En préambule, cette petite étude sociologique in vivo :
Le beurre et l’argent du beurre, ainsi pourrait-on résumer le rêve moyen de la petite occidentale qui trouve son cul trop plat aujourd’hui, pornocratie oblige. Heureusement, la chirurgie est là, oh, pas une chirurgie honorable, la grande chirurgie réparatrice pour grands accidentés, non, mais une chirurgie qui rapporte : 6 000 euros l’opération pour deux implants fessiers (un implant c’est moins cher mais une fesse plate et une fesse rebondie ça le fait pas trop). Les fesses des femmes, ce sont les couilles en or des chir.
« J’ai mis des implants au fessier, tout simplement, pour augmenter le volume. Et je suis très très contente du résultat, l’opération a été très bien réussie et j’ai un fessier qui est bien galbé. Donc je n’ai plus besoin de faire du sport ! » (Une patiente citée par Europe 1)
Les femmes veulent tout, c’est bien connu, et ce que femme veut... la médecine le veut (si elle le peut) ! La médecine se frotte les mains : elles sont des milliers à venir chaque année se faire bomber le cul à l’africaine. C’est du faux cul ? Tant pis, c’est pour leur confiance en elles, ainsi raisonnent les culs-plats (dans Lucky Luke il y a les pieds-plats alors on s’est dit pourquoi pas les culs-plats).
Pour ceux qui connaissent un peu la sous-race féminine dite bimbo, les choses sont assez simples : s’il y avait une pilule pour se goinfrer de bonbons, de gâteaux et de glaces toute la sainte journée sans prendre un gramme, elles sauteraient dessus à pieds joints. Or cette pilule a existé, elle s’appelait le Médiator, un antidiabétique qui deviendra une pilule amincissante par le biais de médecins non pas véreux mais intéressés, une dérive médicale dont on connaît le résultat : de 1976 à 2009, 5 millions de prescriptions, 300 000 consommatrices, entre 1300 et 1 800 morts, et des milliers de malades du cœur (valvulopathie) ou d’hypertension artérielle. Ces femmes ont voulu maigrir, certaines ont raccourci leur vie, la plupart ont vieilli précocement.
« Au lieu de jeter la graisse, ne pourrait-on pas la mettre dans mes fesses ? » (Demande de 30% des femmes qui subissent une liposuccion, selon L’Express)
Si tu perturbes la nature, la nature te perturbera [1]
Dans la vie, on n’a rien sans rien, tout ce qui est trop beau se paye : plus de 2 000 femmes se font refaire le cul chaque année, et ce chiffre très sous-estimé n’arrête pas de grimper. Cependant, les premiers cas de lymphome (cancer du système lymphatique) apparaissent. Et on ne sait pas comment le corps va réagir dans 5, 10 ou 20 ans à ces greffes de silicone. Faudra-t-il les changer régulièrement ? Que faire des cicatrices sur les fesses ? Et quand la peau va se détendre, avec l’âge, les implants vont-ils descendre ? L’élasticité cutanée évolue, ce qui peut causer des vergetures en plus. la sensibilité des fesses n’est plus la même... Bref, on le voit, devenir belle en un coup de baguette magique peut se payer très cher à crédit sur du long terme. Mais la dictature de la séduction emporte toutes les questions. Des femmes de plus en plus jeunes y succombent.
« Le selfie est devenu le nouveau miroir, mais en nettement plus impitoyable puisqu’en plus, il distribue notre image aux autres. C’est une pression énorme, notamment chez les jeunes filles. Aujourd’hui, nous sommes tellement habitués à corriger les images, que ça engendre une banalisation de la modification physique. » (Élisabeth Azoulay, anthropologue)
La course aux armements de séduction
Ces femmes veulent tout, quel qu’en soit le prix. On connaît peu d’hommes, à part les gays fous et les micropénis, prêts à se faire charcuter pour un problème esthétique : les hommes, pour la plupart, s’acceptent tels qu’ils sont. La séduction, malgré la pression du marché, n’est pas l’aîné de leurs soucis. On pourrait dire à ces femmes qu’il faut accepter sa nature mais c’est le genre de discours à se prendre une claque dans la gueule : tout plutôt que de perdre la face ou la fesse dans la guerre des sexes, qui est surtout une guerre des femmes entre elles avec cette dangereuse escalade dans les armes de séduction, alors que les hommes, eux, se font la guerre autrement.
Une conclusion ? Avant, les femmes cherchaient le prince charmant, ce que la science n’a pas pu leur donner. Aujourd’hui beaucoup cherchent le corps parfait, et la science a ce qu’il faut. Mais l’amour, là-dedans ? Y a pas encore d’implants d’amour ? Ne souriez pas, il se peut que bientôt des labos malins mettent au point une molécule qui reproduit la sensation d’amour, le coup de foudre, le sentiment amoureux, le romantisme ! Une consommatrice célibataire, entourée de ses sextoys, pourra être amoureuse de rien du tout ! Ou d’elle-même...
Le narcissisme est bien un marqueur de fin de civilisation.