Convaincu de la dangerosité du racisme ou des stéréotypes en tout genre sur le cerveau de nos chères têtes blondes, brunes, rousses, châtains, auburn, lisses, frisées ou crépues (c’est long, mais comme disait Dieudonné : pas d’amalgame), la compagnie Disney a décidé de classer certains de ses dessins animés dans la catégorie adultes. On retrouvera donc désormais ces mignons petits personnages et ces croquignolettes histoires remisées entre Les Tontons tringleurs, Le Gland des Siciliens ou Starfesses.
En effet, il vaudrait mieux en rire. Mais la réécriture de l’histoire que nous avions déjà pointée dans notre article sur Wikipédia n’a aucune raison de connaître quelque répit que ce soit. Nous nageons désormais en plein révisionnisme – mais celui-là est parfaitement autorisé et devient même la seule issue possible d’un monde progressiste dont le progrès est une fuite éternelle en avant.
On l’a déjà théorisé cent fois, l’atomisation d’une société composée de monades narcissiques entraîne naturellement de la part de chacune de ces monades une liste de revendications unipersonnelles qui s’imposent au monde. Parce que si l’on file la métaphore leibnizienne, chaque monade n’est pas qu’elle-même, elle est aussi l’univers avec lequel elle interagit. Elle est donc à la fois un être esseulé et le monde entier. Totalitaire donc dans son essence et dans son accomplissement, son actualisation.
Le résultat, c’est une relecture a posteriori et donc anachronique, de tous les faits antérieurs désormais déviationnistes et qui doivent disparaître ou être réécrits afin de coller au narratif hic et nunc ; c’est encore George Orwell qui avait tout anticipé avec génie il y a plus d’un demi-siècle. Extrait.
Dès lors, aujourd’hui, ce sont les nippophobes Aristochats et les yeux bridés du chat siamois, le négrophobe Dumbo et les corbeaux chantant le blues, ou l’indienophobe Peter Pan et ses Peaux-rouges caricaturaux qui doivent disparaître du catalogue pour enfants. Dorénavant, seuls les adultes pourront s’endormir avec le petit éléphant aux grandes oreilles.
Infantiliser les adultes pendant qu’on fait grandir prématurément les enfants, tel semble être le projet. Car, que l’on se rassure, le porno leur reste parfaitement accessible puisque c’est désormais à 8 ans qu’ils entrent dans un monde qui devraient leur être totalement inaccessible. Une simple recherche Google, dans la section images, fera vite apparaître des contenus particulièrement choquants qui ensuite, de liens en liens, feront surgir une cascade d’images des plus déplacées et préjudiciables. Alors, que dire des sites pour adultes dont l’hypocrite « Êtes-vous majeur(e) ? » permet de détruire toute naïveté en un clic de souris ?
Ainsi, les dirigeants de Disney estiment que ces représentations racistes et stéréotypées peuvent offenser car elles comportent « des descriptions négatives et des mauvais traitements de certains peuples ou cultures » qui « ne représentent plus ses idées et ses valeurs ». Et de conclure par un piteux et culpabilisant repentir : « Plutôt que de supprimer ce contenu, nous tenons à reconnaître son influence néfaste afin de ne pas répéter les mêmes erreurs, d’engager le dialogue et de bâtir un avenir plus inclusif, tous ensemble ».
Bien sûr, les sociétés commerciales ne se lancent dans ces actions de résipiscence théâtrale ou de réécriture de leur propre histoire qu’uniquement parce qu’elles y voient leur intérêt ou qu’elles y sont acculées pour prévenir – ou parfois échapper à – un bad buzz ou sa version brutale, le shit storm.
Les affaires n’ont pas de morale, mais seulement des intérêts. Les vrais responsables de ces revirements sont encore une fois les penseurs de la gauche la plus stupide. Et les responsables de ces responsables sont ceux qui leur laissent raconter leur bêtises, voire les y poussent parce qu’elles servent un intérêt supérieur.
Que l’on se souvienne de la destruction méthodique de la personnalité autoritaire, et donc du père, de la nation, de toute autorité même légitime et bienveillante, que certains penseurs d’après-guerre visiblement traumatisés par le nazisme ont théorisé puis promu : l’École de Francfort, puis Theodor Adorno de l’American Jewish Committee. L’agenda fut fixé, les gauchistes firent le reste.
On s’éloigne un peu de notre sujet, mais pour mieux y revenir. Aujourd’hui le petit éléphant Babar devient une apologie du colonialisme pour l’idiot utile Gilles Boëtsch. « Il fait penser à un Africain qui serait allé en France et qui aurait assimilé la culture française, donc la culture coloniale par rapport à l’Afrique, et qui serait revenu au pays avec le costume trois pièces », a-t-il commenté sur France Culture. « Babar va construire des villes dont Célesteville, avec des théâtres et ses soirées mondaines et tous les éléphants en costumes ». Gilles Boëtsch conclut alors : « Évidemment ça rappelle les populations colonisatrices, ça c’est évident ». Alors détruisons les livres !
Et détruisons les films aussi. Diamants sur canapé où Mickey Rooney joue un Japonais stéréotypé, West Side Story, où les Portoricains sont représentés comme des gangsters, et Mandingo, portrait d’un propriétaire de plantation qui use de son droit de cuissage sur ses esclaves.
Brûlons Forrest Gump, hostile aux vétérans du Viêt Nam, malades du SIDA, handicapés et activistes politiques, L’Inspecteur Harry archétype du flic fascisant , Indiana Jones et le Temple maudit qui se moque des coutumes hindoues et ses méchants dépeints sous des airs primitifs, la comédie romantique Avant toi pour son point de vue « validiste » sur le handicap et faisant l’apologie du suicide (mieux vaut la mort qu’une vie avec un handicap).
Anéantissons Once Upon A Time... in Hollywood de Quentin Tarantino qui rejette l’émancipation des femmes, les minorités et les hippies, caricature Bruce Lee et l’invisibilité des talents afro-américains, La Rumeur qui montre une vision très négative de l’homosexualité présentée comme une source de haine de soi et un motif de pitié, Le Silence des agneaux qui n’assume pas la transsexualité du personnage de Buffalo Bill, le western La Prisonnière du désert qui caricature les Amérindiens comme des sauvages assoiffés de sang, L’amour chante et danse avec Fred Astaire qui montre des personnages se maquillant en Afro-Américain (blackfaces), True Lies et ses personnages arabes cantonnés à des rôles de fanatiques, etc..
Qu’il ne reste plus qu’un monde parfait, pur et éthéré.
Et que ce nouveau Reich dure mille ans, cette fois.
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analysé par Pierre de Brague !