À Frank :
Faute de place, je ne pourrai pas reprendre chacune de tes remarques qui, à mon sens, le mériteraient, mais voici ce que je peux déjà en dire.
Dans mon deuxième paragraphe, j’ai parlé de zaydites à propos des Houthis parce que c’est ce qu’ils étaient traditionnellement. Les Houthis sont une famille de sâda de la région de Sa’ada, descendants des partisans de l’Imamat qui a régné sur le Yémen jusqu’en 1962.
Et bien que zaydites, les Houthis, parce qu’ils étaient partisans de la restauration de l’Imamat, étaient soutenus par les wahhabites jusqu’en 2011. En effet, les Saoudiens, après l’avoir combattu, ont été les alliés fidèles de l’Imam Yahia (zaydite), de son fils Ahmad et de leurs partisans. Car Riyad a toujours redouté l’influence nassérienne socialiste et laïque des républicains yéménites (cf. l’épisode de l’éphémère République arabe unie), qui représentaient un danger politique majeur aux portes de leur Royaume, danger bien plus grand que le zaydisme. Voilà qui, je l’espère, apaisera tes inquiétudes concernant ma connaissance de l’histoire yéménite en général, et des Houthis en particulier.
Aujourd’hui, les Houthis, après avoir été persécutés pendant des années par le pouvoir de Saleh, et aux vues des bouleversements au Yémen et dans la région, ont choisi de changer d’alliance et se sont rangés du côté iranien, raison pour laquelle ils sembleraient être devenus duodécimains (appelés rafidhi par les wahhabites auxquels tu te réfères sans vraiment l’assumer). Personnellement, je ne crois pas beaucoup à la sincérité de leur conversion, mais je ne sonde pas les cœurs...
En définitive, tout ceci ne change rien au fond du problème : à l’heure où je t’écris ces lignes, j’héberge des amis Yéménites (sunnites chafi’ites) de passage à Paris et leur discours ne varie pas : ils refusent de tomber dans le piège sectaire tendu par les puissances ingérentes et regrettent d’être pris en étau entre les Houthis, al Qa’ida et l’ancien président Saleh (toujours actif) qui, tous autant qu’ils sont, sont responsables du chaos politique au Yémen, tous chapeautés par leur tutelles étrangères respectives.
Pour finir, il faut vraiment ne jamais avoir mis les pieds au Yémen pour prétendre qu’il n’y avait pas de conflits tribaux avant l’émergence des Houthis. Comme tu es encore jeune, tu devrais éteindre ton ordinateur et aller là-bas discuter avec toutes les parties.