Modernisation, investissements, compétitivité, exportations, moratoire sur les normes environnementales… Voici la recette prônée par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, pour sortir de la crise de l’élevage. Reporterre a décrypté ce « plan de sauvetage » de l’élevage alors que ce jeudi 3 septembre, le syndicat agricole rassemble plus de mille tracteurs à Paris et que le gouvernement promet des annonces.
Depuis le début de l’été, les chiffres alarmants se succèdent. Un éleveur de porcs abandonne son activité chaque jour, alerte Xavier Beulin, président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), principal syndicat agricole français, et du groupe agro-industriel Avril-Sofiproteol. Quant au ministère de l’agriculture, il estime que 10 % des élevages (laitiers, porcins, bovins) seraient au bord du dépôt de bilan.
Face à cette crise de l’élevage, le gouvernement a mis en place un premier plan de sauvetage, le 22 juillet dernier : 600 millions d’euros pour restructurer les dettes et alléger les charges sociales. Insuffisant, selon la FNSEA, qui lance une nouvelle charge. Le 23 août, à la veille d’une réunion avec le Président de la République et le Premier ministre, Xavier Beulin demande dans le Journal du Dimanche un grand plan de trois milliards d’euros pour « sauver l’élevage ». Le lendemain, à la sortie de la réunion, il annonce la venue de mille tracteurs à Paris pour ce jeudi 3 septembre.
Une façon de faire pression sur l’exécutif... et il semble que ça fonctionne, puisque François Hollande a justement réservé l’annonce de nouvelles mesures d’aide à l’élevage pour aujourd’hui.
« Ce n’est pas un plan de sauvetage que propose Xavier Beulin. C’est un plan d’industrialisation de l’agriculture ! » rétorque Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. « Cela fait longtemps que les paysans disparaissent, rappelle-t-il. Ils ne s’en rendent compte que maintenant ? On agite des chiffres pour justifier des plans d’urgence. »
« J’ai l’impression qu’on est à un tournant, poursuit-il. Toutes les crises ont fait grossir les exploitations, et la seule solution que l’on nous propose est d’accélérer encore. On est très inquiets. »