La dernière modification des accords militaires liant les États-Unis et le Japon remonte à 1997. Aussi, au vu de l’évolution du contexte sécuritaire (et des marges de manoeuvre budgétaires), les ministres japonais des Affaires étrangères et de la Défense, Fumio Kishida et Itsunori Onodera, et leurs homologues américains John Kerry et Chuck Hagel, ont convenu, la semaine passée, de revoir "lignes directrices de (leur) coopération bilatérale en matière de défense" d’ici à la fin 2014.
A cette fin, plusieurs groupes de travail conjoints vont être mis en place. "Nous allons identifier les nouvelles technologies et les capacités dont nous aurons besoin pour relever les défis sécuritaires émergents" a expliqué Chuck Hagel. Plusieurs domaines seront prioritaires, dont les opérations dans le cyberespace, le renseignement, l’espace et la défense antimissile.
En attendant, plusieurs décisions ont été prises et entreront en vigueur prochainement. Ainsi, l’installation d’un radar antimissile en bande X sur la base aérienne de Kyogamisaki a été confirmée et il a été prévu de remplacer, à Okinawa, les hélicoptères CH-46 par des MV22 Ospreys, ces appareils hybrides dont Tokyo envisage d’en acquérir quelques exemplaires. L’US Navy enverra, en décembre, des avions de patrouille maritime P-8 afin de surveiller l’activité navale dans les eaux nippones.
En outre, les moyens américains de renseignement vont être renforcés, avec le déploiement de 2 à 3 drones RQ-4 Global Hawk. Ces appareils ne seront pas affectés de manière permanente au Japon. Les Etats-Unis disposent déjà de tels engins dans la région Pacifique, notamment sur l’île de Guam. Mais la Corée du Nord – puisqu’il semblerait que leur déploiement sur l’archipel nippon vise avant tout à surveiller ce pays – est à la limite de leur portée et leurs vols dépendent souvent des conditions météorologiques. A noter que l’US Air Force dispose également d’avions espions U2 du 5th Reconnaissance Squadron, basé à Osan, en Corée du Sud.
Enfin, des F-35B de l’US Marine Corps (USMC) seront affectés au Japon à partir de 2017. Les Forces d’autodéfense japonaises disposeront de la version classique (A) de cet appareil, qui remplacera, à terme, les F-4 Phantom qu’elles mettent encore en oeuvre.
Dans le même temps, et conformément à des annonces antérieures, 5 000 soldats de l’USMC quitteront Okinawa pour rejoindre Guam. Ce rédéploiement sera financièrement pris en charge par le Japon à hauteur de 3,1 milliards de dollars, sur les plus de 8 milliards qu’il devrait coûter.
Les relations militaires avec les Etats-Unis sont primordiales pour le Japon, pays qui doit faire face à au moins 4 défis sécuritaires. La question des îles Kouriles, qui appartiennent à la Russie, donne lieu parfois à quelques tensions, notamment quand un bombardier stratégique russe s’aventure non loin de l’espace aérien nippon. La protection des voies d’approvisionnement maritimes est également un impératif. Mais les menaces les plus précises concernent la Corée du Nord, qui travaille sur un programme d’armement nucléaire, et la Chine, avec laquelle l’archipel entretient un différend territorial au sujet des îles Senkaku/Diaoyu. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait des intrusions chinoises dans ce secteur.
Outre les Etats-Unis, le Japon a noué des alliances militaires avec d’autres pays de la région Asie-Pacifique. En dépit de quelques tensions passagères, la Corée du Sud, qui a en commun de nombreux équipements militaires des Forces d’auto-défense japonaise, apparaît comme un allié sûr étant donné que Tokyo et Séoul partagent les mêmes préoccupations à l’égard de Pyongyang.
Pour faire à la montée en puissance de l’appareil militaire chinois, le Japon s’est rapproché de l’Australie et de plusieurs pays de l’ASEAN (Association des nations du Sud-Est asiatique), dont le Vietnam et les Philippines, tous les deux ayant des différends territoriaux avec Pékin, ainsi que de l’Inde.