On n’est pas cons au point de penser que toutes les universités sont en grève – les perturbateurs du NPA et autres LFi ne contrôlent pas toutes les facs – et que tous les étudiants veulent faire sauter leurs partiels. La plupart essayent de s’en sortir en bossant, certains doublement sur les bancs de la fac et en dehors au Macdo pour payer leurs études (46% du total). Tous ou presque veulent réussir, sauf ceux qui lorgnent sur une petite carrière d’agent oligarchique de 1er échelon à la Cohn-Bendit ou à la Geismar. Ceux-là ont commencé petits à foutre la merde, c’était dans leur ADN, et le résultat, 50 ans plus tard, est remarquable : le niveau global de l’université française a chuté, la volonté égalitariste de ces idiots de socialistes a éclaté les facs sous le sureffectif étudiant, faisant des établissements autrefois équilibrés des nasses désuètes à pauvres ou futurs pauvres. Et quand on fout en l’air une année ou un semestre, pour des raisons politiques, par exemple de lutte contre la sélection, on finit d’achever le processus de suicide individuel.
De la même façon que le Rhône, ce fleuve impétueux et puissant, a été dompté par tout un tas de dispositifs anti-crue, par exemple avec des bassins de rétention, l’université française est devenue un réservoir à chômeurs. Théoriquement, 30 à 50% (à vue de nez) des étudiants qui y végètent n’ont pas le niveau pour des études réellement supérieures. Ils sont, on le sait tous, et ça devient gavant de le redire, issus d’un bac non sélectif qui a pour principe de laisser passer 8 à 9 bacheliers sur 10 candidats. Advienne que pourra par la suite, les profs s’en lavent les mains, directive gouvernementale socialiste des années 80 oblige (Lang et Chevènement).
Sentant bien qu’on les a pris pour des cons, et qu’ils sont pris au piège d’une sale petite ingénierie, les étudiants qui n’ont pas le niveau luttent contre la sélection que Blanquer veut réinjecter dans le système. C’est logique, et les Master 1 et 2 commencent à filtrer à mort. Les portes se referment et il va falloir bosser plus et mieux pour tenir le coup. La même chose est arrivée aux intermittents sous la droite au début des années 2000 : un quart à un tiers des effectifs ne faisaient pas leurs heures annuelles pour justifier des reversements en cas de chômage provisoire dans la branche du spectacle. Ceux-là ont été éjectés du système très intéressant de l’intermittence. Il y a eu des grèves, des festivals ont été gelés (Avignon) mais en fin de compte, gouvernement et MEDEF ont obtenu le durcissement des conditions. Sur ce sujet, nous ne sommes pas naïfs : les grosses boîtes qui embauchent des intermittents, particulièrement la télé, s’en servaient comme variables d’ajustement de leurs activités saisonnières, et faisaient porter par l’État (et l’Unedic) le poids de leur petit calcul : on encaisse les bénefs privés, à la communauté nationale de payer la note sociale.
Les étudiants français (on met de côté les 300 000 étudiants étrangers sur notre sol) doivent donc admettre qu’ils sont trop et que leur surnombre non seulement bousille la qualité et les conditions de l’enseignement proposé (amphis pleins à craquer, matériel inexistant ou épuisé) mais aussi leur barre la route d’un avenir sous CDI. Les étudiants qui hurlent victoire à Arcueil parce que les partiels sont annulés ne font que repousser l’échéance inévitable, le démenti du réel.
Les militants-bloqueurs s'applaudissent d'avoir empêché la tenue des examens... puis insultent copieusement les étudiants à la sortie du centre ! #Arcueil
RT massivement pour montrer leur violence et leur égoïsme ! pic.twitter.com/gPWuRkBJ5s
— Damoclès (@Damocles_Fr) 11 mai 2018
Quand on laisse le pouvoir aux étudiants sur les profs et les établissements, voilà le résultat :
Les étudiant.e.s de philosophie qui passait leur partiel d'histoire de la philosophie ont voté eux-même l'annulation de leur partiel à 145 voix pour et et 39 voix contre.
Alors toujours minoritaire @EmmanuelMacron ?
— Commune Libre De Tolbiac (@TolbiacLibre) 12 mai 2018
La sélection a bon dos ! Si les grévistes victorieux échappent à la sélection en université, ils n’échapperont pas à la sélection naturelle du Marché. Nous ne sommes pas « pour » le Marché mais en matière de placement, après les études, c’est le Marché qui sanctionne un parcours. Pour ceux qui ont privilégié la grève par rapport au travail, l’occupation par rapport à la révision, les lendemains risquent d’être douloureux. On ne peut faire l’économie de la douleur si l’on veut s’élever un peu dans la vie (on ne parle même pas d’élévation sociale, c’est valable aussi pour le spirituel ou le culturel) ou tout simplement ne pas sombrer. Entropie, quand tu nous tiens...
Bah non moi je trouve que c'est quand même mieux que des LES EMPÊCHER CARRÉMENT DE FAIRE DES ÉTUDES PAR LA MISE EN PLACE AUTORITAIRE D'UNE SÉLECTION DÉGUEULASSE TOUT ÇA POUR NE PAS DONNER PLUS DE MOYENS A L'ENSEIGNEMENT ! https://t.co/uZzXE8KgDI
— Dalipas φ (@Dalipas) 11 mai 2018
Dans ce jeu de dupes, de dupeurs et de dupés, les adultes qui jettent de l’huile sur le feu sont archi responsables de la mise en place du piège et des avenirs qui se referment. Coquerel en est le symbole, et il ne semble pas mesurer la portée de ses paroles et de ses actes. Est-il au fond conscient de sa nuisance en vendant de la liberté et du plaisir – l’inverse du labeur – aux étudiants ?
Ce qui est condamnable c’est d’instaurer hypocritement la sélection à l’université. Ce qui est irresponsable @CCastaner c’est de passer en force au point d’externaliser des examens sous surveillance policière #coupdeforcepermanent https://t.co/A7nMAOsmaa
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 11 mai 2018
La victimisation de cet élu de la République, qui pense ainsi se solidariser avec la souffrance étudiante, fait peine à voir. Si des étudiants souffrent, ce sont justement ceux qui sont issus du peuple, du peuple travailleur, dont les parents sont des prolétaires, et qui comptent sur leur labeur et des études sérieuses pour s’en sortir. Eux ne peuvent pas se permettre de faire la révolution pour le bénéfice des profiteurs. Il n’y a pas que les capitalistes qui profitent, il y a aussi les anticapitalistes professionnels !
"Coquerel Molotov" se fait gazer... Par un flic qui se trouve à plusieurs mètres !
Quelques heures plus tard ça deviendra "à bout portant"... Nous avons décortiqué la vidéo. Où est le deuxième gazage ? En coma profond aussi ? pic.twitter.com/V2TP3iNPsN— Tout Sauf Mélenchon (@ttsaufmelenchon) 11 mai 2018
On donne rendez-vous aux grévistes et à Coquerel dans 10 ans, quand ils en chieront pour trouver un job acceptable par la faute de ce révolutionnaire de salon de la République. On verra alors leur réaction, quand la lucidité leur viendra.
La solution de Mélenchon, rémunérer les étudiants :