoire là-bas », et ne compte donc pas recevoir une injection pour se plier à la loi française.
Jeanne, restauratrice près de Quimper (Finistère), sait ce qui l’attend : « Au lundi 30, on n’a plus qu’une salariée au lieu de deux ». Sa seconde serveuse, employée par l’intermédiaire d’un organisme d’insertion, a prévenu début août qu’elle ne reviendrait pas, du moins tant que le pass lui serait demandé. « Elle a trouvé un médecin qui lui a fait un arrêt-maladie jusqu’à mi-novembre », date à laquelle la mesure doit prendre fin, affirme Jeanne. Elle ignore le motif médical invoqué, mais l’employée n’a pas caché les raisons de son départ : « Elle nous a dit qu’elle refusait de se faire vacciner et de faire des tests, que c’était sa liberté ». Si la restauratrice dit respecter ce choix, elle est restée « un peu choquée » par le ton « agressif » de leurs dernières discussions.
Fatalement, la mesure oblige à mettre sur la table du lieu de travail un sujet qui est déjà source de débats et de tensions en dehors. « Je me refuse à demander à mes employés s’ils sont vaccinés, pour moi, c’est une question intime », déclare par exemple Hazaël Bonhert, patron d’une boulangerie-restaurant de 20 salariés à Wintzenheim (Haut-Rhin). Le commerçant a quand même « une idée » de qui, dans son équipe, pourrait être opposé à la vaccination. Hazaël Bonhert a poussé sa logique jusqu’au bout : refusant de contrôler tant ses salariés que ses clients, il a choisi de cesser son activité de restauration pour l’instant.