Les dernières statistiques du département du travail, aux USA, sont catastrophiques pour ce qui concerne la création d’emploi. Les chiffres ont été donnés vendredi, clairement inférieurs à ceux qu’attendaient les économistes habituellement en embuscade avec leurs prévisions.
On attend une nouvelle phase de planche à billets (Quantitative Easing 3, ou QE3), comme piètre mesure d’urgence de Bernanke, le président de la Federal Reserve.
Russia Today rapporte la chose, le 7 septembre 2012, observant que le pourcentage de la population impliqué dans l’économie active aux USA est tombé à son plus bas niveau depuis septembre 1981, avec 63,5%. C’est un autre facteur renforçant le constat d’une évolution de déstructuration de l’économie.
Dans le même rapport, Russia Today rappelle les déclarations de Bernanke à la réunion de la direction du dispositif fédéral financier (les différentes Federal Reserve), en août, à Jackson Hole. Bernanke évoquait la question de l’emploi, cette fois précisément dans une perspective structurelle par rapport au système économique, et nullement dans les termes relatifs habituels du chômage.
Bernanke, d’ailleurs, en tant que président de la Fed, ne s’intéresse guère au facteur social et humain du chômage, le rôle de commentateur de compassion sociale ne lui seyant guère ; son intervention concerne évidemment l’aspect structurel de l’économie.
Les Russes se doutent-ils de quelque chose ? Il y a implicitement accord, on dirait presque “démocratique” pour rassurer la galerie, entre le citoyen russe et son président. Le 13 août 2012, Novosti avait publié les résultats d’un sondage où il apparaît qu’une forte majorité de Russes s’attend à “seconde vague” crisique (après celle de 2008) dans un futur proche.
Dans cette logique des observations officielles de l’évolution vers une “seconde vague” de crise qui serait une crise structurelle, on placera l’annonce (le 7 septembre 2012) de Poutine, à la réunion de l’APEC, selon laquelle le rouble pourrait tenir le rôle de monnaie de réserve, d’abord dans des cadres tels que le OCS et le BRICS.
Présentée comme une nouvelle optimiste par le président russe sur la voie de la diversification des instruments financiers et du renforcement de la cohésion des grands groupes hors-bloc BAO, cette déclaration peut être également entendue selon sa dimension déstructurante de l’actuel système financier général, et ainsi figurant dans l’ensemble général de nouvelles qu’on présente ici.
Poutine a tout cela à l’esprit, – cet aspect de la menace d’une crise de déstructuration… Déjà, le 11 juillet 2012, il avait fait une déclaration dans ce sens, c’est-à-dire impliquant que la crise actuelle ne pouvait se résoudre dans le cadre systémique actuel : « Poutine, selon le classement de Russia Today, commence par un constat qu’on n’a pas l’habitude d’entendre : nous sommes dans une crise considérable et personne n’en connaît la sortie… […] A notre connaissance, c’est la première fois qu’un dirigeant de cette importance déclare que la crise actuelle est sans issue… »
Nous nous en sommes volontairement tenus à des déclarations officielles de hautes personnalités ou à des statistiques générales, pour une fois significatives les unes et les autres. Il est évident que les commentateurs d’experts et d’indépendants, ainsi que les analyses sur les sites, abondent dans ce sens. Ce qui nous importe ici, effectivement, c’est à la fois le caractère structurel et le caractère rupturiel de ce qui commence à être identifié d’ores et déjà comme “la seconde vague” de la crise, ou, disons, la “seconde vague crisique”.
Tout se passe donc, selon l’imagerie symbolique, comme si la crise terminale, évoluant vers le modèle fondamental de la crise haute, apparaissait comme une immense tempête animée de “vagues successives”, frappant les unes après les autres. Cette “seconde vague crisique” qui s’annonce est importante parce que le caractère déstructurant et dissolvant du Système, par abandon et désertion du Système, l’emporte largement sur l’aspect conjoncturel, restant à l’intérieur du Système même si le Système est en crise profonde.
Comme on le voit dans le cas US, ce n’est plus tellement le taux de chômage qui importe, d’ailleurs complètement discrédité par les constructions de type-Potemkine, les narrative inlassablement répétées jusqu’à la nausée par la presse-Système. Les digressions sur les variations du chômage officiel entre 8,2% et 8,1% aux USA sont tout simplement dérisoires, par l’usure et la grossièreté d’un procédé statistique éculé ; on finit même par se fatiguer à rappeler son aspect complètement faussaire, effectivement construction complètement virtualiste puisque, de toutes les façons, les évènements qui ont leur propre rythme en font saine et expéditive justice.
Le taux de chômage en août est redescendu de 8,2 % à 8,1% mais personne ne s’attache une seconde à la nouvelle. Ce qui importe, c’est le constat montant de la déstructuration de l’économie-Système, de la marche vers sa dissolution au bout du compte, par le seul fait de la désertion du Système des hommes et des choses, aussi bien des soi-disant créateurs d’emploi que de ceux qui s’inscrivent dans la structure de travail du Système. C’est bien cela qui est frappant dans les remarques et faits rapportés ici.
Puisque, décidément, le Système ne change pas, puisqu’il ne fait que remettre une couche de sa matière catastrophique après que cette matière ait engendré une première catastrophe dans la séquence, puisqu’on remet à flot les instruments de corruption et de dissolution de la matière catastrophique qui ont opérationnalisé le premier effondrement, comme s’il s’agissait de les distinguer et de les récompenser pour leur extrême efficacité et leur complète vertu, c’est donc que le Système est en processus accéléré d’autodestruction et que cela devient lumineux d’évidence.
Alors, l’on s’en lasse. Alors, l’“ouragan crisique”, un peu comme il y a des “chaînes crisiques” mais en plus accéléré et catastrophique, s’oriente de plus vers la catastrophe rupturielle. On est de moins en moins chômeur dans le Système, on est de plus en plus déserteur du Système.