Dans un communiqué publié lundi 5 juin 2006, le syndicat policier « Action Police CFTC » déclare qu’il "ne considère en aucune façon que la Ligue de défense juive (LDJ) ou le Bétar créent un trouble à l’ordre public. Au contraire, ces organisations dissuadent de nombreuses personnes ou groupes de personnes hostiles à la communauté juive de passer aux actes. Les mairies se dotent de polices municipales, les supermarchés de vigiles, les manifestations sont encadrées par un service d’ordre... Pourquoi la communauté juive n’aurait-elle pas le droit de se défendre ? (...) la LDJ et Bétar (...) accomplissent une mission de service public en défendant les personnes et les biens". Ainsi un syndicat de policiers prend-t-il la défense de milices communautaires privées, au mépris de la loi républicaine.
Regroupant 150 membres à jour de cotisations selon la centrale chrétienne (mais 23.000 "sympathisants" selon ses dirigeants), le syndicat "Action Police CFTC" s’était signalé en novembre dernier par son appel à "l’intervention de l’armée" pour mater les émeutes de banlieue. Inventeur du concept de "proximité option tolérance zéro", son secrétaire général, Michel Thooris, est un activiste de droite extrême aux sympathies villiéristes et ultra pro-israéliennes affichées.
Des dérives qui ont valu à son mouvement d’être placé sous la tutelle (*) et l’étroite surveillance de sa fédération.
Dans un communiqué daté d’aujourd’hui, reproduit sur le site de la Ligue de Défense Juive (et mis en ligne puis retiré sur le site de l’Agence de presse Guysen.com, Michel Thooris déclare qu’il "ne considère en aucune façon que la Ligue de défense juive (LDJ) ou le Bétar créent un trouble à l’ordre public. Au contraire, ces organisations dissuadent de nombreuses personnes ou groupes de personnes hostiles à la communauté juive de passer aux actes. Les mairies se dotent de polices municipales, les supermarchés de vigiles, les manifestations sont encadrées par un service d’ordre... Pourquoi la communauté juive n’aurait-elle pas le droit de se défendre ? (...) la LDJ et Bétar (...) accomplissent une mission de service public en défendant les personnes et les biens". Des philanthropes, en somme.
Qu’un syndicat policier puisse impunément encourager la population à constituer des milices communautaires privées et à user de méthodes violentes à des fins d’"autodéfense", serait, assurément, un gravissime précédent et une vraie "rupture" avec la conception républicaine de l’ordre.
Aussi attend-t-on, dans la mesure où ce communiqué n’est pas démenti par le syndicat "Action Police CFTC", une réaction d’autorité du Ministre de l’Intérieur, M. Nicolas Sarkozy, et un même traitement des groupuscules violents, indépendamment de l’idéologie qu’ils véhiculent.
(*) Cf. ’Le secrétaire général de la CES cible "Sarkozy et Le Pen"’, Rémi Baroux, Le Monde, 18 novembre 2005