Si vous croyez que la récente augmentation de la production de pétrole aux États-Unis suggère que les bons moments sont revenus, réfléchissez y à nouveau. Alors que l’industrie pétrolière des États-Unis continue d’augmenter sa production en ajoutant beaucoup plus de plates-formes de forage, il y a de sérieux problèmes dans la partie pétrole de schiste dont très peu de gens sont conscients. Cela a trait à la détérioration rapide de l’économie du pétrole et du gaz, car les taux de déclin impressionnants se répercutent dans les flux de trésorerie des entreprises.
L’économie de la production de pétrole et de gaz
L’avènement de la production de pétrole et de gaz de schiste, qui a créé la vision de l’« indépendance énergétique des États-Unis », a suscité un intérêt renouvelé pour l’économie de la production du pétrole et du gaz. Quels sont les paramètres clés pour la productivité et les coûts ?
En bref, c’est le coût par baril produit et non – comme souvent mentionné dans les médias – le coût absolu par puits individuel.
Pour démontrer mon point de vue, je vais utiliser un puits standard qui coûte 10 millions de dollars à forer et qui produit initialement 200 barils par jour, comme un exemple simple. Les coûts de 10 millions de dollars en disent très peu sur le fait le plus important, qui est de savoir ce que ce puits va produire au cours de sa vie. En supposant une durée de vie de 10 ans et en appliquant un taux de déclin annuel de 5% à 10% – qui est la norme pour un puits conventionnel –, le puits produira environ 500 000 barils au cours de sa vie. Cela donne alors un coût de forage de 20 $ par baril produit. La maintenance, les taxes, la licence, le transport… doivent être ajoutés et divisés par la quantité de barils produits. Cela donne alors un coût de production d’environ 40 $ le baril. C’est le modèle standard d’un puits de pétrole conventionnel. En théorie, le coût réel ne peut être déterminé que lorsqu’un puits est fermé et que la quantité réelle de barils produits est connue. Par conséquent, toutes les études sur les coûts de production sont des estimations, car elles sont basées sur une estimation de la future production pétrolière des puits.
Si maintenant, la durée de vie d’un puits est beaucoup plus courte que le puits standard ci-dessus, par exemple, pour un souci de simplicité, seulement cinq ans impliquant un taux de déclin annuel de 10% à 20%, la quantité de barils produits tombe à 250 000 barils et le coût du forage augmente à 40 $ le baril. Le coût total s’élève maintenant à 80 $ le baril [plutôt 60$ car les autres coûts ne doublent pas, ils sont mêmes plus faibles, la durée étant inférieure, NdT]. Cela se tient malgré le coût de forage ainsi que de la maintenance, des frais généraux, etc., qui sont les mêmes que dans l’exemple ci-dessus.
À titre de conclusion, les coûts réels dépendent fortement de la durée de vie (ou du taux de déclin annuel, souvent appelé « taux officiel ») du puits. Ainsi, si une entreprise se vante d’avoir diminué ses coûts de forage de 2 millions de dollars par puits, ce n’est que la moitié de la vérité, car le puits peut voir sa production diminuer beaucoup plus rapidement et produire ainsi moins de pétrole sur sa durée de vie et avoir un coût de forage par baril en fait beaucoup plus élevé, malgré la réduction des coûts par puits.
C’est exactement ce qui se passe actuellement dans le domaine du schiste. Malgré des coûts considérablement inférieurs par puits, ceux-ci diminuent beaucoup plus rapidement et par conséquent, les coûts par baril produit sont en augmentation.