Tous les compteurs s’affolent dès qu’il s’agit du pétrole :
60% de baisse en un peu plus de 6 mois pour atteindre 45$ en début d’année 2015.
Un baril à moins de 20$ du précédent record mensuel de 40,25$ par baril en décembre 2008 mais aussi à un peu moins de 20$ du record antérieur de 39,57$, qui remonte à décembre 2004 soit il y a plus de 10 ans déjà !
Un prince saoudien qui affirme que nous ne reverrons plus jamais des niveaux de prix à 3 chiffres.
Serions-nous entrés dans une nouvelle ère de surabondance pétrolière ?
Le pic pétrolier, qui était sur les lèvres de tous les économistes en Juillet 2008 lorsque le prix du pétrole grimpa jusqu’à 150$ le baril, n’est-il plus qu’un lointain mauvais souvenir ?
Pic pétrolier – Un petit rappel historique s’impose
En mars 1998, Colin Campbell et Jean Laherrère, 2 géologues pétroliers à la retraite, affirmèrent dans un papier scientifique intitulé « The End of Cheap Oil » que la production mondiale de pétrole conventionnel allait décliner bien plus tôt que la plupart des personnes ne l’imaginait, probablement avant 10 ans (c’est à dire avant 2008).
- Graphique 1 : production annuelle de pétrole (milliards de baril)
Source : Jean Laherrère et Colin Campbell, “The End of Cheap Oil”, Scientific American, Mars 1998
Mais avec un baril de pétrole à moins de 10$ en décembre 1998, leurs conclusions furent tournées en dérision et le papier mis aux oubliettes jusqu’à ce que le prix du baril franchisse les 50$ en 2005.
En 2010, l’Agence International de l’Energie annonçait que le pic de production des pétroles conventionnels avait bien été passé en 2006, 8 ans à peine après la publication prémonitoire du papier « The End of Cheap Oil ».
Pourtant, il restait 40 ans de pétrole il y a 40 ans et 40 ans plus tard, il en reste toujours 40 ans
Et dans 40 ans il en restera toujours 40 ans d’ailleurs ! Mais il ne s’agit pas du même pétrole, les réserves de pétrole étant calculées sur la base des contraintes économiques et techniques du moment, c’est-à-dire du prix du pétrole :
- Il y a 40 ans, il restait 40 ans de pétrole à 10$ le baril
- Aujourd’hui, il reste 40 ans de pétrole à 100$ le baril
- Dans 40 ans, il restera 40 ans de pétrole à 1000$ le baril
Sauf qu’il y a très peu de chance que l’on ait les moyens de se payer ce pétrole à 1000$ le baril, étant donné que la demande mondiale de pétrole a la mauvaise idée de se contracter dès que le prix du baril franchit les 120$.
Nous irons donc chercher tout le pétrole disponible à moins de 120$ le baril, mais il y a de très fortes chances que nous laissions le pétrole plus cher à extraire sous nos pieds car nous n’aurons tout simplement pas les moyens de nous le payer !