L’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme) indique ce dimanche matin – et là on peut le croire – que des combats ont eu lieu toute la nuit à Alep, notamment dans le quartier de Bab al-Nayrab, à la lisière sud de la ville, où les rebelles ont tenté de menacer un aérodrome militaire, base de départ d’hélicoptères.
Mais, même chez les propagandistes pro-ASL de l’OSDH and co, il n’est déjà plus question de la « grande offensive décisive » rebelle contre Alep, annoncée jeudi soir. Celle-ci s’est traduite vendredi et samedi par des attaques de bandes dans différents quartiers, que l’armée affirme avoir toutes enrayées, et dont des porte-parole de l’insurrection eux-mêmes ont reconnu l’échec global.
Sana évoque la destruction dans le quartier de Boustan al-Bacha (nord) la destruction (samedi soir ?) d’un minibus et de six pick-up rebelles, l’opération étant intervenue près de l’institut sportif du quartier. Trois autres véhicules et leurs équipages ont été mis hors de cause au rond-point de Jandoul.
Dans les environs d’Alep, une troupe rebelle a été décimée dans une opération de l’armée à Cheikh Souleyman, entre Qobtane al-Jabal et Darat Izza. A l’ouest d’Alep, le village de Balah a été le théâtre d’un accrochage qui a laissé plusieurs insurgés sur le carreau.
Le souk historique d’Alep incendié par les rebelles
Les médias français ont montré samedi soir et dimanche matin des images de l’incendie du souk d’Alep, au coeur de la Vieille ville, en omettant de préciser qui étaient les responsables. De nombreuses échoppes en bois ont ainsi été détruites au cours de la nuit de vendredi à samedi. D’après un contact, l’incendie de ce patrimoine non seulement commercial mais historique d’Alep – d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’UNESCO – fait toujours rage par endroits samedi.
Voici des images de l’incendie du souk et des ses auteurs :
Les Kurdes d’Alep contre l’ASL
Vendredi, l’alliance objective de la minorité kurde et du gouvernement syrien s’est concrétisée militairement à Alep avec l’attaque de l’ASL contre le quartier, nordiste et à majorité kurde, de Cheikh Massoud (ou Maqsoud).
Selon une source militaire syrienne, 10 hommes armés ont été tués en tentant de pénétrer le quartier kurde, alors que l’armée syrienne libre (ASL) a menacé d’attaquer les combattants kurdes locaux. Les rebelles ont affirmé de leur côté avoir « capturé huit éléments des milices pro-gouvernementales aux alentours du quartier », ajoutant que « certains détenus ont été tués », sans préciser si des Kurdes figuraient parmi les morts.
Dans un communiqué publié sur Facebook, le commandant des opérations militaires de la « brigade Attawhid », Abdel Qader Salah, a adressé « une dernière demande aux gangs du Parti des travailleurs kurdes pour déposer leurs armes immédiatement et ne pas s’entrainer dans une bataille perdue à l’avance », menaçant d’ouvrir le feu sur quiconque porte les armes contre les brigades de l’opposition armée. Décidément, l’ASL fait l’unanimité contre elle, et s’il est une « bataille perdue d’avance » c’est bien celle qu’elle poursuit à Alep...
A propos de Salaheddine
On a vu hier que le nom de Salaheddine, premier bastion des rebelles à Alep, pris dès leur entrée en force dans la ville vers le 20 juillet, et reconquis intégralement par l’armée depuis, était revenu dans les communiqués de l’insurrection, à la faveur de son « offensive décisive » de vendredi.
Un autre dirigeant de la même « brigade Attawhid », connu sous le nom d’Abou Forat, a tiré samedi le bilan de cette opération (de communication), expliquant que les groupes armés avaient réalisé des « progrès » sur plusieurs fronts à Alep, dont le quartier Salaheddine. « Sur le front de Saleheddine, nous sommes parvenus à contrôler l’une des bases des forces régulières, et nous avons tué 25 soldats au moins », a-t-il dit, cité par le quotidien libanais Assafir.
« L’attaque avait pour objectif de repousser les forces du régime des quartiers Saïf al-Dawla, Salaheddine, el-Izaa, al-Amiriya et al-Soukari (tous situés au sud-ouest de la ville, sauf Izaa qui est au nord de la ville) », ajoute un autre chef militaire, faisant état de progrès sur les fronts d’al-Soukari et d’el-Izaa. Mais les rebelles ont dû reculer de Salaheddine « par manque de munitions », a-t-il encore dit. Un autre combattant a reconnu que 20 opposants armés ont trouvé la mort, et 60 autres ont été blessés dans les mêmes affrontements.
Retour sur la journée de vendredi
De source militaire syrienne gouvernementale, on indique que les affrontements les plus durs ont éclaté vendredi à l’aube aux quartiers al-Arkoub (est) et Maysaloun (centre), et ont duré plusieurs heures. Alors que les hommes armés ont tenté « plus d’une fois et sur plusieurs fronts » de pénétrer dans la place Saadallah al-Jabiri, au centre ville, mais en vain.
Le correspondant de l’Agence France Presse a rapporté de source militaire que les combattants armés ont fait sauter la porte orientale de la mosquée des Omeyyades dans la Vieille ville, dans une tentative de s’infiltrer vers la place des Sept lacs (Sabeh Bahrat en arabe) et arriver enfin à la place Saadallah al-Jabiri au centre d’Alep. Il a fait état d’affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes armés qui se sont retranchés aux souks d’al-Neswan et d’al-Khouba.
En bonne illustration des combats de ces dernières 48 heures, en tous cas de l’ambiance de cette bataille, voici un montage de reportages sur la progression de l’armée dans des quartiers non identifiés : les soldats avancent précautionneusement au milieu des immeubles et rues dévastés ; plusieurs cadavres, parfois carbonisés, de rebelles jonchent le sol ; des civils accueillent les soldats, d’autres témoignent devant les caméras ; un blindé léger évacue un soldat blessé ; à la fin quelques plans de quantités de RPG avec leur roquettes chargées saisis, et aussi un grand panier de médicaments et une batterie de pinces chirurgicales…