Séquence émotion en salle Debussy après la projection de L’Histoire de Souleymane, de l’adrénaline qui coule à flot dans les veines des spectateurs de The Substance, avec Demi Moore, Selena Gomez qui confesse son amour de Paris… Ce qu’il ne fallait pas rater sur la Croisette.
Ah ah, on vous a bien eus, c’est pas de nous, c’est du Téléramort tout craché. On vous en remet une louche et on passe à la bande-annonce.
Larmes chorales. Dimanche après-midi, à la fin de la projection à Un certain regard de L’Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine (Hope, Camille), le taux d’humidité en salle Debussy était très au-dessus de la moyenne de saison. C’est en larmes, et les mains en feu à force d’applaudir, que nombre de festivaliers ont salué cette odyssée cruelle d’un livreur guinéen sans papiers, Souleymane Sangare, dans la jungle parisienne. Au centre de la salle debout, Abou Sangare, l’acteur non professionnel qui tient le rôle-titre, n’a pu retenir ses pleurs. À suivre sur notre site, le portrait de ce mécanicien d’une vingtaine d’années, recruté lors d’un casting sauvage.
C’est sûr, ces people n’ont jamais vu un migrant autrement que sympa au cinéma. Ils n’ont jamais eu le bonheur de se faire violer, égorger ou piller par un clando rageux. On va être honnêtes, quand on n’a pas d’idée, on va fouiller dans la presse de caniveau quelque chose de bien gluant, émotionnellement parlant, et on trouve toujours une pépite. Pour info, le film sort en novembre, juste après la finale Donald Trump/Michel Obama, donc pas de bande-annonce. On saute Souleymane et on passe à Demi.
Demi Moore, c’est la cagole sans talent qui a tenté 50 come-back, souvent à base de liftings à la limite du regardable. Eh bien son film présenté à Cannes tape dans le mille : c’est l’histoire d’une injection ADN qui fait rajeunir.
Les amateurs de visages post-humanistes auront noté que Rachida Dati et Demi Moore ont la même bouche. Les femmes connues qui passent sur le billard ressemblent de plus en plus à des réplicantes (voir ou revoir Blade Runner).
Laurent Alexandre, notre clown préféré, aura peut-être finalement raison. Un jour, on aura tous un QI de 1 000 et on vivra un million, non, six millions d’années, ne soyons pas chiches. On l’écoute et on revient à Kahn.
« Je préfère vivre un million d’années dans un microprocesseur pour voir le futur extraordinaire que de mourir et de finir dévoré par les asticots », affirme @dr_l_alexandre sur le plateau de @eugeniebastie. pic.twitter.com/Q914quk9ZK
— Le Figaro TV (@LeFigaroTV) May 16, 2024
Vous voyez, même en partant d’un truc grotesque comme une séance d’autoflagellation oligarchique autour du sort des clandos qui livrent des pizzas de merde aux riches à vélo (on est sûrs que parmi les chialeuses de Kahn il y en a qui ont envoyé chier Souleymane à Paris parce que la pizza n’était pas assez chaude), on parle transhumanisme, science, futur. Partir de tout en bas n’est pas grave, l’essentiel est de s’élever, aurait dit Pierre de Coubertin.
On va quand même rechuter lourdement au sol avec ce paragraphe de Téléramort sur les violences faites aux meufs. Attention : dire à une fille qu’elle est jolie est aujourd’hui considéré comme une violence. La main au cul, c’est carrément le coup de sabre à la saoudienne.
Y a-t-il un point commun entre les films montrés à Cannes cette année ? La youtubeuse de la Manie du cinéma raconte sur Thread qu’elle a quitté une projection après « la scène de trop ». Une énième scène d’agression envers une femme. « J’ai vu huit ou neuf films et il y en a dans les trois quarts d’entre eux », assure Mélanie Toubeau, la gorge serrée. Gageons que certains films sont moins dans la complaisance que dans la lecture féministe. Mais pas sûr que ça suffise à réconcilier la créatrice de contenus avec les différentes sélections du festival.
C’est qui cette Toubeau ? C’est la fille de Joseph McCarthy ou quoi ? Elle compte les fois où les gonzesses se font siffler par des dragueurs dans les films, mamma mia... Nous on va compter les fois où les hommes se font rabaisser dans les films. Et là on est sûrs de gagner.
Le club des chialeuses
Nous avons compté la part de réalisatrices dans toutes les sélections du Festival de Cannes 2024 et la parité est loin d’être atteinte ! pic.twitter.com/EMK9PeW8YL
— Collectif 50/50 (@Collectif5050) April 22, 2024